Avant nous tous { Maraudeurs }

Lily Evans

Lily était tout aussi émerveillée que ses parents de découvrir le chemin de Traverse. Elle découvrait chacune des boutiques avec délice, s'attardant régulièrement aux vitrines pour admirer quelconque objet magique. C'était exactement comme s'ils se trouvaient dans un parc d'attraction : chaque pas était une découverte d'un monde étrange et merveilleux, qui ne paraissait que le fruit de l'imagination fertile d'un fou metteur en scène, ou d'un écrivain dopé au café. Elle se demandait même si, en entrant dans l'un des boutiques, il ne faudrait pas payer un billet pour jouir du droit de visiter.

Si elle-même avait du mal à croire, ses parents, eux, étaient aussi eberlués qu'il était possible de l'être. Ils réalisaient enfin l'ampleur de ce que le don de magie représentait chez leur fille.

- Quelle chance, Lily, d'être comme tu es ! Et quelle chance à nous de découvrir tout cela grâce à toi, d'avoir une sorcière dans la famille ! s'extasiait sa mère.

Puis cette dernière s'arrêta devant une affiche d'une galerie de potionniste, les yeux remplis d'étoiles d'admiration et d'émerveillement. La publicité en question était un large prospectif jaune vif sur lequel un sorcier au regard complice agitait une petite fiole contenant un liquide d'une étrange couleur orange. Un slogan écarlate scandait au-dessus : « Essayez le nouveau spray Boikipu, qui éloigne simultanément et efficacement de vos logis, de vos greniers, de vos placard et de votre lingerie les termites, les mites, les punaises de lit, les moustiques, les goules, les occamys et les épouvantards ! Réduction de six noises en ce moment ! »

Quand à Pétunia, Lily la trouvait plus sombre et renfermée que jamais. Contrairement au reste de sa famille dont les regards radieux voltigeaient sur le maximum d'exentricités, elle observait chaque nouveauté les sourcils froncés, les lèvres pincées, les poings clos.

Lily repensa à la lettre qu'elle avait envoyé au professeur Dumbledore. Pétunia ne parvenait toujours pas à accepter le fait que sa propre sœur soit une sorcière, et elle une moldue. Elle ne pouvait se résoudre à comprendre cette différence abyssale, à laisser partir Lily dans un monde aussi merveilleux que celui-ci, alors qu'elle-même se retrouverait obligée de mener une existence ordinaire, loin des balais, des baguettes magiques, des photographies mouvantes, des chouettes et hiboux, des grimoires de sorcellerie, des chapeaux pointus et des beaux sorciers qui traversaient les rues, sans un regard pour elle.

Alors que Lily, elle, y aurait le droit.

Alors non, au plein cœur du chemin de Traverse, Pétunia abordait le décor avec amertume, car c'était l'image utopique que lui faisait miroiter la magie, mais que Pétunia n'attendrait jamais.

Alors que Lily, si.

Lily avait bien essayé de chasser cette sombre humeur de sa sœur. Elle lui avait proposé d'acheter ses livres avec elle, mais elle avait refusé même d'entrer dans la boutique Fleury et Bott. Elle avait tenté de l'amadouer avec des grenouilles en chocolat qui sautaient vraiment et dont les emballages détenaient de très jolies cartes collection, que ses parents avait acheté dans un magasin de confiserie, mais Pétunia avait catégoriquement repoussé l'offre avec un dégoût non dissimulé.

- Mais, Tunie, profitons ! avait supplié Lily. C'est une magnifique journée, et je ne te verrai pas durant plusieurs moi ensuite...

- Je n'aimerai jamais à ces choses ! Ce n'est pas sain, pas naturel !

- C'est de la magie ! fit valoir Lily en écartant les mains, désignant le chemin de Traverse, bruissant de monde. C'est beau et...

- Pas pour moi.

Et Pétunia dévisagea avec mépris un petit garçon rondouillard qui mangeait un chocogrenouille près d'une boutique de parchemins, tandis que sa mère, près de lui, demandait : « Peter, je t'ai déjà demandé de me rappeler combien de rouleaux il te faut... »