Chapitre 1

81 15 66
                                    

Spencer

Présent

Je regarde l'invitation posée sur mon bureau. Gala de charité Hôpital Bellevue de Philadelphie . Je soupire lourdement, j'aime cet institut de tout mon cœur, mais une soirée à serrer des mains, à parler business m'épuise d'avance. Je dois faire un effort, c'est pour la bonne cause.

Malheureusement ce qui s'affiche sur mon téléphone m'épuise encore plus.

Maman ...

- Tu es bien matinale maman ...

- Mon chéri comment tu vas ? Tu as revu la fille des Paulson ?

Je savais que je n'aurais pas dû décrocher. Ma mère cherche à me caser à tout prix, à tel point que ça en devient oppressant, je n'ai ni le temps ni l'envie de partager ma vie avec une femme et encore moins avec la fille des Paulson, amis de mes parents, qui bien que gentille est vide de tout intérêt et superficielle à l'excès. Je connais son discours d'avance, c'est une fille de bonne famille, elle est belle, elle est avocate, le curriculum vitae parfait pour être l'épouse parfaite selon les exigences de mes parents. Bonjour le bon dans le passé avec ses tentatives de mariage arrangé.

- Tu peux arrêter avec ça ? Je t'ai dit mille fois que je suis bien seul, que je ne veux pas de compagne et que tu dois arrêter de me prendre la tête. Je me pince l'arête du nez, mes coudes fermement posés sur mon bureau, avec l'espoir de me calmer et de ne rien dire de stupide. Mes nerfs vont lâcher.

- Mais elle est parfaite, Il faut tourner la page Spencer ça fait deux ans.

Qu'est ce que je disais... Je soupire sans retenue pour qu'elle entende, merde elle me fait chier, il est à peine huit heure et la voilà déjà sur mon dos.

- Maman ! Stop maintenant c'est toi qui ne tourne pas la page ! Pour moi elle était tournée depuis bien avant l'accident. Donc si tu pouvais mettre de l'énergie dans autre chose que ça, ça soulagerait tout le monde. Sur ce je raccroche.

Je jette mon téléphone sur mon bureau et m'affale sur ma chaise. Cette femme va me rendre fou. Je desserre ma cravate, ouvre le premier bouton de ma chemise et passe ma main dans ma nuque pour essayer de me détendre. Si elle continue, c'est dans un asile que je vais finir.

A quel point ça serait grave si je partais sur un coup de tête m'enterrer sur une île déserte, sans réseau, plantant mes obligations familiales, mon appartement trop grand, mes parents, les démons du passé ? Sur une échelle de un à dix je dirais neuf. Mais est ce que la terre s'arrêterait de tourner ? Non évidemment que non. Tu n'es personne pour personne Spencer.

- Monsieur Jacobs, le docteur Sato est en ligne.

Ma secrétaire me tire de mes pensées. Je prends l'appel et discute une bonne demi-heure avec lui d'une nouvelle commande de matériel de dernière technologie. Mon entreprise est pionnière dans ce domaine et l'hôpital de Philadelphie est notre plus gros client. Nos machines s'exportent à l'international et l'affaire familiale est un succès. Un jour je serais sûrement à la tête de tout ça, quand mon père prendra sa retraite, et cette idée d'avoir encore plus de responsabilités ne m'enchante pas. J'ai toujours rêvé de tranquillité mais j'aime cette entreprise, surtout ses employés, plus que tout, qui sont tous incroyables et dont j'aime connaître les histoires.

Quand mon père m'a nommé pour diriger le bureau je me suis promis d'améliorer leurs conditions de travail, de faire en fonction d'eux et de leurs vies et pas l'inverse. Et depuis notre productivité décolle. J'ai vite compris à la différence de mes prédécesseurs que mieux nous traitons nos employés mieux notre entreprise se porte. De toute manière, je ne me voyais pas fonctionner autrement. Ces gens sont une deuxième famille, je passe plus de temps avec eux qu'avec n'importe qui d'autre.

En un Battement de cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant