Exercice 5 : Spectacle

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Cet exercice est également très simple mais peut être compris dans un millier de sens (comme vous pourrez le constater dans mon exemple). 

Le but est très simple : réaliser un texte avec un spectacle. Il doit y avoir un spectacle qui apparait dans votre histoire. 

Vous pouvez le constater les limites sont très vagues alors amusez-vous juste en tentant d'écrire le texte. 

Si vous souhaitez plus de contraintes, n'hésitez pas à rajouter des mots à glisser (comme dans l'exemple). 

!!Discaimer : Cette histoire est un peu trash vers la fin et parle de quelques sujets sensibles (suicide et perte d'êtres chers). Ne lisez pas si vous y êtes sensibles...) 

Exemple : "Théâtre des Cauchemars" (Ceci est un texte que j'ai, personnellement, beaucoup apprécié écrire car j'ai eu une bouffée d'inspiration (qui semble assez loin du thème au final mais tant pis)). 

Ma sœur avance doucement à mes côtés, un sourire aux lèvres.
Je ne l'avais plus vue aussi heureuse depuis un paquet d'années.
Je ne l'avais probablement plus vue depuis un paquet de temps, tout simplement.
Depuis le jour sans doute.
Oui.
Ce doit être ça. Depuis LE jour.

Et dire qu'il suffisait qu'on se rende ensemble au théâtre du parc voisin pour lui rendre un éclair de vie.
Si j'avais su j'y aurais été plus tôt. Évitant ces longues journées où elle restait enfermée dans sa chambre, refusant de me regarder ou de me parler.
À vrai dire, je ne pouvais que comprendre sa détresse.
Mère était très importante pour elle. Bien plus importante que pour moi.
Malheureusement, c'est moi qui avait hérité de tous les traits physiques de Mère. Ses yeux. Ses cheveux.
Moi. Pas ma sœur. Moi.

Elle râlait souvent lorsqu'elle me voyait.
Murmurant des petites paroles de colère où elle pallabrait sur le fait qu'étant un mec, j'aurai dû hériter des traits de notre père et non pas l'inverse.
Mais au fond, je pense qu'elle m'aimait bien.
Malgré cette jalousie constante envers mes traits.

Sauf que tout a changé et mon apparence n'est plus devenue source de jalousie mais bien d'horreur et de tristesse.
Je secoue la tête. Il n'est pas utile de ressasser toutes ces sombres pensées.
Ma sœur est maintenant avec moi et me serre la main, son petit sourire toujours flottant sur son visage.
La queue avance rapidement et nous permet finalement de gagner le hall du théâtre où une violente odeur de moisi vient me brûler le fond de la gorge, faisant perler quelques larmes.
Je cligne rapidement des yeux afin de les chasser.
Ma sœur ne fait mine de rien. Elle n'a aucune réaction face à cette terrible et épouvantable senteur.
Peut-être que je suis le seul à la sentir. Que je n'ai fait que l'imaginer. Après tout, ce théâtre sentait toujours très bon grâce aux milliers de fleurs éparpillées dans tout le hall.

Il méritait bien son nom, ce théâtre.
Le Théâtre Fleuri.
Ma sœur presse légèrement ma main et m'indique qu'elle doit aller aux toilettes.
Je lui rends sa légère pression et l'accompagne.
Elle disparaît derrière la porte des toilettes pour filles et je m'adosse à un mur afin de l'attendre.

Le souvenir de son cri de joie lorsque je lui ai proposé de revenir ici me fait tourner la tête.
J'étais passé devant sur le chemin du retour et le spectacle m'avait alors sacrément tenté.
J'ai immédiatement pris deux tickets, dans l'espoir qu'elle accepte ma proposition et je suis rentré à grandes enjambées, mes semelles claquant contre les pierres du trottoir plus fort et plus vite que d'habitude.

Pour la première fois depuis le jour, j'ai découvert Annie qui était installée dans le canapé.
Elle engloutissait un bol de céréales, les yeux perdus dans le vague.
Lorsqu'elle avait entendu la porte claquer, elle avait redressé la tête surprise et m'avait interrogé sur les raisons de ma présence.
Je lui ai rappelé que je rentrais toujours du travail à cette heure-ci. Ce à quoi elle avait osé répliquer qu'elle savait très bien mais que jamais je ne la voyais d'habitude.
Mon visage a dû refléter mon trouble car elle s'est immédiatement décalée afin de me permettre de m'installer à ses côtés.
Je lui ai alors tendu un billet, lui demandant si ça la tentait.
Un éclair fugace et indescriptible avait alors traversé son regard mais elle a acquiescé avec une joie immense sur le visage.

Sa voix me ramène à la réalité.
Elle tape du pied à mes côtés et me questionne sur où j'étais.
Dans une autre sorte de Théâtre que je réponds.
Le Théâtre de mes souvenirs.
Je lui fais un clin d'œil avant de me précipiter vers la salle qui nous attend patiemment, son grand rire résonnant dans les couloirs.

Elle s'installe sur l'un des fauteuils, la salle est entièrement vide, ce qui me semble d'ailleurs étrange.
L'odeur qui y règne est absolument irrespirable, on dirait presque que quelqu'un est mort ici et en train de pourrir, grignoté par la pourriture.
J'annonce que je vais chercher des bonbons, le souvenir des fleurs-bonbons du Théâtre me faisant saliver d'avance mais ma sœur m'arrête, jurant que c'est inutile. Que le magasin sera fermé.

Elle me pousse dans un fauteuil, toujours avec son grand sourire.
Je remarque alors que ses yeux sont toujours voilés d'une immense tristesse que je ne comprends pas. Ce regard qu'elle me jette me fait frissonner et j'ai presque l'impression que mon squelette entier frémit.
Elle me dit de me taire et se réinstalle dans son fauteuil, son sourire léger à présent disparu.

Une macabre musique d'harmonica discordant s'élève alors dans le théâtre.
Les lumières s'éteignent absolument toutes.
L'odeur de pourri augmente encore et je dois retenir de puissants hauts-le-cœur qui manquent de me faire étouffer.
L'odeur a attaqué ma gorge et la tient en étau.
J'étouffe.
Ma sœur garde le regard fixé sur la scène, ne me prêtant aucune attention.
Personne dans la salle ne peut m'aider. Simplement car il n'y a vraiment personne d'autre dans la salle.

Une fumée verte presque fluorescente commence à glisser le long de la scène et une barque s'avance.
L'odeur m'agresse une nouvelle fois, m'arranchant des larmes.
Un homme se tient dans la barque.
Un long bâton à la main.
Il avance vers moi. Quitte la scène. Flotte dans l'air.
S'avance. Me tend sa main.
Une main osseuse.
Un mot résonne, au fond de ma tête.

- Viens.

J'hésite avant de remarquer que ma sœur, qui évite toujours mon regard, est déjà assise à l'arrière de la barque.
J'attrape alors sa main. Une main rugueuse. Glaciale. Osseuse.
Il m'attire dans sa barque avant de faire demi-tour avec ma sœur et moi.

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La cheffe de police détruit la porte du vieux Théâtre Fleuri abandonné.
Cela fait des années que les gens l'évitent.
Depuis le terrible accident qui s'y est déroulé.
Une mère et sa fille embrochées par la chute d'un lustre, ne laissant qu'un malheureux fils et frère qui a pourtant continué une vie parfaitement normale.
Pourtant, il y a deux semaines environ, des gens ont signalé la présence d'une ombre rôdant autour du vieux bâtiment, à présent délabré et envahi de pourriture.
Personne n'avait décidé de prendre l'avertissement au sérieux jusqu'à ce que l'odeur de pourri qui commençait à émaner du théâtre soit devenue trop insistante, arrachant des larmes aux passants.

Voilà comment elle se retrouvait dans cette position, se faufilant dans le Théâtre du Cauchemar comme on l'appelait à présent.
Voilà comment elle se retrouvait dans cette position, obligée de se fier à son nez agressé par la mauvaise odeur afin d'en trouver la source.
Voilà comment elle allait bientôt découvrir le lustre éventré au sol, toujours couvert du sang de la mère et de la fille.
Voilà comment elle allait bientôt découvrir le nouveau lustre qui pend au plafond du Théâtre.
Voilà comment elle allait bientôt découvrir le fils, le frère de ces deux mortes tragiquement.
Voilà comment elle allait bientôt découvrir la scène qui donnera au Théâtre Fleuri, le surnom de Théâtre des Cauchemars.
Voilà comment elle allait bientôt découvrir la scène finale du spectacle macabre qu'a dû vivre cette famille et qu'a accueilli ce Théâtre à présent délabré.

Comment travailler sa plume ~ recueil d'exercices d'écritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant