Chapitre 5 : Mesure De Rétorsion

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Les yeux de Pascal brillèrent. Il ne se le fit pas dire deux fois et fondit sur les lèvres de Florence pour échanger un baiser passionné. Leurs souffles se mêlèrent, leurs langues se caressèrent voluptueusement, l'un et l'autre ne voulaient plus s'arrêter. Si la veille les approches avaient été tendres et délicates, ce matin le désir flambait entre eux, rendant les gestes plus possessifs et les caresses plus appuyées.

Pascal glissa ses mains sous le pull blanc de Florence, lui déclenchant un frisson :
- tu as froid ? Tu veux qu'on arrête ?
- non je n'ai pas froid, ce sont tes mains sur moi qui me font trembler d'envie, pas question d'arrêter ! affirma t-elle d'un ton péremptoire.
Pascal attrapa des plaids et des coussins pour les disposer sur le sol juste devant la cheminée, il tendit la main vers Florence qui le rejoignit en souriant et prit sa main, attendrie par sa prévenance.

Ils reprirent leur exploration l'un de l'autre et les vêtements commencèrent à tomber. Lorsqu'ils furent enfin nus, ils rivalisèrent de caresses pour susciter le désir et les gémissements impatients de l'autre. Chacun s'émerveillait de la réceptivité de son partenaire, tout en constatant que ça ne faisait qu'accroitre son besoin de le combler un peu plus. Quand ils furent au paroxysme du désir, haletant d'anticipation, Pascal planta son regard chocolat dans le regard d'azur et lui demanda :
- j'en ai très envie mais toi, es tu sûre de vouloir continuer ?
- je te défends de t'arrêter maintenant sinon je te colle dans la neige !!!
- à tes ordres mon amour dit il en s'introduisant en elle.
Les yeux de Florence s'agrandirent, entre la sensation délicieuse de leurs corps profondément unis pour la première fois et le mot d'amour qu'il avait prononcé avec une sincérité évidente, son émotion était puissante. Elle étreignit Pascal le plus fort qu'elle put et se laissa entraîner dans la danse éternelle de l'amour, avant d'être ravagée par un orgasme d'une intensité féroce, vite rejointe dans l'extase par son amant.

Ils laissèrent la vague refluer et leurs cœurs s'apaiser avant de parler. Pascal s'était rendu compte qu'il s'était dévoilé plus vite qu'il ne l'avait prévu en l'appelant mon amour mais cela avait semblé tellement juste, tellement évident que les mots lui avaient échappé, il espérait seulement qu'elle ne prendrait pas peur. Il sentit un frisson la parcourir, cette fois c'était bien le froid. Il la serra plus fort contre lui en ramenant un plaid sur eux.

Florence semblait songeuse. Inquiet, Pascal demanda :
- tu regrettes ?
- bien sûr que non ! dit elle en relevant la tête pour le regarder dans les yeux. Je réfléchissais simplement à la différence considérable que cela fait de faire l'amour avec une personne qui nous aime vraiment et que l'on aime en retour...
Pascal sourit :
- est-ce bien ce que je crois comprendre ?
- Je t'aime... Et depuis si longtemps... je m'en rends compte seulement maintenant. Je me sens idiote d'avoir attendu si longtemps pour me l'avouer et pour te le dire.
- n'aies pas de regrets, nous devions en passer par là pour apprécier autant ce que nous partageons aujourd'hui, dit il en lui déposant un baiser sur le nez.
Elle sourit et nicha sa tête dans son cou.
- je n'ai pas envie de bouger, je me sens trop bien dans tes bras, à ton avis, combien de temps vont ils mettre pour arriver avec la déneigeuse ?
- aucune idée mais il va peut-être falloir qu'on se rhabille pour éviter de se faire surprendre dans cette tenue.
Florence grommela.
- promis, si tu te lèves, je fais le petit-déjeuner, ajouta t-il en souriant.
- toi, tu sais comment me parler ! Bon d'accord je me lève.

Ils se rhabillèrent et rangèrent les plaids et coussins qui avaient accueilli leur étreinte. Puis Pascal partit dans la cuisine préparer le petit-déjeuner pendant que Florence s'occupait du café.
- alors ? Tu n'es plus fâchée contre les majors ? Demanda Pascal avec un sourire taquin.
Florence leva les yeux au plafond :
- non, bien sûr, je reconnais qu'elles ont bien fait... Mais ce n'est pas une raison pour qu'elles s'habituent à intervenir dans nos vies, j'ai bien envie de leur donner une petite leçon, qu'en dis tu ?
- A quoi penses tu ?
Elle lui expliqua son idée, il éclata de rire et lui donna son accord pour être son assistant zélé dans cette mesure de rétorsion.

Ils finissaient leur petit déjeuner lorsqu'ils entendirent la déneigeuse passer. Florence termina de ranger pendant que Pascal allait libérer la voiture, ensevelie sous une épaisse couche de neige. Ils reprirent enfin la route pour Annecy et arrivèrent au commissariat vers 11h30.

En quittant la voiture, ils firent semblant d'être extrêmement fâchés l'un contre l'autre et arrivèrent à l'accueil la mine sévère et le regard noir. Sissy, un léger sourire sur les lèvres, était accoudée au comptoir derrière lequel était postée la major Kerouac, qui affichait également un demi sourire. Elles n'auraient pas manqué leur retour de la montagne pour tout l'or du monde ! Quand elles virent leur expression, leurs sourires vacillèrent, mince, elles avaient peut être fait une bêtise...
Florence aboya :
- Kerouac, Montferrat-Bathelier, dans mon bureau immédiatement !
Les deux complices se regardèrent, atterrées, puis se dirigèrent vers le bureau de la commissaire. Une fois entrées, la commissaire claqua la porte derrière elles, elle plaqua les deux mains sur son bureau d'un air résolu et commença à crier :
- non mais qu'est ce qui vous a pris ? De quel droit vous êtes vous mêlées de ma vie privée ?

Les deux complices rentraient la tête dans les épaules.
- non mais c'était une idée à moi, j'ai embarqué la major Kerouac parce que je ne pouvais pas le faire sans quelqu'un du commissariat pour vous envoyer à la bonne adresse, expliqua Sissy, dans une louable tentative d'épargner Kerouac qui devrait continuer à bosser avec la commissaire, elle !
- je ne peux pas vous laisser prendre tout le blâme, vous ne m'avez pas forcée, c'est même moi qui ai eu l'idée des bougies, soutint Kerouac.
Florence dut se mordre les lèvres pour ne pas sourire face à cette sororité inattendue entre son ancienne major et l'actuelle.
- on voulait juste vous aider à être heureux, plaida Sissy
- et bien c'est raté ! Pascal et moi nous sommes engueulés comme jamais et il est probable que l'un de nous deux quitte le commissariat définitivement.
Les deux majors étaient défaites, elles avaient tellement espéré susciter un rapprochement et leur initiative se terminait par un fiasco total.

C'est à ce moment là que Pascal frappa à la porte de communication entre son bureau et celui de la commissaire, puis il entra en affichant un air espiègle :
- tu penses que tu leur as assez fait payer leur petit complot ?
Florence éclata de rire sous l'œil médusé des deux majors :
- oui je crois qu'elles ont compris la leçon et qu'elles ne sont pas près de recommencer.
Les deux majors regardèrent alternativement la commissaire et le capitaine qui se souriaient tendrement.
- alors, ça a marché ? Vous êtes ensemble ? Demanda Sissy
- effectivement, confirma Florence. Mais que je ne vous y reprenne jamais à vous mêler de notre vie privée ! Dit-elle en faisant les gros yeux.
Les deux majors jubilaient et répondirent en chœur docilement :
- bien sûr, plus jamais !
Sissy ajouta :
- en même temps si vous vous débrouillez mieux, on n'en aura plus besoin.
Ils éclatèrent tous de rire.
- allez ouste, maintenant tout le monde à son poste, cette petite blague nous a quand même fait perdre quelques heures de boulot, fit Florence d'une voix qu'elle avait tenté de rendre sévère, sans grand succès...

Les deux majors rejoignirent l'accueil. Sissy demanda à Kerouac :
- à votre avis, ils se sont déjà envoyés en l'air ?
Kerouac se retourna et vit le capitaine voler un baiser à la commissaire.
- affirmatif, un sourire aussi niais ne peut s'expliquer que comme ça !
Sissy pouffa de rire.
- bon, je vais y aller, je dois rejoindre mon père pour aller déjeuner. On reste en contact ? J'ai beaucoup apprécié de travailler avec vous !
- avec plaisir, moi aussi j'ai beaucoup apprécié de travailler avec vous, répondit elle en lui faisant signe de regarder dans le bureau de la commissaire où les deux amoureux s'embrassaient encore.

Sissy sourit, tourna les talons et murmura pour elle même :
- il était quand même grand temps que ces deux idiots passent la seconde...

FIN

Cassandre et Roche : le complot des majorsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant