Canada Blues 3

Jeudi 14 juillet 2016 / 2

Un étrange bourdonnement envahit mes oreilles, qui n'étaient pas certaines d'avoir bien entendu. Une drôle de sensation, entre l'excitation et la désinvolture, traversa mes muscles qui me semblèrent avoir perdu toute consistance. Je reculai, comme si la peau de Dan m'avait brûlé.

- Qu'est ce que tu viens de dire ? Soufflai-je.

- Tu as entendu, murmura Dan en cherchant mon regard qui devait présentement briller de démence.

Je secouai la tête avec force, tandis qu'une incompréhensible colère faisait trembler mes mains.

- Est-ce que c'est un jeu pour toi ? Ça t'amuse ? Lançai-je avec humeur. Pourquoi tu me fais ça ?

Dan haussa les sourcils, ancrant son regard déterminé dans le mien.

- Souviens toi à qui tu t'adresses. Et dis moi s'il m'est arrivé, rien qu'une fois, de m'amuser à tes dépens. Ce n'est plus un jeu dès que ça te concerne.

Il prit ma main dans la sienne et la serra, diffusant sa chaleur jusque dans mon épaule. Puis il la porta à ses lèvres et embrassa chacun de mes doigts avec légèreté.

- Je t'aime, Alie. Encore et toujours, chuchota t-il.

Je ne savais plus comment je m'appelais. Mon cerveau refusait d'enregistrer cette incroyable, inattendue, imprévisible, merveilleuse information. Dan...m'aimait... ? Venait-il vraiment de prononcer ces mots qui m'avaient rendu tellement heureuse quelques années auparavant ? Était-ce un rêve ? Allait-il se transformer en cauchemar quand je me rendrais compte que cette scène surréaliste n'existait que dans mon imagination ? Parce que tout cela n'avait aucun sens. C'était tout bonnement impossible.

Je secouai une nouvelle fois la tête, comme pour éloigner les pensées qui m'assaillaient.

- Comment tu..., balbutiai-je,...c'est impossible. Pas après ce que je t'ai fait. Pas après les mensonges. Tu...

- Ce n'est pas ça que je retiens, m'interrompit-il, ni les mensonges, ni le manque, ni les années qui ont passées. Ce que je retiens, c'est ce que nous avons vécu, ce que je ressens quand tu es avec moi. Alie, je veux reprendre là où on s'est arrêté. Je veux qu'on se redonne une chance. Laisse nous une seconde chance, ajouta t-il plus doucement en passant une main dans mes cheveux détachés.

Mon cœur battait si vite qu'il était à deux doigts de lâcher. Je cherchai désespérément de l'air, sur le point d'étouffer. Le regard incandescent de Dan me clouait sur place, me rappelant l'intensité avec laquelle nous avions vécu. Pouvais-je me laisser aller à son étreinte ? Accepter ses caresses et ses câlins ? J'en mourrais d'envie. Mais, une fois encore, la peur et la culpabilité me rattrapèrent.

- Je... je ne sais pas quoi te dire. Je ne peux pas... Je...

- Princesse, écoute moi, je t'en prie, plaida t-il encore, ses doigts enchanteurs parcourant toujours ma peau. Je sais à quoi tu penses. Je sais que du temps a passé et que quelqu'un nous attend à la maison. Mais je sais aussi autre chose. Tu es la chance de ma vie, celle que j'ai toujours attendue et que j'attendrais toujours. Alors je ne compte pas lutter. Je ne lutterais pas contre mes sentiments pour toi. Ils ne s'effaceront jamais. Il n'y a qu'à tes côtés que je me sens capable de vivre, de construire, de vieillir. Je ne te laisserais pas t'enfuir. Je ne te laisserais pas retourner auprès de lui. Ta place est à mes côtés. J'ai cru pouvoir tourner la page, mettre notre histoire de côté à défaut de vouloir l'oublier. Je le croyais jusqu'à ce que tu réapparaisses devant moi ce week-end. Je n'ai jamais ressenti une telle chose. Comme si je retrouvais enfin mon chemin après des années d'errance. Mon amour, c'est avec toi que je veux passer le reste de ma vie. Tu es mon âme sœur, Alie. Rien ne sera plus possible sans toi. Je t'en prie, continua t-il en prenant mon visage entre ses mains, aime moi. Aime moi encore, Princesse. Je ne peux pas vivre plus longtemps sans toi.