Je quitte le bureau juridique où je travaille depuis peu, complétement lessivée. Je monte à la hâte dans ma voiture, il me reste tout juste une heure pour faire les courses et rentrer à la maison avant que le bus ne dépose Gavin et Willow devant la porte. Je dois faire vite, comme tout en ce moment d'ailleurs. Je n'ai le temps de rien, mes journées s'enchainent en une course perpétuelle écrasante. Après avoir enfilé un sweat large, plus confortable que mon chemisier cintré, et des baskets à la place de mes talons, je démarre et me rends au supermarché à mi chemin entre le bureau et la maison.
Mes yeux sans cessent fixé sur ma montre, je remplis mon caddie. 40 minutes, il ne me reste plus que le beurre de cacahuète de Gavin. J'entre dans le rayon qui a été dévalisé, il ne reste qu'un pot, au fond de la dernière étagère évidemment! Je ne suis pas petite, j'aurais pu l'attraper s'il avait été à l'avant du rayon mais là ... Je grimpe sur le premier rayonnage, tends le bras en vain, mes doigts palpent le métal froid sans atteindre le Graal. Gavin va faire la tête, j'essaie une dernière fois avec des grognements, des fois que ça m'allonge les doigts ...
Je sens une présence dans mon dos, beaucoup trop proche. Un parfum boisé avec une note de citron envahit mon espace vital, je respire à plein poumon cette flagrance que je ne connais pas et qui me chatouille les narines. C'est à la fois curieux et agréable, une douce chaleur s'insinue dans mon bas ventre. Je me fige, plus surprise par ma réaction que par l'intrusion de cet inconnu, alors qu'un bras noir gigantesque se tend sur ma droite pour attraper le pot que je désire tant, enfin surtout Gavin ...
Je me retourne, priant intérieurement pour que cet inconnu ne se sauve pas avec mon pot. L'homme qui se tient face à moi est grand, très grand. Sa peau olive ressort sous son t-shirt blanc qui moule son torse légèrement musclé. Un sourire en coin étire ses lèvres pleines alors que je le dévisage. Je me gifle mentalement pour mes réactions exacerbées et me lamente.
— Je vous en supplie, dites moi que vous ne voulez pas de ce pot, s'il vous plaît, je tente maladroitement avec un sourire forcé qui retrousse mon nez.
— Je déteste ça, répond il en me tendant mon bien avec une grimace de dégoût.
— Merci mon Dieu, je soupire soulagée.
Je pose le beurre d'arachide sur le dessus de mon caddie et me dirige vers les caisses, il me reste moins d'un quart d'heure pour passer à la caisse et rentrer. L'homme qui m'a aidé me hèle dans l'allée, je me retourne les sourcils froncés alors qu'il s'avance rapidement vers moi. Je regarde ses pieds, il n'avance pas si vite que ça finalement, mais ses jambes sont si longues quand 3 enjambées il m'a rejoint.
— Euh ... j'ai pas l'habitude de faire ça. Enfin pas comme ça, mais ... je ...
— Je suis pressée, je l'informe gentiment.
— Pardon.. Je peux vous inviter à dîner?, demande t il avec un sourire éblouissant.
— Pourquoi faire? je rétorque brusquement les yeux écarquillés.
Seconde gifle mentale, je n'ai tellement plus l'habitude de flirter que je réponds bêtement. Ses lèvres se pincent, retenant un rire, alors qu'il penche légèrement la tête sur le côté comme intrigué.
— Désolée, je suis mariée, je m'empresse de lui expliquer avec un sourire poli.
Ses yeux divaguent vers ma main gauche où ne se trouve aucun anneau.
— Ok, je vois. Bonne journée alors.
Il fait demi tour sans commentaire. Je soupire. J'ai dû enlever mon alliance il y a un mois. Mes doigts gonflent plus que d'ordinaire avec la grossesse et la chaleur de l'été.
Je me gare devant l'allée de notre petite maison. Je n'ai pas le temps de décharger les sacs de course que mes deux têtes blondes me sautent dans les bras. Après un câlin furtif, nous rentrons chacun un sac à la main. Je range les produits au fur et à mesure tandis qu'ils me racontent leur journée en mangeant une pomme.
— Bettany va à la mer cet été, m'explique Willow.
— C'est super.
— Et nous?
— Chérie, je dois travailler, tu le sais, n'est ce pas? Je n'aurai pas de congés, c'est Louisa qui vous gardera.
— Mais Bettany elle y va un mois entier.
— Tant mieux pour elle, je marmonne.
La sonnette de la porte retentit, Gavin se lève pour aller ouvrir à ma meilleure amie. Ses longs cheveux bruns tenus en une queue de cheval lâche, ses grands yeux et son sourire communicatif apparaissent dans l'entrebâillement de la porte et ma peine s'allège un peu.
— Salut Katheleen
— Comment tu vas Apryl? me demande t elle en venant déposer un baiser sur ma joue.
— Ca va.
Elle se dirige vers la cafetière, l'allume, change la dosette et sort une tasse du placard au dessus de sa tête. Je souris en la voyant faire, elle fait partie intégrante de notre famille, sans elle je ne tiendrais pas le coup.
— Ton robinet fuit encore, remarque t elle.
— Je sais, il faut que j'appelle un plombier mais ...
— Ca va coûter une blinde, termine t elle en pinçant les lèvres.
— Surement bien plus que la facture d'eau!
— Tu as essayé ...
— Non, Kath, j'ai pas le temps, ok?
Les enfants jouant dans le jardin, je profite de ce petit moment d'accalmie pour m'assoir sur un tabouret de bar aux côtés de mon amie.
— Je suis là si tu as besoin d'aide avec les monstres tu sais?
— Je sais Kath, tu es géniale et tu en fais déjà beaucoup!
— Tu as l'air épuisée, tu arrives à dormir?
— Quand j'ai le temps, oui, je soupire. Entre le travail, les enfants, la maison, je n'ai pas un moment pour souffler. J'ai l'impression que ma vie est une longue journée sans aucune pause ni interruption.
— C'est pas bon pour le bébé Apryl.
— Je n'ai pas vraiment le choix... je me lamente.
— Et qu'est ce que le Docteur a dit?
— Il bouge bien, c'est encore un peu tôt pour que je le sente, ce n'est pas forcément inquiétant. Il faut que je me repose bla-bla-bla....
— Je peux prendre les enfants ce weekend si tu veux?
— Mes parents arrivent vendredi, tu sais ils débutent leur croisière la semaine prochaine, alors ils veulent profiter des enfants avant de partir pour 3 mois.
— Ah oui. Et tu as eue des nouvelles des garçons?
— J'ai eue Jack la semaine dernière, ils devraient rentrer d'ici 2 mois environ.
— Qu'est ce qu'il a dit pour le bébé?
— Qu'il fallait que je l'appelle Jack Junior.
— Prions pour que ce soit une fille, rigole mon amie.
Je souris tristement en faisant rouler mon alliance entre mon pouce et mon index. Elle est accrochée à mon cou autour d'une chaîne métallique, aux côtés des plaques de mon mari.
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Nouveau Départ
RomanceApryl déteste le sport pourtant c'est un terrain de basket qui va lui redonner le sourire et lui montrer la lumière au bout du tunnel. Arrivera t elle à surmonter son chagrin et voir au delà?