Chapitre IV : La Vérité des Anciens

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La demeure de Margaret se dressait à l'orée du village, une silhouette lugubre et solitaire se découpant sur l'horizon. Ses murs noirs, rongés par les années, semblaient absorber la lumière du jour, renvoyant une obscurité palpable et oppressante. Le chemin qui y menait, sinueux et étroit, s'éloignait de la route principale de Plymouth.

À mesure qu'ils approchaient de la demeure, une sensation de malaise rampait en eux, une inquiétude sourde et inéluctable. La maison de Margaret semblait imprégnée d'un passé presque tangible. La lumière dorée du soleil teintait les murs de bois vieilli d'une lueur spectrale, révélant des fissures et des crevasses tortueuses. Chaque pas les rapprochait de cette structure désolée, et les ombres s'allongeaient comme des griffes tentaculaires cherchant à les happer. Une lourde porte en chêne, noire et imposante, marquait l'entrée de la maison, son bois noueux et craquelé évoquant des visages grimaçants.

Daniel frappa doucement à la porte. Après un moment qui sembla s'étirer à l'infini, la porte s'ouvrit lentement. Margaret apparut dans l'embrasure, une vieille femme frêle, ses yeux étincelant d'une lueur mystérieuse. Ses cheveux gris, noués en un chignon serré, accentuaient l'austérité de son visage marqué par le temps. Elle portait une robe longue et sombre, couverte de motifs mystiques brodés.

— Daniel... Cela fait longtemps. Qu'est-ce qui peut bien t'amener ici ? Et qui est cette jeune femme avec toi ? fit-elle d'une voix rauque mais étrangement chaleureuse.

— Bonjour, Margaret. Voici Anna. Nous avons besoin de ton aide, répondit le prêtre en inclinant légèrement la tête.

Margaret hocha la tête, ses yeux perçants fixés sur Anna avec intensité. Elle s'écarta pour les laisser entrer, et Anna sentit immédiatement un frisson glacé parcourir son échine.

L'intérieur de la maison était plongé dans une pénombre oppressante et encombré de reliques anciennes : des grimoires poussiéreux, des sculptures énigmatiques et des artefacts issus d'un autre temps. Les ombres semblaient danser à la lueur vacillante des bougies. Les murs étaient tapissés de vieilles cartes jaunies par le temps et de croquis détaillés de créatures fantastiques et de paysages cauchemardesques. L'air était lourd d'un parfum entêtant de cire et d'encens, mêlé à une odeur de bois et de papier ancien. Une grande table, imposante, occupait le centre de la pièce.

— Venez, asseyez-vous, dit Margaret en désignant deux chaises près de la table, sa voix résonnant dans cette atmosphère chargée. Nous avons beaucoup à discuter, j'ai l'impression.

Anna et Daniel prirent place. Les flammes des bougies vacillaient, jetant des éclats de lumière incertains sur les visages des visiteurs, tandis que l'ombre de Margaret semblait se fondre avec les ténèbres environnantes, comme une gardienne des arcanes occultes de cette demeure. Leurs yeux exploraient les trésors mystérieux qui les entouraient, fascinés par les reliques de temps immémoriaux. Margaret s'assit en face d'eux, ses mains fines et ridées reposant avec sérénité sur la table en bois.

— Alors, dites-moi, qu'est-ce qui vous amène ici ? demanda-t-elle en plongeant son regard perçant dans celui d'Anna.

Anna prit une profonde inspiration, tentant de rassembler ses pensées face à cette figure presque spectrale. Elle raconta brièvement les événements récents. Margaret écouta en silence, ses yeux perçants ne quittant pas Anna un seul instant, semblant sonder les profondeurs de son âme. Daniel posa délicatement le livre ancien sur la table et poursuivit.

— Je pense que ce livre est lié aux croyances anciennes de notre village... Peut-être peux-tu nous en dire plus ?

Margaret tendit une main tremblante et prit le livre avec précaution. Ses doigts glissèrent sur la couverture comme pour en sonder chaque aspérité, chaque cicatrice du temps.

Les Murmures du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant