Dans cette cabane perdue au cœur de la forêt, l'obscurité semblait se refermer sur moi comme un étau, oppressante et glaciale. Le bois des murs, rongé par le temps et l'humidité, craquait sous le poids du silence, un silence à peine troublé par le murmure lointain du vent à travers les arbres. J'avais seulement douze ans, et mes mains tremblaient en écho à la peur qui me paralysait. La faible lumière d'une vieille lampe à huile projetait des ombres inquiétantes sur les parois, créant des formes sinistres qui semblaient m'épier.
Chaque ombre sur les murs de bois vieux et usé semblait me guetter, amplifiant ma terreur. Les larmes roulaient sur mes joues, chaudes et salées, alors que mon père me fixait avec une intensité que je ne reconnaissais pas en lui.
Il se tenait là, à l'autre bout de la pièce, sa silhouette imposante dessinée par les flammes tremblantes. Ses yeux, autrefois remplis de tendresse, brillaient maintenant d'une froideur que je ne connaissais pas.
- Elara , tu dois le faire . Répète -t-il d'une voix plus basse, presque suppliante cette fois, mais toujours ferme. Je ne veux pas que tu deviennes faible . Tu dois être forte , pour toi , pour ta famille .
Je me recroqueville sur moi-même, mes genoux ramenés contre ma poitrine, cherchant un refuge dans ce corps frêle, terrifié par ce que l'on exigeait de moi. Mes larmes coulaient en silence, se mêlant à la poussière qui flottait dans l'air vicié.
- Mais ...Papa, je ne peux pas ... . Ma voix se brise sous l'émotion, chaque mot peinant à s'échapper. Ce n'est pas possible ... Je ne suis pas comme ça .
Ses traits se durcissent , mais je pouvais voir une ombre de doute passer dans ses yeux, une lueur qui vacillait, comme s'il combattait une bataille intérieure.
Mon père s'approche alors de moi, son visage grave, et saisit mon menton d'une main ferme mais pas brutale. Ses doigts étaient froids, un contraste saisissant avec la chaleur de sa peau.
- Elara . Murmure-t-il, sa voix soudain plus douce, presque compatissante. Je sais que c'est difficile , que tu crois ne pas en être capable ...Mais il le faut . Tu dois dépasser cette limite que tu t'es imposée , briser ces chaînes qui t'entravent . Parfois , il faut être cruel pour protéger ceux qu'on aime . Sa voix se brise presque à ces mots, et il détourna le regard, comme s'il ne pouvait plus supporter de me voir ainsi. Tu ne comprendras pas maintenant, mais un jour , tu me remercieras.
Je secoue la tête, mes mains tremblaient alors que je les serrais contre ma poitrine.
- Je ne veux pas de cette force si ça signifie devenir quelqu'un d'autre , quelqu'un comme toi ! Je ne veux pas de ta protection si c'est pour souffrir comme ça Papa !
Ma voix était un cri de désespoir, chaque mot s'arrachant de ma gorge avec une douleur sourde. Je n'en suis pas capable ... je ne suis pas toi .Mon père avait toujours été cet homme fort, invincible, qui nous protégeait de tout. Il était impossible de croire que l'homme devant moi était le même, celui qui nous chérissait, qui me racontait des histoires pour m'endormir, qui nous faisait rire.
Il recule légèrement, ses yeux se durcissent, et son visage se ferme .
- Elara , si tu ne fais pas ce que je t'ai demandé , tu devras en subir les conséquences .
Par la violence . Jusqu'à ce que je renonce .
Sa voix était glaciale, tranchante, comme s'il parlait à une étrangère.
- Je ..ne ..peux ...pas . Haletai-je, les mots sortent difficilement. Je veux partir d'ici ... Tout de suite .
Il tressaillit à mes mots, comme si je venais de le frapper.
- Elara , tu es ma fille . Je veux que ton bien...Murmure-t-il, presque suppliant, mais quelque chose dans son ton trahissait un doute. Peut-être pour la première fois, il n'était pas certain de ce qu'il faisait.
Son regard devint sombre.
- Tu ne partiras pas tant que tu ne l'as pas fait .
Je me redresse légèrement, mon corps frémissant de peur et de fatigue.
- Je vais fuir .
Je mens .
Je n'en suis pas capable .
Et il le sait .Un sourire cruel étire ses lèvres.
-Tu ne pourras pas . Il n'y a que la forêt dehors , Elara . Et je te retrouverai .
Je me leve précipitamment, vacillant sur mes jambes frêles.
- Si tu m'aimes vraiment , papa , laisse-moi partir ... S'il te plaît , ne me fais pas ça . Je ne peux tout simplement pas ... je ne veux pas devenir comme toi...
Mes larmes coulaient à flots, brouillant ma vision, mais je savais que je devais lui faire comprendre.
Il fait un pas vers moi, tendant la main comme pour m'atteindre, mais je recule instinctivement. La douleur dans ses yeux était palpable, comme s'il venait de comprendre l'ampleur de ce qu'il me demandait.
- Je ...je ne peux pas , Elara , c'est plus fort que moi aussi ... Chuchote-t-il, la voix rauque, remplit d'une tristesse infinie. C'est trop tard pour moi ... Mais toi , tu peux encore... Il s'interrompt, incapable de terminer sa phrase, les mots restant coincés dans sa gorge.
La panique monte en moi, me coupant le souffle.
- Papa , pourquoi tu es devenu comme ça ? Demandai-je, la voix tremblante, espérant qu'il redeviendrait celui qu'il était autrefois.
Mais avant qu'il ne puisse répondre, son téléphone sonne, un son strident qui semble déchirer l'air. Il fronce les sourcils, un signe que le temps était écoulé pour moi. Il sort de la cabane, me laissant seule dans cette obscurité oppressante. À travers les murs, j'entendais sa voix étouffée, parlant à quelqu'un, avant que le silence ne retombe, lourd et suffocant.
Je reste là, les yeux fixés sur la porte qu'il venait de refermer à clé, me condamnant à une nuit de plus dans cet enfer. Sans nourriture, sans eau, seule. Mon corps entier tremblait de froid et de peur, et je sentais que mes forces me quittaient.
Je me traîne jusqu'au lit, un matelas sale et tâché, à peine digne de ce nom.
Chaque bruit, chaque craquement de la forêt me faisait sursauter, mon cœur battant à tout rompre. Je m'allonge sur le dos, fixant le plafond, incapable de trouver le moindre repos.
Puis, soudain, j'entends des pas approcher. Mon cœur s'emballe. Était-il revenu ? J'entends la serrure tourner, et mon souffle se bloque dans ma gorge.
Mais ce n'était pas lui. Une silhouette féminine se dessina dans l'obscurité.
C'était elle .
- Tu dois partir maintenant, Elara . Ton père est parti en ville , il ne reviendra pas avant demain soir . Pars et ne reviens jamais ici . N'accepte jamais qu'il te parle ou qu'il t'approche à nouveau. Tu es en danger .
J'étais en danger .
Sa voix était douce, mais ferme, et dans ses yeux, je voyais une lueur d'inquiétude. Je savais qu'elle disait la vérité, mais la peur m'avait trop paralysée pour que je réagisse.
Pourtant, ses mots résonnaient en moi, me rappelant que je devais fuir, que je devais m'échapper de cet endroit maudit avant qu'il ne soit trop tard .
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Emilson
RomanceElara Alvar , jeune fille de 19ans , travaille depuis sa jeunesse pour subvenir aux besoins de sa famille . Un jour , elle reçoit une mission importante dans un monde opposé au sien . Avec son endurance et sa force , elle va résoudre énormément d'é...