Gôro

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- Ah, désolé, me dit-il. J'ai beaucoup de choses !

Il sourit bêtement, mais gentiment. Sa fameuse boîte contient deux T-shirt, une peluche, quatre affiches, une figurine, sept magasines, trois photos et une coque de téléphone. Tous à mon effigie. Je me sens rougir. J'attrape un feutre et commence à tout signer. Comme cela risque de prendre un peu de temps, je décide de lancer une discussion.

- Vous faites quoi dans la vie, monsieur ?

- Gynéco. Je travaille dans un hôpital, mais il est perdu dans la cambrousse.

Je lève la tête.

- Gynéco, vous avez dit ?

- Euh... Oui ?

Je regarde autour de moi pour vérifier que personne ne nous entend, puis je lui fait signe d'approcher. Je lui murmure :

- Ce serait trop vous demander, un rendez-vous ? Cela fait bien un mois que j'en cherche un.

Il semble briller.

- Aucun problème !

Puis, il me file discrètement sa carte. Je la range dans mon sac et continue à lui signer tout ces objets.

- Dites-moi... Cet hôpital, il est vraiment perdu ? Du genre, loin des regards ?

- Tout à fait. Personne ne risque de vous dénicher là-bas.

Je souris timidement. Puis je lui rend sa boîte.

- Et voilà pour vous. À plus tard !

Je le regarde s'éloigner. Une fois qu'il a totalement disparu de mon champs de vision, je reprends mes esprits. Enfin, le temps de la pause. Je passe dix minutes à repenser à cet homme. C'est fou comme je l'ai trouvé beau, alors qu'il semble bien plus vieux que moi. Pas l'âge d'un grand-père, mais quand même.

Il est quasiment trois heures du matin quand je peux enfin rentrer chez moi. La soirée à été longue et fatigante. Demain matin, je prendrais rendez-vous chez le gynécologue. J'en ai bien besoin, j'ai des petits... problèmes. Voilà un mois que mes règles ne s'arrêtent pas de couler. Je trouve ça louche. Et ça fait très mal.

Cinq heures du matin quand le boucan de la ville cesse enfin. Je m'endors pour me réveiller tard le lendemain. Enfin, tard, c'est relatif. Huit heures, quoi. Bref. La belle vie. Enfin, je crois. Il est neuf heures quand j'appelle le gynéco que j'ai rencontré hier. J'entends le bruit d'attente. Il décroche en quelques secondes :

- Allô, docteur Amamya, je vous écoute.

Je me sens mal à l'aise. Je bredouille :

- Bonjour, euh, c'est... C'est Aï Hoshino.

- Oh ! Quel plaisir ! Mademoiselle Hoshino, vous souhaitez prendre rendez-vous, c'est ça ?

Mon ventre se noue. Je suis mal à l'aise au téléphone.

- C'est exact... Quand êtes-vous disponible ? Enfin, euh... Il faut que vous... Parce que je ne sais pas... Enfin, euh...

- Oui, oui, d'accord. Hmm... Voyons, mardi 12, 15h, ça irait ?

- O-Oui ! Super !

Je transpire, je ne sais pas pourquoi.

- Tant mieux. À mardi, mademoiselle Hoshino.

- Oui, au revoir. M... Merci !

Je raccroche. J'ai l'impression de sortir d'une crise d'asthme. Je ne sais pourquoi, mais j'ai hâte d'être mardi. Sans doute pour mon problème. Ou alors... Non, c'est ridicule. Ce n'est qu'un médecin.

Aï x Gôro [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant