Aï x Gôro [Terminé]

Le concert

Ce récit se déroule un peu moins d'un an avant la naissance des jumeaux...

Je m'appelle Aï Hoshino et je suis une célèbre idole au Japon. Je fais partie d'un groupe très connu, appelé B-komachi. Ce soir, c'est une première pour moi et les autres filles. Nous allons réaliser notre premier show en live devant plus de deux millions de spectateurs ! Je suis remplie de joie. Après le concert, il y aura des séances autographe et polaroïds d'environ deux heures et demie. Vous vous rendez compte ? Je me demande comment des fans peuvent attendre aussi longtemps juste pour avoir un bout de papier ou un T-shirt qu'on aura signé. Drôle de façon de prouver qu'on a rencontré une célébrité en vrai. Bref, il est vingt heures. Le concert est sur le point de commencer. Je termine d'enfiler mes gants et je rejoins les autres. On a le trac. Tout le monde vérifie qu'elle n'a rien oublié, les chaussures, le maquillage, les accessoires...

- Allez les filles, ça va être à vous ! nous dit le projecteur avant de rejoindre son poste.

On se met en ligne. Je serre le micro tellement fort entre mes doigts que j'ai peur de le casser. Une danseuse, Meimei, me chuchote :

- Détends-toi, Aï. T'es toute crispée, ne sois pas tendue comme ça. C'est exactement comme d'habitude.

- Certes, dis-je en tremblant. Sauf que d'habitude, on n'a pas deux millions de spectateurs dans le public.

Elle lève les yeux, me sourit, puis se replace. Les rideaux sont encore fermés.

- C'est le moment, go, go !

On entre sur la scène, immense. Elle semble plus grande que d'habitude. Enfin, ce doit être une impression. Une fois que nous sommes placées, je me met dans la bonne pose, et les filles font de même. Le rideau s'ouvre, la musique démarre. Je transpire. Je me demande si je commence bien la chorégraphie. J'espère que la couche de fond de teint que j'ai mise suffit à cacher mes joues que je sens en feu. Tous les regards se posent sur moi. Une pression immense m'envahit, et je manque de lâcher le micro. Mes lèvres trembles.

Vite.

Je n'y arrive pas.

Allez, allez !!

C'est bientôt le moment de commencer à chanter. J'angoisse. Et si je me loupais ?

Tu ne vas pas te louper.

Il y a une première fois à tout...

Tu ne t'es jamais foirée, tu ne vas pas te foirer aujourd'hui !

Respire. Tout va bien. Je vais y arriver... Ou peut-être pas ?

Mais si !! Allez, tu dois chanter, Aï !

Et merde, c'est le moment. Je l'ai passé. Mais bon sang, qu'est-ce que j'attends pour chanter ?

Mon corps cesse de bouger et se crispe au milieu de la scènes. Les autres mes regardent, incrédules. Je baisse les yeux. D'un seul coup, je me met à improviser.

- Hein ??

- Mais, qu'est-ce qu'elle fait ?

- C'est pas ça, les paroles.

Je ne sais pas ce qui m'a pris. Les autres filles s'arrêtent de danser. J'improvise un chanson, une chorée. Je ne fais pas du tout ce qui était prévu. Étonnamment, le public semble adorer. J'entends les spectateurs crier, applaudir, siffler. Je me sens enfin libre.

À la fin du concert, je me rue vers ma cabine, sans prendre le temps de féliciter mes collègues. Je m'enferme, ne sachant pas trop pourquoi, puis, je pleure. Kyu vient frapper à ma porte.

- Aï ? Les autographes vont commencer...

Je ne dis rien. Ari prend la parole :

- Eh, tu pleures, dis ?

Je frissonne. Oh non, c'est la honte...

- Euh... Ce n'est rien, je répond. J'ai un coup de moue, c'est tout. J'arrive.

Je sors de ma cabine. Les filles essuient mes larmes. Parfois, elles sont jalouses de mon succès. Parfois, elles sont vraiment généreuses. On se dirige vers la cabine d'autographe. C'est parti.

Pendant une demi-heure, sans cesse, je signe les photos, les carnets, les vêtements et les objets collectors de fans. Dans cinq minutes, c'est un pause. Un homme viens vers moi. Il me tends une grande boite. Je lève les yeux vers lui. Il est plus âgé que moi, brun, il porte des lunettes.

- Vous voulez que je signe cette boîte ?

Il me sourit et répond :

- Non, ce qu'il y a dedans.

Je lève un sourcil. Ce type est malsain. Je soulève le couvercle de la boîte, découvrant son contenu.

- Oh, bon sang...