La Fée et Le Prince

Chapitre Sept

- Vous auriez dû prendre la trompe, lança Caspian avec malice.

Il tendit sa main à Susan pour qu'elle monte, puis se tourna vers moi.

- Je n'aurai pas de place pour...

- Je vais voler, le coupais-je, plus sèchement que je ne l'aurai voulu.

Il eut une mine un peu surprise mais j'évitai son regard et ajoutai en battant des ailes :

- Je pars chercher Lucy, vous deux, retournez auprès des autres.

Je crus l'entendre me répondre quelque chose, mais ne me retournai pas et filai à vive allure entre les arbres. Cette-fois, je n'avais pas le droit à l'erreur. Je me concentrai et ne perdit pas une seconde ; la vie de Lucy en dépendait car j'avais vu un soldat la poursuivre et elle n'était pas armée.

Un rugissement me stoppa net dans ma course. Je freinai brutalement et manquai de finir écrasée contre le tronc d'un arbre.

- Aslan ! M'exclamais-je en me retournant.

- Tout à fait, ma chère enfant. Me répondit une voix profonde.

Debout, Lucy à ses côtés, Aslan se tenait devant moi, fier et noble. Je m'agenouillai presque automatiquement mais un rire sortit de sa gorge stoppa mon geste.

- Pas de ça entre nous, voyons. Il fut un temps où tu ne te serais jamais agenouillée devant moi, et c'est très bien ainsi.

- J'ai tellement entendu des louanges sur vous, et cela fait tellement longtemps que nous ne nous sommes pas vus... Répondis-je, un peu sous le choc.

Je n'arrivais pas à réaliser que je me tenais devant lui. Celui dont tout le monde parle. Celui qui m'avait élevé quand j'étais petite... J'avais passé tellement de temps seule depuis sa disparition que j'avais fini par oublier nos souvenirs. Cela remontait il y a si longtemps, j'avais parfois je me demandais si je n'avais pas rêvé.

- Tu as raison. Mais je n'ai jamais cessé de veiller sur toi.

- Pardon d'en avoir douté, m'excusais-je avant de me tourner vers Lucy. C'est grâce à cette petite fille d'Ève que j'ai repris espoir de vous revoir un jour.

- Et tu es toute pardonnée, me répliqua Aslan avec des yeux rieurs.

Un silence se fit dans le bois éclaboussé de soleil.

- Qu'allons-nous faire maintenant ? Demandais-je, revenant à l'urgence du moment. Allez-vous nous aider ?

- Bien sûr.

Il se tourna vers les arbres et poussa un long et puissant rugissement, qui résonna dans toute la forêt. Je sentis sous mes pieds la terre et les arbres vibrer, poussés par cette énergie, et la magie éclata dans l'air, la terre, jusqu'à la racines des arbres qui semblèrent se réveiller d'un long sommeil. Je souris. La magie de la forêt allait nous venir en aide.

- Allons mes enfants, ne traînons pas, reprit Aslan.

Lucy monta sur son dos, et pendant que les arbres se mouvaient doucement, je m'accrochai à la branche d'un énorme bosquet, grimpant jusqu'aux branches les plus hautes et les plus solides. Puis, Aslan partit à grande vitesse, et les arbres qu'il avait réveillés le suivirent, bien plus vite que je ne l'aurais cru. Je m'accrochai pour ne pas tomber, gardant ainsi mes forces et ma magie pour la bataille. Malgré le vent qui me fouettait le visage, je ne pus m'empêcher de sourire. Avoir Aslan à nos côtés me remplissait d'une joie indescriptible, comme si tous mes soucis avaient disparu d'un coup. Une confiance débordait en moi, et quand je vis la clairière se rapprocher, je lançai un cri de joie en me laissant tomber de l'arbre. J'écartai les bras pendant ma chute et battis des ailes, avec force, pour tenir la cadence des arbres qui se ruaient dans la bataille. Avec une énergie débordante, je fis de même : sortant mon couteau de ma ceinture, je volai au ras du sol pour trancher les jambes de nos ennemis. J'esquivai, volai aussi vite que possible pour ne pas me faire toucher, et traversai le champ de bataille, avant de faire demi-tour pour recommencer mon manège.