Chapitre IX : Oneirothul

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Le sanctuaire s'étendait devant eux comme un abîme de désespoir insondable. L'entité indescriptible se révélait dans toute son horreur devant eux, ses tentacules ondulant avec une lenteur hypnotique, traçant des arcs sinistres dans l'air vicié.

Les fissures béantes se déformaient sous l'effet de la créature, tandis que les parois du sanctuaire semblaient se tordre, comme si les murs eux-mêmes se pliaient sous une pression insondable. La lumière surnaturelle qui émanait des symboles anciens gravés sur l'autel se transformait en une lueur spectrale, plongeant la pièce dans une obscurité dévorante où les ombres dansaient de manière grotesque.

Anna, les mains tremblantes, était envahie par une série de visions d'une intensité insupportable. Tommy apparaissait comme une ombre fugace dans un tourbillon de ténèbres, une apparition éthérée noyée dans le maelström d'une terreur infinie.

— Anna... murmura Daniel, sa voix brisée par une terreur croissante. Nous devons comprendre ce que nous avons réveillé. Ce lieu... Nous devons partir avant que la nuit ne se ferme définitivement sur nous.

Les paroles de Daniel semblaient se perdre dans le vacarme assourdissant de la présence maléfique. La chose émit un grondement inarticulé qui vibrait à travers les profondeurs de leur être, tandis que ses tentacules se mouvaient avec une lenteur presque hypnotique. La pression psychique de l'entité écrasait l'air, chaque respiration d'Anna devenant une lutte contre une emprise omniprésente.

Anna se sentait irrésistiblement attirée vers l'autel, comme si une force invisible et implacable la poussait à s'approcher. Les symboles de l'autel, dans leur éclat surnaturel, semblaient prendre vie, leur lumière transcendant la réalité physique. Les fresques autour d'eux se transformaient en une danse macabre de figures encapuchonnées, leurs gestes rituels se mêlant aux ombres qui bougeaient avec une fluidité inhumaine.

— Tommy... murmura Anna, les yeux fixés sur la créature. Pourquoi ces visions terrifiantes ? Quel est le but de ces horreurs ?

Une voix discordante, glaciale, résonna dans les profondeurs de son esprit comme une mélopée de désespoir.

— Oneirothul, chuchota la voix, chaque mot étant une onde de terreur et de chaos. Je suis le gouffre des rêves brisés, l'ombre dévoreuse d'espérances.

Les visages de ses souvenirs se déformaient, se mélangeant à une réalité devenue cauchemar. Daniel tenta de la détourner, la main fermement ancrée sur son épaule.

— Anna, il faut que tu te ressaisisses ! Nous devons fuir ! Cette réalité est une illusion construite pour nous piéger !

— Mais je dois comprendre, Daniel ! Je dois... sa voix se brisa en sanglots, incapable de résister à l'attraction inéluctable vers l'autel.

— Ne fais pas ça ! Nous devons nous échapper immédiatement ! implora Daniel, la peur perçant à travers ses paroles.

Les tentacules de la créature se déployèrent, encerclant Daniel dans une étreinte implacable. Ses cris de terreur résonnaient dans les cavernes, mais l'étreinte de Oneirothul était inéluctable. Les tentacules se resserrèrent avec une force d'agonie, et les derniers mots de Daniel se perdirent dans un gémissement étouffé. Sa mort fut une absorption silencieuse dans les ténèbres, le laissant à jamais absorbé par les abysses d'Oneirothul.

Les murs du sanctuaire se déformaient dans un spectacle d'horreur grotesque, comme si l'espace lui-même célébrait la tragédie. Anna, désemparée, sentit une vague d'énergie maléfique l'envahir. Les murmures incompréhensibles de la créature se mêlaient à ses visions de Tommy, ainsi qu'à ses propres cris de désespoir.

— Vous êtes un autre sacrifice, murmura la voix de Oneirothul, résonnant à travers les cavernes. Votre fils, vos amis, vos désirs, vos espoirs, tout cela est à moi. Ce monde est mon domaine, et vous êtes perdus à jamais dans les rêves brisés que je façonne.

Anna, malgré la pression omniprésente et la terreur incommensurable, concentra toute sa volonté sur la réalité tangible. Sa détermination se forgea dans la douleur, chaque mouvement devenant un acte de résistance contre l'influence omniprésente. Ses mains tremblantes se saisirent des fragments d'anciens symboles gravés sur les parois.

Elle remarqua une fissure dans le mur opposé à l'autel, légèrement plus large que les autres. Anna concentra ses efforts sur cette fissure, poussant contre les parois instables. La créature, concentrée sur la destruction de Daniel, avait négligé de surveiller cette partie du sanctuaire.

— Tommy... je suis désolée... murmura-t-elle, la voix brisée par l'affliction. Je dois...

Alors que les tentacules de Oneirothul se débattaient, comme si l'entité ressentait la perte de son emprise, Anna réussit à élargir la fissure juste assez pour se glisser à travers. La lumière autour d'elle explosa en une clarté aveuglante alors qu'elle se précipitait vers l'évasion.

Les cris déformés de Oneirothul se mêlaient à une cacophonie de malédictions et de désespoir alors qu'Anna se frayait un chemin à travers le passage étroit. Ses jambes, affaiblies par la terreur, luttaient pour la porter. La voix de Oneirothul, déformée par la colère et la frustration, résonnait derrière elle, mais Anna se concentrait sur l'issue, utilisant chaque fragment de sa volonté pour avancer.

Elle émergea finalement à l'extérieur, la lumière du jour la frappant avec une brutalité presque accablante après les ténèbres du sanctuaire. Elle tomba à genoux, les poumons brûlants et le visage mouillé de larmes. La clarté du jour contrastait vivement avec l'obscurité abyssale qu'elle avait laissée derrière elle, accentuant la dure réalité de sa perte et de son désespoir.

Les échos lointains des hurlements de Oneirothul se mêlaient aux murmures du vent, comme un reste sinistre de l'horreur qu'elle avait quittée. Anna leva les yeux vers le ciel, le visage trempé de sueur et de larmes. Elle avait échappé aux profondeurs maudites du sanctuaire, mais à quel prix ? Les ténèbres du sanctuaire avaient laissé une empreinte indélébile sur son esprit, et la lumière du jour, bien qu'accueillante, était un rappel amer des ombres indicibles qui persistaient encore dans les recoins les plus sombres de son âme.

Les Murmures du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant