Je me suis posée dans un café pour établir un plan. Bien évidemment, toutes mes affaires sont restées dans la chambre d'hôtel alors j'ai acheté un bloc-notes et un pauvre stylo dans une boutique à la con.
J'ai toujours été comme ça. Je note tout. On peut pas dire que je sois méticuleuse à ce point, mais je ne suis absolument pas experte dans ce domaine. J'ai fait en sorte de partir de Paris avec des connaissances, mais ça n'a pas été de tout repos.
Je bois une gorgée de café.
Je replace ma casquette sur mon front et inspire profondément. Si ma mère savait où j'étais, je pense qu'elle ferait une syncope. Je devrais être à la réunion de ma fac, celle qui explique comment le dernier semestre du M2 allait se passer.
De toutes façons je m'en fous, ça n'a aucune importance.
Ma respiration fait de la buée et je meurs de froid. La région parisienne est plongée dans un vent glacial. Quand je suis décidée, je m'avance dans la résidence.
Je ne suis pas spécialement choquée par l'insalubrité des lieux que je peux voir. Et même si on peut dire que je viens des beaux quartiers, je sais comme tout le monde que Saint-Denis n'est pas la ville la mieux lotie du grand Paris.
Après quelques minutes, je suis rentrée dans ce complexe de bâtiments mal fichus, mais dans lesquels les gens qui tiennent un certain type de commerce y trouvent un intérêt. Derrière l'immeuble qui cache de la route principale, à l'abri des regards, il y a plein de jeunes de touts horizons qui "zonent" ici et là.
Je m'avance vers celui qui m'inspire la plus grande sympathie. Un jeune qui a l'air d'être un peu plus vieux que moi, habillé d'un coupe-vent noir, d'un jogging épais et d'un bonnet discret. Il est en train de se rouler un joint en ricanant avec ses amis, parlant de tout et de rien.
-Sa... Salut...
Les jeunes redressent la tête vers moi. Je pense que si les médias avaient raison, ils m'auraient sauté à la gorge pour me dépouiller de tout ce que j'ai. Mais ils restent calme.
-Combien ?
Je secoue la tête en me mordant l'intérieur de la lèvre.
-Je... Je veux rien acheter.
-Bah... Bouge, alors.Ses amis rigolent et mon interlocuteur finit son joint avant de se l'allumer. Il fait tellement froid que je peux sentir la chaleur de la flamme de son briquet d'où je suis.
J'inspire profondément. Si je ne prends pas de l'aplomb maintenant, je n'arriverai à rien.
-Je sais ce que vous faites.
Le gars se redresse et se dirige d'un pas assuré vers moi, les yeux plein de colère. Quelques secondes plus tard, il me surplombe comme pour me menacer.
-Qu'est-ce que tu cherches, hein ?
-J'ai besoin d'aide.Je ferme les yeux de peur de me prendre un coup. Mais le jeune ne bouge pas. Ses amis nous encerclent. Je me mets à fouiller frénétiquement dans la poche de ma doudoune et en sors une liasse de billets.
-Je vous paye 2000 euros. Apprenez moi à me battre. S'il vous plait.
L'homme cale son stick dans sa bouche, saisit les billets et se met à compter. Puis envoie un signal à ses amis. Tout le monde se met à rigoler et à se détendre. Ils finissent par se rassoir sur les marches devant l'immeuble.
-C'est pas plus judicieux d'aller prendre des cours de boxe à Basic-fit ?
Celui a qui j'ai donné les billets à une bonne tête. Il est plutôt mignon et a un beau sourire qui ressort derrière sa barbe noire. Je secoue la tête, un peu plus détendue.
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The Day When I Met Butcher And The Boys
FanfictionVought et tout l'univers que cette entreprise s'est créée est comme une sorte de téléréalité nulle. Enfin, je veux dire. Comment des connards en leggings moulant nous font croire qu'ils vont nous sauver ? Enfin, dans mon cas, c'est plutôt le contrai...