Comme tous les samedis, Joseph et Madeleine Duranque se rendaient chez leurs amis de longue date. Arrivés en bas du bâtiment, ils cherchèrent le nom de Rolzar pour sonner. L'interrupteur était ancien mais celui de leur voisin venait d'être changé, surement des nouveaux. Ils auraient tout le temps d'aborder le sujet installé confortablement devant un bon repas. Ils prirent l'ascenseur, leurs jambes fatiguées par l'âge les auraient retardés dans l'escalier. Suzanne les salua chaleureusement suivi de près par son mari Félix. Ils s'installèrent tous ensemble autour de la petite table de la salle à manger et madame Rolzar servie du bon vin. Joseph entama la conversation sur leur supposition.
-Alors les amis, de nouveaux voisins ?
Ce fut Félix qui répondit avant de se faire réprimander par sa conjointe d'une tape sur l'épaule.
-Ne nous en parle pas. De vrai chenapans !
- Chéri ça ne se dit pas !
- Mais c'est vrai ! Ces fripons font du grabuge toutes les nuits à inviter sûrement tous leurs amis et à mettre le volume de la musique à fond. Encore hier, ça a duré jusqu'à trois heures du matin.
-Vous avez tenté de leur en parler ? C'est Madeleine qui ce fit l'avocat du diable.
-Ah ça non! Mais s'ils se contentaient de nuire à nos nuits, nous comprendrions. Ils sont jeunes, nous devions bien faire pareil à leur âge mais ils abiment aussi nos logements. Encore ce matin j'ai trouvé leur poubelle dans les escaliers pendant qu'ils griffonnaient à la bombe sur la devanture laissant une trainée nauséabonde derrière eux.
-Ce que mon mari veut dire, c'est qu'ils ne respectent ni les gens, ni le matériel.
-Et encore moins nous! Etant les doyens de l'immeuble, ils nous prennent pour un super marché. Au moins une fois par semaine, ils sonnent à notre porte pour demander des œufs, du lait ou même un balai. J'ai bien refusé quelques fois, mais ils sont malins, et ils viennent demander à Suzanne qui est bonne poire dès que je vais chercher le pain à la boulangerie.
-Je ne vais quand même pas refuser de tendre la main à des personnes qui me demandent de l'aide.
-Quand c'est récurrent, si. Elle a même accepté qu'ils viennent regarder leur match de foot chez nous car leur écran aurait été cassé. Ils ont ramené une bande de copain et renversé de la bière sur le canapé. Ils ont même eu le toupet de nous demander de sortir de notre propre chez nous pour être plus tranquille. Ce sont de vrai petits merdeux ! A se demander comment ils ont été élevés et comment les parents eux mêmes ont pu être éduqués !
Madeleine intervint pour leur trouver des excuses:
-Disons qu'ils n'ont pas eu une éducation comme nous en avions à notre époque. La règle en fer sur les doigts ou le chewing-gum dans les cheveux ne les a pas éduqués.
-Madeleine, ma chérie. Je sais que tu veux voir le bien chez tout le monde mais il est vrai qu'il serait temps qu'ils apprennent le respect. Tu ne peux pas comprendre le cauchemar que nos amis vivent puisque nos voisins sont silencieux et propre. D'ailleurs c'est presque étrange tant ils sont parfaits.
-Joseph, mon ami. Tes voisins ne peuvent qu'être irréprochable étant donné que vous n'en avez pas. Vous habitez dans une maison, perdu au fin fond de la campagne, à côté d'un cimetière.
-Peut être. Mais toi, tes voisins, ce sont tes petits enfants !
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Recueil De Spores
Short StoryCourt texte pour explorer et réfléchir en passant par de simple texte ou bien des récits.