CE QU'IL MÉRITE

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Mathieu était assis sur le bord du lit, ses mains serrées sur ses genoux, le regard fixé sur le sol. Son ton était empreint d'une amertume palpable, mêlée à une frustration profonde. Il cherchait à me faire comprendre sa vision des choses, aussi dure soit-elle.

"Tu crois vraiment que porter plainte va servir ?", répéta-t-il d'une voix rauque. "T'as pas compris que avec la justice, tant que t'es pas morte, c'est pas grave ? Des meufs qui se font frapper, y'en a des centaines."

Son regard se leva enfin pour croiser le mien, ses yeux empreints d'une intensité émotionnelle qui me laissa sans voix. Il ne cherchait pas à minimiser ce que j'avais vécu, mais à exprimer une réalité brutale qu'il avait observée et ressentie.

"Je sais que ça semble injuste", continua-t-il, sa voix chargée d'une colère contenue. "Mais je t'ai vue, Solène. J'ai vu ce qu'il t'a fait. Je vais m'en occuper moi même."

Je sentais le poids de ses paroles, la lourdeur de la situation qui nous entourait. Mathieu n'était pas quelqu'un qui reculait devant la réalité, même si elle était dure à admettre. Sa main chercha la mienne, un geste de réconfort dans la tourmente.

Mathieu ne voulait pas en parler davantage ; il s'est allongé à côté de moi et a commencé à caresser doucement mes cheveux.

L'ambiance était chargée d'émotions contenues. Je me suis rapprochée de lui, cherchant un réconfort dans son contact apaisant. Ses gestes étaient empreints de tendresse et de fermeté à la fois, une expression de son désir de me protéger à tout prix. La nuit nous berce rapidement.

PDV MATHIEU

La rage bouillonnait en moi alors que je rassemblais Moctar, Aladin, Zeu, et Lesram. Nous n'avions qu'un seul objectif en tête : retrouver Antoine et lui régler son compte.

Nous nous sommes retrouvés au point de rendez-vous, la tension palpable entre nous. "On va lui montrer ce que ça coûte de lever la main sur une femme," dis-je, déterminé. Les autres acquiescèrent en silence, chacun ressentant la même colère et la même détermination que moi.

Nous avons roulé jusqu'à l'appartement d'Antoine, nos visages sombres et résolus. Personne ne parlait, l'atmosphère était lourde de ce silence précurseur de la tempête. Une fois arrivés, nous avons échangé des regards, une compréhension tacite entre nous. Nous savions ce que nous avions à faire.

Antoine était chez lui, probablement inconscient de ce qui l'attendait. Nous avons défoncé la porte, nos mouvements rapides et précis. La surprise se peignit sur son visage, mais il n'eut pas le temps de réagir. Moctar et Lesram l'ont attrapé tandis qu'Aladin et Zeu se positionnaient pour empêcher toute fuite.

Je me suis avancé, mon regard fixé sur lui. "Tu croyais la tabassée et t'en sortir ptit fils de pute ?" ai-je craché, ma voix basse mais menaçante. Antoine balbutia quelque chose, mais je ne lui ai pas laissé le temps de finir. Un coup de poing, puis un autre, la rage éclatant dans chaque mouvement.

Les gars ont suivi, chacun lui assénant des coups bien placés. Antoine tentait de se défendre, mais il était largement dépassé en nombre et en force. Nous ne nous sommes arrêtés que lorsqu'il était à terre, incapable de bouger, gémissant de douleur. Que lorsque son visage était méconnaissable.

Malgré le sang qui coulait de ses plaies et son état quasi inconscient, je l'ai attrapé par le col de sa chemise, le forçant à me regarder dans les yeux. "Tu vas dire que tu es désolé," ai-je ordonné, serrant les dents. Antoine, à moitié conscient, a balbutié quelques mots incompréhensibles.

Je lui ai donné une claque pour le réveiller. "Dis-le !" ai-je crié, ma voix résonnant dans l'appartement. Il a cligné des yeux, son visage déformé par la douleur, et a finalement murmuré, "Je suis désolé... je... recommencerai jamais."

Je l'ai lâché, le laissant tomber lourdement au sol. "Tu ferais mieux de ne jamais oublier ce moment," ai-je ajouté d'une voix glaciale. "Parce que si tu touches encore une fois Solène, tu n'auras plus la chance de t'excuser."

Je continuais à frapper Antoine, même lorsqu'il était déjà au sol, inerte et ensanglanté. Chaque coup était une libération de la colère que j'avais accumulée en voyant Solène souffrir.

"Arrête frère c'est bon !" cria Moctar, essayant de m'attraper par le bras. Mais je le repoussai, déterminé à en finir. Aladin et Zeu ont alors dû intervenir ensemble, me saisissant chacun par une épaule pour me tirer en arrière.

"Il va mourir si tu continues," a murmuré Lesram, sa voix sérieuse et alarmée. J'ai jeté un dernier coup d'œil à Antoine, à peine conscient et tremblant de peur. Sa respiration était laborieuse, ses yeux suppliants.

Nous avons quitté l'appartement, le laissant à son sort. Le silence entre nous était désormais apaisé par la satisfaction d'avoir fait justice. Je savais que ce n'était pas la solution idéale, mais parfois, la seule réponse à la violence est une violence encore plus grande.

Je rentrai directement chez moi, le cœur encore battant et les mains tremblantes. Lorsque j'ouvris la porte, Solène se leva précipitamment du canapé, le visage pâle d'inquiétude.

"Mathieu ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?" s'écria-t-elle en voyant le sang sur mes vêtements. Elle s'approcha rapidement, ses mains tremblant légèrement.

"C'est rien, c'est pas mon sang," dis-je en essayant de la rassurer. Ses yeux scrutèrent mon visage, cherchant une blessure cachée. Quand elle comprit que je n'étais pas blessé, elle laissa échapper un soupir de soulagement.

"Merci Dieu... viens, il faut que tu te nettoies." Elle me guida doucement vers la salle de bain. Je pouvais voir qu'elle était soulagée, mais aussi inquiète et perplexe sur ce qui venait de se passer.

Dans la salle de bain, elle commença à me nettoyer avec soin. Ses mains étaient douces et précautionneuses, malgré la situation. Nous étions silencieux, l'ambiance lourde de non-dits. Je savais qu'elle se posait mille questions, mais elle respectait notre tacite accord de ne pas parler de ce qui s'était passé.

"Assieds-toi là," dit-elle doucement, me poussant à m'asseoir sur le bord de la baignoire. Elle prit un chiffon humide et commença à essuyer le sang de mes mains et de mes bras. Ses mouvements étaient précis, presque mécaniques, mais je pouvais voir l'émotion dans ses yeux.

"Merci," murmurais-je, touché par sa sollicitude. Elle ne répondit pas, mais continua à travailler en silence, concentrée sur sa tâche.

Quand elle eut terminé, elle leva les yeux vers moi, son regard empreint de tendresse et de préoccupation. "Viens on va se coucher." Je suivis son conseil et la laissai me guider jusqu'à notre chambre.

Nous nous sommes allongés côte à côte, dans le noir. Solène s'est blottie contre moi, cherchant du réconfort et de la sécurité. Je l'enlaçai, réalisant combien elle comptait pour moi et combien je devais faire pour la protéger sans sombrer dans la violence.

Cette nuit-là, malgré tout ce qui s'était passé, nous avons trouvé un semblant de paix dans les bras l'un de l'autre. Le silence était notre allié, nous permettant de nous reconstruire doucement, loin des tumultes et des affrontements.

CHOUCHOU // PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant