[𝕺𝕾] 𝕺𝖓𝖊 𝕻𝖎𝖊𝖈𝖊 𝖝 𝕽𝖊𝖆𝖉𝖊𝖗

𝑫𝒐𝒏'𝒕 𝑴𝒂𝒌𝒆 𝒎𝒆 𝑹𝒆𝒈𝒓𝒆𝒕 || 𝕿𝖗𝖆𝖋𝖆𝖑𝖌𝖆𝖗 𝕯. 𝖂𝖆𝖙𝖊𝖗 𝕷𝖆𝖜

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Inspiré par « Ces gens-là » de Jacques Brel

* * *

Elle eut l'habitude de détester les pirates. Du plus loin qu'elle pouvait se souvenir, profondément ancré en elle, elle se souvenait haïr les pirates.

« Ces gens-là » , comme elle disait, « Ces gens-là boivent à outrance, suent comme les nuages transpirent de l'eau et sont tous plus bruyants et collants les uns que les autres. Ces gens-là vous font regretter d'être nées filles en s'octroyant le droit de vous peloter dès que vous avez le malheur de passer trop près d'eux, autant vous dire que c'est assez difficile de s'éloigner lorsque le bar est bondé. Et ils vous disent quoi ? T'nez ma p'tite dame, vot' pourboire ! En riant grassement. »

Alors en effet, elle haïssait les pirates du plus profond de son âme. Mais la marine n'était pas en reste non plus. Sous des airs de protecteurs de l'humanité se cachent en réalité des Hommes qui s'en fichent des autres et qui ne pensent qu'à l'argent qui leur sera versé à la fin du mois. Au final, les pirates ne sont pas mieux que les marines comme les marines ne sont pas mieux que les pirates: ils ont chacun leurs vices.

Mais dans un monde où les civils se retrouvaient déchirés entre la protection de la marine et celle des pirates, il était difficile de pouvoir faire confiance aux deux. Si la marine ne protégeait pas tous les civils, quelque chose n'allait pas. Si les pirates protégeaient des civils, quelque chose n'allait pas non plus.

Sur une île au milieu du Nouveau Monde, les habitants balançaient pour l'une et l'autre protection. Cela dépendait des intérêts qu'il y avait derrière.

« Qu'est-ce que je donnerais tout pour vivre toute seule sur une île déserte...
–Déserte carrément ? T'es au courant que ça changerait rien ?
–S'il n'y a rien alors il n'y aura pas de problèmes.
–S'il n'y a rien c'est ta fin.
–Et bien soit alors ! Mais par pitié que le monde puisse bercer dans un équilibre pour une fois ! Ras le bol d'être dirigé par des branques !
–Si le gouverneur t'en-»

Un raclement de gorge fit se retourner brutalement les deux jeunes-femmes qui discutaient à l'arrière du bar dans lequel elles travaillaient. Trois sbires au gouverneur se trouvaient à quelques mètres d'elles, des sourires effrayants peint sur leurs gueules verrues de soldats avariés.