CHAPITRE 1 - OBSCURITÉ

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MATTHEW

L'aube se lève doucement sur Manhattan et ce matin la vie me paraît sombre. Un peu comme une baise avec une inconnue. Chose que je n'ai pas savourée depuis bien trop longtemps.

Je soupire.

Le temps me manque. L'envie de prendre du bon temps, elle, est bien présente, mais à quoi bon. Une entreprise ne peut pas tourner toute seule. Les affaires restent les affaires.

Ce ciel grisonnant et cette pluie torrentielle vont parfaitement avec mon humeur : amère. J'ai le moral dans les chaussettes. Mon jogging est trempé et j'ai envie de baiser. Je parcours les rues du Bronx en effectuant ma course à pied matinale. Je me voyais mal commencer ma journée sur un tapis devant les infos. Je préfère nettement voir la dépression du monde par moi-même et mater quelques culs au passage, me rappelant combien les femmes me font défaut. La pluie qui tombe ferme les visages, rallonge les jupes, couvre les gens. Tous se ressemblent, il n'y en a pas un fichu de se démarquer. Ça me donne presque la migraine.

Les taxis font tache dans ce paysage monochrome, même les New-Yorkaises qui ont, d'habitude, la mode dans la peau, sont habillées pour un enterrement.

Je fais partie de ce groupe qui fait constamment la gueule pour des raisons que nous seuls connaissons. La vie n'est clairement pas rose. Elle est obscure.Ma journée s'annonce aussi chargée et fade que les autres, pas de distractions, pas de plaisirs, que du boulot et de la noirceur. Ces dernières semaines, je n'arrive même pas à trouver du temps pour baiser, c'est pour dire à quel point ma vie est fade.

Aujourd'hui, les rendez-vous vont se succéder et je ne vais pas arrêter de courir à droite et à gauche. Sans compter qu'une réunion m'attend dès que je passerai les portes de mon empire. Show et son équipe doivent me présenter les plans marketing et les designs pour le dossier « N.H ». Madame Walker – directrice de New-Help, une association qui aide les sans-abri – compte sur cet événement pour récolter des dons suffisants dans le but de rénover un bâtiment afin d'en faire un centre. Je suis récemment devenu le parrain de cette fabuleuse organisation. Agatha, ma mère, connaissait Madame Walker et était proche de sa fille, Helena Woods-Walker, dont je n'ai même jamais rencontré les enfants. Ces femmes sont douces, fortes et ambitieuses. Je ne les ai plus vues depuis bien longtemps, mais chaque fois cette vieille dame me fait penser à ma mère. Elles avaient des tas de choses en commun.

Agatha, tu me manques...

Je vire ce sentiment désagréable et accélère ma course. Je n'ai pas le temps de penser à ce genre de choses. Du moins, pas maintenant. Je devrais appeler Lionel pour lui parler des derniers changements à réaliser pour le bal, ou téléphoner à Mark... Une séance pourrait me faire du bien. Quelques coups me feront évacuer tous les ressentiments accumulés ces derniers jours. D'ailleurs, Hunter doit me trouver une nouvelle secrétaire, la dernière a démissionné à cause de ma mauvaise humeur. À croire que je suis si insupportable que ça. Pourtant je souris, parfois. Parfois.

Aujourd'hui, cela fait un an que Sean et Agatha, mes parents ont disparu dans un accident de voiture et que ma sœur a tragiquement perdu une jambe. Océane doit me retrouver dans la journée pour que nous leur rendions visite au cimetière, mais elle passe son temps à faire la fête pour oublier ou à l'hôpital pour sa rééducation et évite tout sujet les concernant.

Elle a grand mal à accepter la perte de nos parents ainsi que celle de sa jambe, mais elle est courageuse et je viens l'encourager à chacune de ses séances, même si c'est douloureux de la voir tant souffrir. Elle a beaucoup perdu, et je suis devenu insupportable, un poil trop protecteur avec elle. Mais c'est ma petite sœur et je ne supporte pas de la voir dans cet état. Elle est forte, toutefois j'ai peur par moment qu'elle baisse les bras.

Obsession Of DarknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant