VII

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Le réveil de Gabriel retentit dans la grande pièce dans laquelle il dormait. Il appuya paresseusement sur son téléphone pour faire cesser son alarme qui résonnait dans sa tête comme le retentissement répétitif et désagréable d'une casserole. L'alcool qu'il avait ingéré la veille lors de la fête faisait cet effet et c'était bien la première fois qu'il avait autant bu.

Gabriel sentit son estomac se retourner, il courut alors vers sa salle de bain pour finir la tête au-dessus de ses toilettes et extraire ses tripes. Après ce moment désagréable, il rinça sa bouche et se regarda dans le miroir. Il était pâle et des cernes sous ses yeux venaient faire un contraste sombre. Il avait passé une sale soirée.

Après les menaces de Jordan, Gabriel était retourné à l'intérieur et s'était mit à boire comme s'il était assoiffé depuis des années pour ne plus penser à cette altercation qui l'avait chamboulé. Il ne voulait pas y penser.

Le jeune homme soupira. Il se dit qu'il devait arrêter de se mettre dans des états pareils pour un homme qui, par principe, ne l'interessait pas. Du moins, c'est ce qu'il essayait de se convaincre.

Malgré lui, Jordan était beau garçon, et ça ne laissait pas Gabriel sans effets. Oui, Gabriel était tout de même attiré par cet homme qui était son amant le temps d'une nuit adolescente et qui était devenu un adversaire politique redoutable et arrogant au plus haut point. Il se sentit presque honteux de se sentir comme ça, mais il n'y pouvait rien.

Gabriel avait des sentiments mixtes.

Il détestait Jordan et pourtant il aurait aimé ne pas, il aurait aimé que la situation soit différente, hélas c'était hors de son pouvoir de changer leurs fonctions politiques ou de changer le passé dans l'espoir que les deux jeunes hommes aurait mené une vie ensemble, plus tranquille et amoureuse. 

Gabriel sentit une vague de tristesse l'envahir. Pourquoi la vie devait être aussi compliquée? Et pourquoi ne pouvait-il pas contrôler ses émotions? Des questions sans réponses.

Aujourd'hui était un unique et rare jour de repos, et Gabriel en avait grandement besoin en vu de son état. Il traina ses pieds jusque sa cuisine pour se préparer un bouillon ainsi qu'un Efferalgan pour faire passer sa nausée et son mal de tête. La journée promettait d'être rude.

Soudain, quelqu'un toqua brusquement à la porte. Gabriel sursauta puis couru vers sa chambre et se dépêcha de se vêtir avec quelques habits laissés par terre. Il se posta ensuite devant sa porte d'entrée, mais regarda d'abord à travers l'oeillton de la porte. Son estomac se retourna de nouveau.

Jordan.

Devant sa porte.

Gabriel ne comprenait pas. Comment Jordan a-t-il eu possession de son adresse? Que faisait-il là sur son pallier? Il voulait presque vomir d'angoisse.

"Ouvre moi, Gabriel, je sais que tu es là." lança Jordan, se rapprochant un peu plus de la porte.

Jordan toqua à nouveau.

Gabriel était désemparé. Il ne savait pas quoi faire.

"Gabriel, s'il te plaît."

Jordan retoqua une énième fois, puis, il tourna la poignée de la porte et entra, cette dernière n'était pas fermée à clé.

Jordan se trouva face à un Gabriel en état de quasi-choc, comme un chevreuil face à une voiture. Il n'osait pas bouger d'un centimètre et avait sa respiration coupé. Jordan ne le prit pas en compte et ferma la porte derrière lui. Le plus grand regarda Gabriel, qui n'avait pas encore sortit un seul mot.

"Oui, je sais, c'est bizarre que je sois ici vu la conversation qu'on a eu hier, mais je te prie de m'écouter." 

Gabriel était encore déboussolé, mais il se laissa emporter quand Jordan mit une main au haut de son dos pour le guider vers son canapé. Jordan le fit s'assoir puis il s'assit à son tour, fixant le plus petit d'un regard presque empathique.

"Tu sais, je ne voulais pas te parler comme ça hier. Dans l'ombre, il y avait deux autres personnes de mon parti qui me surveillaient pour voir si je tenais ma promesse de te menacer ainsi, ils sont au courant de notre petite relation passée et ils en jouent. Ils veulent me discréditer au sein de mon parti. J'étais obligé d'agir comme je l'ai fais, et je tiens à te présenter des excuses." s'expliqua Jordan en baissant un peu la tête.

Gabriel fronça des sourcils. Il ne pouvait croire un seul mot que Jordan venait de lui dire, il ne lui faisait aucunement confiance, et pourtant, son cœur son réchauffa.

"- En réalité, j'ai toujours pensé à toi, et je regrette comment j'ai pu agir dans le passé, je te le promets.

- Tu mens, fit finalement Gabriel avec une voix faible.

- Je sais que ça peut paraître mensonger et je ne sais pas comment te faire croire le contraire, tout ce que je peux dire c'est que je dis la vérité.

- Sors de chez moi, pitié, c'est déjà assez dur comme ça, je veux pas entendre tes mensonges ou quelconques justifications, juste pars...

- Gabriel...

- SORS ! cria Gabriel en se redressant de son canapé.

- S'il te plait..."

Gabriel serra le point et pointa la porte de son autre main sans un mot, mais Jordan ne voulait pas partir. Le plus grand tenta de poser sa main sur la joue de Gabriel mais ce dernier le repoussa. 

"- Gabriel il faut que tu me croies.

- Je ne sais pas à quoi tu joues et je ne veux pas savoir, alors soit tu sors soit j'appelle la police, Jordan, c'est mon dernier avertissement."

Le jeune président de parti n'en fit pas plus. Il se leva pour se diriger vers la porte sans être accompagné par l'hôte de l'appartement. Jordan se retourna avec une lueur de tristesse dans ses yeux dans l'espoir que Gabriel le laisserait se justifier, en vain. Il ouvrit la porte puis partit en silence.

Lorsque la porte se referma, Gabriel poussa un cri de frustration et tapa partout où ses mains atterrirent. Il fit tomber chaises, verres, lampes, rien n'était en sécurité. Il saccagea pratiquement tout sur son passage avec des larmes coulant le long de ses joues. Il hyperventilait et continuait son carnage à travers son salon.

Après quelques instants, il finit par se calmer et se rassoir, en pleurant sans pouvoir s'arrêter. La situation était insoutenable pour le jeune homme. 

Comment Jordan pouvait-il oser pointer le bout de son nez à son domicile en essayant de s'excuser, alors que la veille il le menaçait de se faire tabasser? Jordan ne réalisait-il pas à quel point il était destructeur? N'avait-il aucun principe?

Ce qui devait être un jour de repos finit par être un énième jour de consommation d'alcool.

Gabriel commençait à dégringoler la pente vers l'alcoolisme et la dépression, sans pouvoir se sauver lui-même.


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Ebat politique - jordan bardella x gabriel attalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant