MATCHES OF A FAITHUL KNIGHT ♞

Le perce nuit

Tout le village était compacté dans la hutte du doyen. Un vieil homme deux fois centenaire qui ne reçoit la visite que de quelques villageois en doutes ou de médecins pour des bilans de santé réguliers. 

La situation était inquiétante. La nuit, naturellement claire dans cette campagne perdue, arborait une étrange aurore boréale. Les étoiles semblaient se rapprocher lentement de cette traînée lointaine. La plupart des habitants n'allaient jamais quitter le village que pour faire une course en ville, découvrait avec frayeur cet événement pourtant attendu.

- Il y a bien des décennies, un chevalier avait pour but de construire une forteresse dans la nuit. Il avait fait le tour du monde et souhaitait conquérir une terre encore vierge. Ses intentions n'étaient pas mauvaises, mais son "talent" n'a joué en sa faveur qu'un moment. Son "talent" : Persévérance " lui conférait la capacité d'aller jusqu'au bout de tout ce qu'il entreprenait. C'est ainsi qu'il réussit à construire des villages, à démanteler des guildes malhonnêtes et fait son tour du monde. Mais lorsqu'il eut l'idée de conquérir la nuit. Son "talent" s'est affolé et ne l'a pas empêché d'abandonner. Le chevalier devint fou et sombra dans d'obscures formes de magie. Les gens l'appelaient : le chevalier de la nuit tombée. Un être prêt à tout pour arriver à ses fins, contre son gré, malheureusement. Il avait bien essayé d'arrêter, mais personne ne peut se défaire de son "talent", aussi malsain soit-il. EEEET le voici en train d'aspirer les étoiles pour construire sa cité. Qui sait ce qu'il adviendra de nous une fois cela terminé. La seule chose que je sais, c'est que cette incantation est très longue et que personne ne pourrait la soutenir en temps normal, mais lui… n'a pas le choix. 

- On va survivre??? Demande le forgeron, vert de peur.

- Je l'ignore tout comme vous. Mais sans constellation, beaucoup de barrières magiques risquent de céder et notre village serait en première ligne pour que les monstres nous rayent de la carte.

Cette nuit-là, le village n'avait jamais été aussi silencieux. Tous étaient plantés devant la hutte du doyen, fixant le ciel. 

Amando lui vit une faille. Non pas celle dans le ciel, mais dans la garde du village. Sans un bruit, il fit son sac. Ici, il n'avait que trois fois rien : un plaid, son journal, une plume et de l'encre, une gourde et un petit couteau émoussé par toutes les brindilles qu'il taillait en dessous du vieux séquoia qui fait la réputation du village. La hutte du doyen était d'ailleurs implantée entre deux racines de cet arbre massif. Son sac terminé, il passa dans une des cuisines voler quelques œufs avant de sortir par la porte principale, qui exceptionnellement n'était pas gardée.

Il avait laissé un mot :

"Pour rien au monde, je ne reviendrais" signé de sa plus belle écriture: "Amando le fardeau ".

Il quitte le village paisible sans regarder dernière lui.