L'école des soumises

Chapitre 7 :visite guidée

    Jade s'approche de moi et tente de retirer le bâillon.

« Oh Leïla, je suis vraiment désolée mais il y a un cadenas, je ne peux pas l'enlever... »

J'essuie rageusement un filet de bave qui me coule le long du menton et croise le regard de Romane. Cette dernière sourit, de son drôle de rictus qui me met mal à l'aise. Il me faut un moment pour comprendre qu'elle me fait penser à Mathieu. Je me détourne précipitamment et suis Jade au réfectoire. Je ne pourrais rien manger ce midi mais je ne tiens pas à me retrouver de nouveau seule dehors, pas après mon expérience de la veille. Je m'assois avec Jade au milieu d'un groupe de soumis parmi lesquels se trouvent Anaïs et Fabien. Les autres me regardent avec compassion pendant que j'essuie la bave qui coule sur mon menton. Personne n'est vraiment bavard après l'horreur de ce matin. Pour ma part je suis terrorisée. Tous les cours de littérature vont-ils se passer de cette façon ? Assise à côté d'un jeune pervers qui attend la moindre occasion de pouvoir me sauter dessus. J'ai un frisson d'horreur à cette seule pensée. Nous devons vraiment trouver un moyen de partir d'ici au plus vite.

     L'après-midi est consacré à une matière nommée PCL. N'ayant aucune idée de ce que cela signifie, nous sommes tous inquiets en entrant dans la salle, toujours escortés par quelques gardes. J'entends Jade gémir lorsque nous nous apercevons que ce cours également sera en commun avec la classe dominante. Mathieu se tourne vers moi et me fait un clin d'œil, heureux de voir que je porte toujours son bâillon. Je l'ignore et nous nous asseyons au fond de la salle, le plus loin possible des élèves de la classe dominante. Derrière le bureau professoral se tiennent trois personnes. L'une est madame Notat. A ses côtés se tiennent deux enseignants que je ne connais pas : un homme d'une quarantaine d'années, grand, musclé et aux cheveux poivre et sel. Ses bras sont croisés sur une chemise noire très élégante et son regard ne quitte pas notre classe. Il semble jauger chacun d'entre nous, un sourire arrogant sur les lèvres. A côté de lui se trouve une belle femme aux cheveux auburn qui lui tombent dans le dos. Elle n'est pas très grande mais elle dégage un charisme incontestable. Un mince sourire se dessine sur son visage lorsqu'elle aperçoit le bâillon que je porte. Les trois adultes nous regardent nous installer. Comme bon nombre de mes nouveaux camarades, je croise les bras sur ma poitrine et croise les jambes. J'ai toujours du mal à croire que l'on nous oblige à nous promener en exhibant notre corps de la sorte...

     Une fois le silence revenu, madame Notat prend la parole :

« Bonjour jeunes gens. Avant de commencer, laissez-moi vous présenter mes collègues : monsieur Guirot et madame Lissot, respectivement professeur de comportement d'un soumis et de comportement d'un dominant. »

Je contemple l'homme avec dégoût. C'est donc lui qui est censé nous apprendre à nous comporter comme des soumis... Quant à l'autre, je me demande bien ce qu'elle peut enseigner dans son cours. Certainement pas l'empathie et la bienveillance...

« Nous nous verrons quatre heures chaque semaine pour la création de votre projet. PCL sont les initiales de Projet Commun Libre. Pour tous, dominants comme soumis, c'est une matière qui compte pour le tiers des points qui vous sont attribués en fin d'année, ne la négligez donc surtout pas. Ce projet vous prendra beaucoup de temps mais le principe est très simple : vous allez former des groupes de quatre, deux dominants et deux soumis, et créer un film sur le thème de la soumission. Vous serez notés sur la réalisation, sur l'imagination dont vous aurez fait preuve, sur vos talents d'acteur et bien sûr sur le côté érotique de votre film. Les trois meilleurs seront mis en ligne sur le site de notre établissement. »

La prof continue ses explications mais je n'écoute plus. On a franchi un pas de plus dans l'horreur. Nous devons maintenant réaliser un film porno... Jade, assise à mes côtés, s'est mise à sangloter discrètement. Je lui prends la main et la serre, la réconfortant autant que je me réconforte moi-même.