Je Te Retrouverai

1

Je ferme doucement la porte avant de descendre les deux marches qui me séparent du sol. Je vérifie que tous les sacs en plastique dont j'ai besoin se trouvent dans mon sac et je commence ma route. Je dois me rendre au centre-ville chaque semaine pour faire les courses quotidiennes. Ce n'est peut-être pas l'activité la plus captivante, mais je n'ai pas vraiment le choix. Ce n'est pas comme si la voiture marchait encore ! J'apporte toujours mon bloc-notes où j'écris tout ce dont j'ai besoin. J'ai toujours eu du mal à me souvenir des choses les plus importantes. Les docteurs n'étaient pas d'une grande aide non plus.

- Elle a juste besoin d'écrire dans un carnet, et elle pourra le regarder quand elle le voudra.

Il disait toujours la même chose, et maman lui posait toujours la même question.

- Que va-t-elle faire pour l'école? Pour ses examens?

Le docteur restait silencieux et finissait par dire qu'il pouvait peut-être trouver un traitement. Les maladies et les problèmes rares, restent rares.

***

Plus j'avance, plus les hautes herbes diminuent à vue d'œil. Je marche souvent sur le petit chemin de fer pour les éviter. Des bouts de vieilles ferrailles traînent un peu partout, la plupart sont pointus. La dernière fois, je ne m'étais pas raté et je ne compte pas me refaire la même chose.

Quelques minutes plus tard, j'aperçois enfin les petites tours d'anciennes compagnies industrielles. La plus grande trône au milieu et est la moins abîmée. On peut encore entrevoir les lettres G, R, E, E et N de haut en bas. Celle-là devait sûrement se nommer « GREEN », pas très original.

Bref, j'ai des choses plus importantes à faire que d'observer une ville en ruine depuis plusieurs années. Je lis les premiers éléments de ma liste avant de me diriger vers la petite épicerie. Je dois alors passer à côté de l'immense bâtiment qui appartenait à la compagnie que j'ai vue plus tôt. J'observe le grand mur noir couvert de lignes vertes, avant de remarquer des gravures rouges. Elles sont quasiment toutes pareilles et indiquent la même phrase : « 2008 = fin ».

Je reste figée devant ces mots gravés avec colère, peur et folie. Une petite larme coule le long de ma joue. Cette date, elle est encore sur le calendrier dans la chambre de maman, c'est quelque chose que je n'oublierai jamais.

***

Je ressors du magasin avec deux sacs remplis de diverses nourritures et les range dans mon sac. Je vérifie ma liste et me dépêche de me rendre à ma prochaine destination. Cette fois-ci, je dois trouver quelques outils dont j'ai besoin, rien de très compliqué. Il faut juste qu'ils ne soient pas trop rouillés ou brisés, mais normalement tout devrait être en bon état dans l'ensemble. Si je veux continuer à réparer le petit train manuel, je dois m'équiper correctement. Plusieurs pièces sont requises, ainsi que des outils plus faciles à manier pour une enfant comme moi.

Lorsque je finis ma course, je marche rapidement en direction de la maison. Si je veux arriver avant midi, il faut que j'accélère le pas. C'est long d'entretenir une habitation en plus de soi. En plus, si je veux avoir tout l'après-midi pour mon projet, mon temps est limité.

Un mouvement attire mon attention et je tourne la tête. Il n'y a rien à l'horizon. Enfin, pourquoi y aurait-il quelqu'un ? Je repars sans voir l'ombre qui m'observe derrière moi.