Chapitre 4 : présentations douloureuses

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    Je comprends immédiatement que j'aurais mieux fait de me taire, mais il est déjà trop tard. Madame Notat se tourne vers moi, les lèvres pincées. Je déglutis difficilement devant le regard froid qu'elle me jette. L'enseignante fait un signe de tête discret en direction des hommes dans le fond de la classe. Deux d'entre eux approchent, m'attrapent par les bras et me traînent devant la classe.

« Lâchez-moi ! Qu'est ce... »

Ma question est étouffée par la main qui vient de se poser sur ma bouche. La pression douloureuse exercée sur mon visage me réduit au silence avec une efficacité redoutable. Les deux hommes resserrent leur étreinte jusqu'à ce que je sois incapable de me débattre. Je me retrouve exposée et impuissante devant les vingt-trois étudiants et les six gardes. J'ignore ce qui me terrifie le plus : le regard catastrophé de mes camarades d'infortune ou les sourires ravis et impatients des apprentis dominants.

    La prof a quitté la salle. Elle revient quelques minutes plus tard, un objet métallique dans les mains. Elle se tourne ensuite devant les autres élèves et commence d'un ton professoral :

« Ceci est une ceinture de chasteté. Son but premier est d'empêcher les relations sexuelles et la masturbation. »

Elle se tourne vers moi et entreprend de m'équiper de l'objet. Une large mais fine gaine métallique est passée autour mon bassin puis serrée plus que de raison, m'arrachant un gémissement de douleur. Une seconde bande, métallique elle aussi, passe entre mes jambes et se clipse à l'avant de l'appareil. Et comble de l'humiliation, la femme positionne un lourd cadenas, s'assurant par-là que je serais incapable de me débarrasser seule de l'objet. Les hommes me relâchent enfin et je contemple la chose, le cœur battant la chamade.

« Retourne à ta place. »

Inutile de me le répéter. Soulagée d'enfin échapper aux regards de toute la classe, je retourne précipitamment auprès de Jade. En marchant, je m'aperçois avec soulagement que la ceinture métallique ne me gêne pas dans mes mouvements. En revanche, elle est trop serrée et je me sens vraiment mal à l'aise équipée de la sorte.

    Je m'assois et tâche de retrouver mon calme. Pour être franche, je m'attendais à pire... Je ne vois même pas l'intérêt de la punition puisque je ne comptais pas me donner de plaisir dans cet endroit. Par ailleurs, même si l'appareil est désagréable à porter, je suis soulagée qu'il cache mon intimité au regard des autres.

« Nous aurions dû voir les ceintures de chasteté plus tard dans l'année mais profitons de l'occasion que nous donne votre camarade. Sortez vos cahiers, nous allons commencer le cours. »

Quelques instants s'écoulent le temps que tout le monde attrape de quoi prendre des notes. Notre rangée manque cruellement de motivation mais personne ne tient à se mettre madame Notat à dos.

« La première mention d'une ceinture de chasteté remonte au XIV siècle dans l'ouvrage Bellifortis de Konrad Kyeser. Elle est décrite comme un dispositif utilisé par des hommes riches et jaloux qui cherchent à s'assurer que leurs femmes ne puissent pas les tromper. Cet objet aurait en effet pu être utilisé par des hommes partant à la guerre pour s'assurer de la fidélité de leur épouse en leur absence. Personnellement, j'adore l'idée de femmes prisonnières de ce dispositif des mois durant, des années peut-être même. J'aime les imaginer prier pour que leur mari revienne vivant afin de les libérer. J'aime imaginer leur réaction à l'annonce de la mort de leur époux, enterré dans une contrée lointaine avec la clef salvatrice. Malheureusement, il est peu probable que de tels objets aient réellement existé au Moyen Âge. Les problèmes liés à l'hygiène et même à la fabrication de ces ceintures sont trop importants pour l'époque. Mais le monde du BDSM s'en est emparé et aujourd'hui, on peut lui donner bien des utilités. Ces ceintures sont notamment utilisées pour garder le contrôle du corps de son partenaire en lui refusant l'accès à sa propre intimité. Ou à l'inverse, elles peuvent être utilisées pour obliger son porteur à subir des assauts sexuels sans moyen d'y mettre fin par lui-même. »

L'école des soumisesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant