L'éveil des jumeaux

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Une horloge carillonnait au loin... comme celle du salon ? Une voix lui parlait... la connaissait-elle ? Un vent glacial soufflait... la fenêtre de sa chambre était-elle ouverte ? Ses yeux s'ouvraient lentement... et un homme se tenait à l'entrée de sa chambre. Elle ne savait même pas si on pouvait le qualifier d' « homme » : des ailes noires rayées de rouge étaient repliées dans son dos ; des cornes ciselées étaient au sommet de son crâne. Impossible de voir son visage. Il se tournait et passait la porte. Elle se levait et se mit à courir à sa suite. Puis, il s'arrêtait devant une sombre porte qui semblait apparaître de nulle part. Là, il se tournait et lui jetait un dernier coup d'œil avant de disparaître. Et le rêve prenait fin...

Elle se réveillait en sursaut dans sa chambre si familière, s'attendant presqu'à ce que le démon qu'elle voyait dans ses rêves apparaisse devant elle. En soupirant, elle se redressait doucement dans son lit. Son frère jumeau dormait paisiblement à côté d'elle, son souffle régulier résonnant doucement dans la minuscule pièce. Dehors, l'aube allait se lever...

Elle se mit à soupirer : jusqu'à quand ce rêve allait-elle la hanter ? Cela faisait maintenant plus de quinze ans, depuis ce jour fatidique. La cicatrice barrant son poignet se mit à picoter.

Quelle drôle de forme tout de même ! Elle est légèrement enroulée sur elle-même comme une spirale et représente vaguement un visage grimaçant. Je n'ai jamais su d'où elle venait, elle est apparue du jour au lendemain, sortie de nulle part... mais, à l'époque, papa et maman se fichaient bien des blessures que je recevais. 

Il était six heures et demie du matin. Il fallait qu'elle se dépêche avant d'arriver en retard au lycée. Le miroir de l'entrée renvoya l'image d'une jeune fille pâle, aux cheveux écarlates, aux quelques mèches plus foncées, aux yeux rouges vermillon et aux traits fins. Son frère jumeau possédait le même visage, si bien qu'on pourrait les prendre pour le reflet de l'autre dans un miroir. La seule différence flagrante entre les deux lycéens est que ce dernier a les cheveux et les yeux verts. Le rouge et le vert, un frère et une sœur, des centres d'intérêts qui diffèrent, tout les opposait. Même leurs prénoms se désassemblaient : « Ikari » signifiant « Colère » pour la jeune fille et « Taku » qui peut se traduire par « Envie » pour son frère. En plus, leur prénom disait absolument tout sur eux : Ikari avait la fâcheuse tendance de s'énerver très rapidement tandis que Taku pouvait être jaloux et égoïste. Le salon du studio s'illumina peu à peu : le soleil se levait. Aujourd'hui, une nouvelle journée sans histoires allait débuter.

Ikari rentre tard, encore une fois... c'est à cause de moi. Si seulement je n'avais pas la santé aussi fragile, elle n'aurait pas à enchaîner les petits boulots. Si je ne tombais pas aussi souvent malade, moi aussi je pourrais travailler et aider à payer le loyer du studio et nos frais de scolarité. J'espère qu'elle va bien. Elle est partie trop tôt ce matin, elle a trop de responsabilités. Si seulement je pouvais en prendre une partie, histoire qu'elle puisse faire ce qu'elle veut de temps en temps. Je suis vraiment désolé sœurette, désolé de ne pas pouvoir être plus utile... 

Le jeune homme assis au bout du lit continuait à s'excuser. D'être aussi faible et inutile. De n'être qu'une sangsue qui parasite sa sœur quotidiennement. Il ne pouvait rien faire seul. Il avait toujours besoin de l'aide de quelqu'un, et ce quelqu'un, à chaque fois, devait tout sacrifier. Taku fut interrompu par le bruit de la serrure qui cliquetait : sa sœur était de retour. Après nombre d'efforts, le lycéen à la santé fragile parvint à se mettre debout. Mais la personne qui entra n'était pas sa sœur. Un homme à la vingtaine se tenait dans l'encadrement de porte. Ses cheveux étaient verts pâles. Taku se figea sur place, paralysé par une peur et un malaise croissants, avant de tomber à genoux.

Qui est-ce ? Je ne le connais pas, que fait cet homme ici ? Et surtout, pourquoi ai-je aussi peur de lui ? 

Ses pensées furent interrompues par une voix qu'il ne reconnaissait que trop bien : celle de sa sœur qui l'appelait.

The Seven Children of Evil Où les histoires vivent. Découvrez maintenant