Banana fish-One shot

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Eiji...
Alors que je sens la vie me quitter peu à peu, c'est vers toi que se tourne mes dernières pensées. Pas vers mon père, pas vers Dino, pas vers Shorter, pas vers ma mère qui m'a abandonné mais vers toi uniquement...

La première fois que je t'ai vu, tu m'as parlé dans un anglais absolument abominable, la bonté et l'innocence émanaient de toi.
En face, moi, Ash Lynx, chef de gang de dix-sept ans à qui la vie avait appris à ne s'attacher à personne, à qui la vie avait poussé à croire que la gentillesse et l'amour n'existaient pas dans ce monde.

Je me suis toujours tenu à l'écart des autres, je pensais qu'il en était mieux ainsi. Les pertes peuvent détruire une vie.
Mais la solitude aussi.
Je ne m'en rendais pourtant pas compte avant.

Je vivais seulement pour ne pas mourir.

Puis tu es arrivé, plein d'entrain, ayant foi en la vie, en notre destin.
Pour moi, tu n'étais qu'un gamin aveugle quant à l'atrocité de notre monde, un de ces petits enfants couvés qui ne connaissent rien à la difficulté de la survie dans la rue et je t'ai tout d'abord regardé avec dédain.

Mais au fur et à mesure, ta compassion, ta générosité et ta sensibilité m'ont submergé, me faisant m'ouvrir à quelqu'un pour la première fois de toute mon existence.
Eiji...Tu es la seule personne en qui j'ai totalement confiance et pour laquelle je suis prêt à me sacrifier sans aucun regret.
Tu es là seule personne à n'avoir jamais rien demandé en échange de ma présence.
Tu es le seul à ne pas avoir eu peur de moi. Jamais.
Tu es le seul à avoir vu la tristesse au fond de mes yeux et tu es là seul à m'avoir tendu la main.

J'avais un principe: ne jamais paraître faible devant quiconque.
Et pourtant, maintes fois j'ai pleuré sur ton épaule.
Je m'appliquais à faire croire qu'un lynx solitaire n'avait besoin de personne.
Et pourtant, plusieurs fois je t'ai supplié de rester à mes côtés.

Tous s'éloignaient peu à peu de moi, me laissaient, m'abandonnaient.
Mais pas toi.
Tu es une personne unique, admirable et courageuse.
Tu dis m'admirer mais je ne sais lequel de nous deux s'extasie le plus devant l'autre.
Toute ma vie, j'ai attendu quelque chose, quelqu'un.
Ce quelqu'un, cela devait être toi en réalité...

Je t'ai souvent répété que nous vivions dans deux mondes différents qui ne pouvaient se croiser, qu'un chat sauvage ne pouvait côtoyer un lapin innocent.
Je le pense encore, cet univers de tuerie n'est pas le tien. Mais je ne regrette pas une seule seconde de t'avoir rencontré et je te suis reconnaissant de ne pas être parti malgré la peur et le sang répandu par ma faute.
Je n'ai jamais vraiment su ce qu'était l'amour...Comme tout le monde, j'ai pu l'observer mais sans jamais le vivre.
Alors comment puis-je définir ce sentiment qui m'envahit lorsque je pense à toi ?
Est-ce de l'amour ?

Je t'ai un jour parlé des Neiges du Kilimandjaro. Je me suis comparé à ce léopard retrouvé mort et tu m'as alors rassuré en me certifiant que je ne lui ressemblait pas.
Tu as eu tord cette fois-ci...
Alors que je me vide de mon sang, je le sais : comme le léopard, je suis arrivé au point de non-retour, je ne m'en sortirai pas aujourd'hui.
J'en suis conscient, tout est fini...
J'en suis conscient et pourtant, pour la première fois de ma vie, je suis heureux.
Tu trouverais sûrement étrange que je dise cela en sachant que je vais mourir...
Mais c'est la réalité. Si j'ai pu être ne serait-ce qu'un tout petit peu aimé par toi, ma vie n'aura pas été que souffrance et tristesse, n'est-ce pas ?

Je n'ai qu'un seul regret, je ne pourrais jamais voir le pays où tu es né...
Mais c'est le seul.
J'aurais aimé te rencontrer plus tôt, Eiji. Bien plus tôt.
Dans le chaos et l'enfer qu'était ma vie, tu es devenu mon paradis, une île,un oasis, au milieu de l'océan déchainé de mon existence.
Je te dois tellement peut-être serais-je parti bien avant sans toi.
Peut-être es-tu ce que l'on appelle une âme-sœur...
J'aimerais tellement qu'il existe quelque chose après la mort qui nous permettrait de nous revoir un jour...
Mais j'espère sincèrement que tu me rejoindras le plus tard possible.

Je n'ai pas peur Eiji, ne t'en fais surtout pas pour moi.
Regarde, je suis assis à la place que tu as un jour occupée à la National Public Library. J'ai l'impression que tu es juste à côté de moi, que tu me prends dans tes bras, comme tu l'as fait un nombre incalculable de fois... Quelle agréable pensée...
Revivre tout nos souvenirs ensemble est un très bon moyen d'adoucir la mort.
Je serre une dernière fois la lettre que tu m'as écrite, si belle...
On dirait presque une lettre d'amour...
Eiji...même si tu ne me vois plus, je serais toujours à tes côtés, tu peux en être certain.

Je crois que finalement, aux portes de la mort, je peux bien le dire : Je t'aime.
Je t'aime énormément. J'aurais dû prononcer ces tendres mots en face de toi depuis bien longtemps.
Merci, merci infiniment.
Merci d'avoir rendu ma vie meilleure.
Merci d'avoir vu en moi un homme et non un soldat invincible.
Merci d'avoir su m'aimer malgré mon sale caractère.
Merci de m'avoir apporté la paix.

C'est ainsi que je m'éteins. Dans la lumière du soleil couchant, j'expire mon dernier souffle, le cœur apaisé, ta lettre serrée dans mes mains de toute mes forces.
Je m'éteins heureux.
Sayonara, Eiji...

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Merci à tous d'avoir lu ce one-shot !
Cela me tenait beaucoup à cœur de l'écrire même si ça a été une véritable torture pour moi de revivre ces instants-là de Banana fish🫠.
Vous avez réagi comment à la fin vous ?
Parce que perso, je m'y attendais vraiment pas ça a été un vrai coup au moral, je crois qu'aujourd'hui encore j'en suis toujours pas remis...🫠😩

Merci encore d'avoir lu l'histoire, en espérant que ça vous aura plu ! 👋🏻

 Banana Fish OS - SPOILEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant