Chapitre 6

937 18 0
                                    


Trois coups secs frappés à la porte la sortirent de sa torpeur.

- Elife, ouvrez-moi ! ordonna Jessica.

Elle releva brusquement la tête, essuya ses joues d'un revers de main puis se redressa. Fixant la porte, elle était pourtant incapable d'avancer. La jeune fille sursauta quand sa patronne réitéra plus fermement.

- Elife, soyez raisonnable. Ouvrez la porte, je veux seulement vous parler. Dissiper le malentendu...

Elife ne put retenir un glapissement outré. À pas feutrés, elle se rapprocha de la porte.

- Votre mari a essayé d'abuser de moi ! Ce n'était pas un malentendu...

- Justement, il serait plus facile d'en parler en face à face. Toutes les deux, insista doucement Jessica en essayant d'actionner la poignée.

Elife ne savait pas comment réagir. Elle n'avait aucune envie d'affronter Jessica. Ni maintenant, ni plus tard. Mais elle ne pourrait pas rester indéfiniment dans cette chambre...

- Je commence à perdre patience. Ouvrez-moi tout de suite, ou je fais venir un serrurier dans l'heure. Le résultat sera le même, mais entre l'attente et la note salée, croyez-moi, je risque d'être fort mal disposée à votre égard...

Elife était déjà à cran, et les menaces, dont Jessica seule avait le secret, n'arrangeaient rien. Que se passerait-il si elle la laissait rentrer ? Son comportement serait-il vraiment différent de celui qu'elle avait eu avec Atkinson ? Serait-elle capable de laisser aussi son mari la violer ? Les paroles d'Eduardo lui revinrent brusquement en tête : " elle se joindra bientôt aux festivités...". Elife frissonna.

Soudain, un bruit sourd retentit contre la porte. Puis un second. En voyant la porte vaciller, elle fit quelques pas en arrière.

- Eduardo vous propose une troisième option : enfoncer la porte...

Elife n'en revenait pas. Étaient-ils devenus fous ?

- Rappelez-vous que je peux être votre meilleure alliée, ajouta Jessica à travers la porte. Mais si vous obligez Eduardo à défoncer mon mobilier, en plus de l'exciter, vous allez déclencher ma fureur... Et je vous assure que c'est la dernière chose que vous voulez...

Le sang pulsait dangereusement à ses oreilles. Elle était incapable de réfléchir correctement. Les coups contre la porte mettaient ses nerfs à rude épreuve. Pourtant, elle allait devoir faire un choix. Et, à défaut d'options valables, elle devait choisir la moins pire. En repensant au regard sombre et pénétrant d'Eduardo, Elife su qu'elle ne voulait pas avoir affaire à lui...

- Arrêtez ! hurla Elife en voyant les chambranles de la porte trembler à nouveau. Je vais ouvrir. Mais je veux que vous rentriez seule, Jessica.

- Je vous le promets.

Même si elle doutait que la parole de sa patronne vaille encore quelque chose, elle n'avait pas franchement le choix. Prenant son courage à deux mains, elle s'approcha de la porte et fit tourner la clé dans la serrure. Passant la tête par l'entrebâillement, son cœur se glaça lorsqu'elle aperçu Eduardo, qui lui adressait un signe de la main, derrière sa femme.

- Juste vous...

- Juste moi, confirma Jessica.

Cette dernière pénétra dans la chambre, les mains levées en signe d'apaisement. Puis elle referma délicatement la porte derrière elle. Ses longs cheveux noirs encadraient un visage fin, des lèvres généreuses parées de rouge et des yeux noirs pénétrants cernés de khôl.

- Je veux rentrer chez moi, lança immédiatement Elife.

Comme pour donner plus de poids à ses paroles, elle continua à entasser pêle-mêle ses affaires dans la valise.

Entre leurs mainsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant