Chapitre 10

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Tant que vous serez à moi, personne ne vous fera du mal...

A la lueur des derniers événements, cette phrase venait de prendre une tournure bien plus sinistre. Elife avait du mal à reprendre son souffle. Mon Dieu, dans quoi s'était-elle encore fourrée ? Elle payait aujourd'hui sa couardise : si elle dénoncé les agissements de Jessica et de Daniel à l'époque, rien de tout ça ne serait arrivé. Mais qui l'aurait cru ? C'était la parole d'une petite employée contre celle des deux personnes les plus réputées du pays... Quant à démissionner, si elle y avait pensé des dizaines de fois, elle n'avait jamais eu le cran de quitter l'entreprise. Elle ne savait que trop bien comment Jessica aurait écrasé sa réputation d'un seul coup de talon. Et elle ne pouvait pas se le permettre, elle avait travaillé trop dur pour en arriver là....

Passé le choc, Elife fut prise d'une violente envie de se jeter sur la porte. D'y frapper de toutes ses forces et de hurler qu'on la laisse partir. Mais elle ne voulait pas affronter de nouveau Jessica et son mari. Aux aguets, elle se décida enfin à quitter son lit pour traverser la pièce, à pas feutrés. L'oreille collée au battant de la porte, tout semblait silencieux dans le couloir. Elle essaya d'actionner doucement la poignée. Verrouillée. Elle pesta. Bien évidemment, à quoi s'attendait-elle ?

Rapidement, elle se dirigea vers les trois fenêtres. Closes, elles aussi. Reliées à une télécommande électronique, que Jessica avait bien pris soin d'emporter avec elle, elles n'étaient munies d'aucune activation manuelle. Elle eut beau pousser et tirer de toutes ses forces, elles ne bougèrent pas d'un millimètre. Ne se laissant pas abattre, elle entreprit ensuite d'inspecter méticuleusement le moindre recoin de la chambre, puis de la salle de bain attenante. Du sol jusqu'aux plafonds. Elle ne trouva aucune issue, aucun objet susceptible de l'aider.

Elife réalisa alors qu'elle était prise au piège. Si Eduardo et Jessica avaient vraiment décidé de la garder dans cette chambre, elle ne pourrait pas s'échapper. A cette pensée, une vague de panique la submergea. Ses jambes cédèrent. Elle se recroquevilla en position fœtale et laissa couler des larmes d'impuissance.


La fatigue avait dû l'emporter, car lorsque Elife entendit la porte s'ouvrir, il faisait déjà nuit. La lumière qui inonda la chambre la sortit de sa torpeur. Se redressant vivement, elle vit Jessica entrer et poser un plateau sur le bureau. Un simple quignon de pain et un grand bol de soupe. Son premier repas de prisonnière, bien loin des mets élaborés qu'elle avait eu l'habitude de manger ces derniers jours.

- Venez prendre votre repas, lui ordonna Jessica en tapotant la chaise.

- Je n'ai pas faim...

Jessica soupira, irritée.

- Qu'est-ce que nous avions dit sur le fait d'être raisonnable, Elife ?

- Figurez-vous qu'être retenue ici contre mon gré me coupe tout appétit, Jessica ! cracha-t-elle, sans réfléchir.

Trop rapidement, Jessica avala les quelques pas qui les séparaient et la gifla. Sa tête partit en arrière et ses dents s'entrechoquèrent.

- C'est Madame ! Et à chaque manquement, ça sera une gifle. Peut-être imprimerez-vous ainsi plus facilement cette notion de respect ?

Sous le choc, Elife massa sa joue brûlante. Visiblement, elles étaient parties du mauvais pied, et la jeune fille ne voulait en aucun cas revivre la scène de l'après-midi. Se montrer docile lui ferait sans doute gagner du temps et lui apprendrait au moins à quoi s'en tenir.

- Qu'est-ce que vous attendez de moi exactement, Jessi...Madame ?

Elle s'était reprise à temps, en voyant la main de Jessica se lever à nouveau. Satisfaite, sa patronne sourit.

Entre leurs mainsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant