Chapitre 4

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- Pardon ?! demanda Elife.

En se retournant, elle vit le visage de l'homme à quelques centimètres du sien. Gênée, elle recula. Eduardo se contenta de la fixer avec intensité, sans se départir de son sourire.

- Eduardo, qu'est-ce... ?

Elife ne termina pas sa phrase que l'homme se rapprochait encore. Il posa une main sur son genou et tendit l'autre vers ses cheveux, pour remettre une mèche derrière ses oreilles. Sans réfléchir, Elife le repoussa brutalement et sauta de sa chaise. Eduardo l'imita. De chaleureux et enjoué, il devient prédateur.

- Dis donc, une petite rebelle ? Tu commences à me plaire, la belle au bois dormant...

Elife n'aimait pas la tournure que prenaient les choses. Elle avait déjà vu ce regard sombre et lubrique. Et les choses avaient failli très mal tourner pour elle.

Avalant difficilement sa salive, Elife commença à reculer vers le salon.

- Eduardo, où sont les autres ?

- Tes collègues ? Partis. Depuis vingt-quatre heures déjà.

- Quoi ? Comment ça, " partis " ? s'étrangla Elife.

- Mince, aurait-on oublié de te réveiller hier pour le départ ? répondit Eduardo d'une voix faussement désolée.

Le sourire déplaisant qu'affichait Eduardo la fit frissonner. De quoi parlait-il ?

Elife attrapa le journal du jour sur la table. Il indiquait le 13 avril. Le 13 avril. Leur départ était initialement prévu pour le 12. C'était impossible. Elle ne pouvait pas avoir dormi aussi longtemps. Même sous somnifères, elle n'était jamais parvenue à faire le tour du cadran !

- Qu'est-ce que c'est ce bordel ? s'affola-t-elle.

Elle jeta le journal aux pieds de l'homme et se précipita dans l'entrée. Elle constata que toutes les affaires des convives avaient disparues. Toutes, sauf les siennes.

Accablée, la jeune fille rebroussa chemin.

- Où sont-ils ?

L'homme, adossé nonchalamment au mur, haussa les épaules.

- Je viens de te le dire, ils ont pris l'avion hier après-midi pour rentrer chez eux. Mais toi, la belle aux bois dormant, tu l'as visiblement raté...

Rater le départ ? C'était impossible. Elle l'aurait entendu si une dizaine de personnes, chargées de bagages, avait quitté la demeure ! Ne la voyant pas émerger, quelqu'un serait forcément venu la réveiller !

Tout cela n'avait aucun sens. C'était forcément une blague. De mauvais goût, certes, mais ses collègues allaient surgir dans la cuisine d'un moment à l'autre et se rire du canular, non ?

Pourtant, tout dans l'attitude de l'homme lui disait le contraire. Il semblait se délecter de la situation, avec son sourire de requin et son regard pénétrant.

Le regard d'Elife passa du journal au sol, à sa tasse de thé encore fumante. Le 13 avril. Ses derniers souvenirs remontaient donc à plus de trente six heures... Ses yeux s'écarquillèrent.

- Qu'est-ce que vous m'avez fait ? Vous m'avez droguée ?

- Ne t'inquiètes pas, nous n'avons pas encore abusé de toi, si c'est ce qui te chiffonne...

Loin de la rassurer, les paroles d'Eduardo sonnèrent comme une menace. Ou pire, une promesse. Elife sentit un poids comprimer sa poitrine lorsque l'homme se redressa. D'une démarche féline, il s'approcha d'elle. Maladroitement, elle recula jusqu'à buter contre le mur. Eduardo s'arrêta à quelques centimètres, faisant barrière de son corps.

- Peut-être as-tu seulement abusé de l'alcool ? Une jeune fille fragile comme toi ne devrait pas boire ce genre de chose, répondit-il avec dédain.

Le cœur battant à tout rompre, Elife était terrifiée. Incapable de bouger, elle ignorait comment se sortir de cette situation, avant qu'elle ne dérape complètement.

- Surtout si elle est incapable de contrôler ses gestes après, ajouta-t-il en plaçant son bras à côté de la tête de la jeune fille.

- Eduardo, où est Jessica ?

- Ne t'inquiètes pas, ma jolie, elle se joindra bientôt aux festivités...

Joignant le geste à la parole, Eduardo voulut lui caresser la joue. Mais la jeune fille dévia sa main.

- Qu'est-ce qui vous prend ?! Eduardo, ...

- Chut, laisse toi faire, lui intima-t-il en posant un doigt sur les lèvres.

Cette fois-ci, elle le repoussa rageusement.

- Mais c'est quoi votre probl... ?

Eduardo enserra fermement sa gorge, ne la laissant pas terminer sa phrase. Pétrifiée, Elife fut projetée plusieurs semaines en arrière. A son boulot. Au sous-sol. Avec Atkinson. Quand il était sur le point de la violer.

- Eh bien Elife, tu ne feules plus ? Ne serais-tu qu'un petit chaton ? Je m'en contenterais, s'amusa Eduardo en faisant descendre une main jusqu'à ses hanches.

Si Atkinson avait profondément révulsé Elife, Eduardo, lui, la terrorisait. Son visage, d'ordinaire si beau et doux, était devenu comme ses yeux. Froid. Pervers. Presque animal. Elle qui avait pris des cours de self défense après son agression, maudissait aujourd'hui son incapacité à réagir.

Presque tendrement, l'homme commença à l'embrasser. La joue. Les lèvres. La nuque. Les épaules. Lentement, il glissa une main sous son débardeur. Caressa son ventre. Remonta vers sa poitrine. La détailla du bout des doigts. La seconde main relâcha son cou pour venir soulever sa jupe.

Elife eut l'impression de recevoir une gifle. Enfin tirée de sa torpeur, elle commença à ruer.

- Non ! Lâchez-moi ! Espèce de...

Eduardo l'attrapa par les épaules et la cogna violemment contre le mur. Le souffle coupé, une douleur fulgurante vrilla son crâne, elle sentit l'avant bras de l'homme écraser sa trachée.

- J'adore quand tu montres les dents, mon chaton. Mais il faudra un peu plus que ça...

Suffocante, Elife voyait déjà des points blancs danser devant ses yeux. Mais Eduardo ne relâcha pas sa prise. Bien au contraire. Il profita de son immobilité pour revenir sous sa jupe. D'un mouvement de genou, il s'inséra entre ses cuisses.

Elife ne pouvait plus crier, griffer ou se défendre. L'air parvenait difficilement à ses poumons. Elle suffoquait. S'il devait abuser d'elle, elle espérait perdre rapidement connaissance...

Soudain, un bruit de pneu crissa à l'extérieur. La voiture de Jessica. Surprit, Eduardo se redressa et relâcha momentanément sa prise. Elife en profita pour le repousser et se faufiler sous son bras. Sans demander son reste, elle s'enfuit en courant de la pièce. Remontant les escaliers quatre à quatre, elle traversa les couloirs comme un diable.

Elle arriva à sa chambre haletante et ferma la porte à double tour. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre son souffle. Puis, sous le choc, elle tomba au sol et se laissa envahir par les sanglots.

Entre leurs mainsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant