Chapitre 9 : Connor

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Un grand sourire qui ne quitte pas mon visage, je pousse la porte du vestiaire, encore emballé par l'énergie du match. On a remporté cette première rencontre. Les gars discutent, tous heureux du déroulement de la soirée. Ils s'échangent des accolades amicales, fiers de notre performance de ce soir. Je m'avance vers eux, les rejoignant dans l'euphorie générale. Nous célébrons notre victoire tous ensemble. Le coach tape dans ses mains pour attirer notre attention. Nous formons un cercle autour de lui tandis que les discussions se calment. Il nous scrute un à un, le sourire aux lèvres, avant de prendre la parole :

— Je ne pourrais pas être plus fier de vous. C'est un beau début de saison. Vous avez su montrer votre détermination sur le terrain, nous félicite-t-il.

On s'échange des regards satisfaits entre nous. En tant que capitaine, je me dois, à mon tour, de dire quelques mots à l'équipe.

— Ce n'est que le début, les gars. On va continuer sur cette lancée, ensemble. Ce soir, on célèbre, mais dès demain, on se remet au travail. On va leur montrer qui on est !

À ces mots, une vague d'acclamations monte de la part de mes coéquipiers, exprimant leur accord et leur enthousiasme face au discours que je viens de prononcer.

Je me doutais qu'on allait gagner. Aujourd'hui, nous sommes un 13 septembre. Pour certains, ce nombre est synonyme de malchance, mais pour moi, c'est un numéro porte-bonheur. C'est d'ailleurs le chiffre sur mon maillot. Depuis que je suis petit, le treize a souvent été associé à des événements positifs. Je me souviens par exemple du jour où j'ai marqué mon premier touchdown, un souvenir inoubliable qui avait eu lieu un 13 mars. Mais ce n'est pas tout : mon chien est né un 13 et on l'a adopté exactement trois mois plus tard, jour pour jour. Bien qu'il ne soit plus parmi nous, il a été un animal parfait. Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres. Pleins d'autres petits trucs ont renforcé l'idée que ce nombre est spécial pour moi. Il semble vraiment porter chance dans ma vie, et encore une fois, la victoire de ce soir me le prouve.

Il y a une soirée organisée dans un bar en ville pour fêter notre victoire, et avec la moitié de l'équipe, on a décidé de nous y rendre ensemble. Après une douche, nous sortons des vestiaires et marchons en groupe vers la ville. Nous sommes vraiment beaucoup, certains étudiants nous ayant rejoint en cours de route. Avec Matt et Jonah, nous sommes en boucle sur l'action décisive du match : cette interception en fin de partie qui a scellé notre victoire. Ant marche plus loin avec une fille, le bras autour de ses épaules. Sûrement son prochain plan cul.

Sur la route, le groupe d'amis d'Anna nous rejoint. Je coupe ma conversation avec mes meilleurs potes pour aller voir mon ex. Son regard s'illumine lorsqu'elle me voit approcher.

      — T'as été incroyable. C'était une belle victoire.

Souriant, je la remercie.

      — On a eu chaud pendant un moment, mais on a su reprendre l'avantage.
      — J'ai vu, t'as géré ça comme un pro.

Nous continuons à discuter du match en marchant côte à côte, nos épaules se frôlant parfois tellement nous sommes proches. En arrivant devant le bar, nous constatons que l'endroit est déjà bondé de monde. Je tiens la porte à Anna, et nous entrons ensemble dans l'établissement, déjà animé par ceux qui sont arrivés avant nous pour célébrer la victoire.

Je repère Amy parmi la foule. Miss Vomito fait parti de la soirée. Ça veut dire qu'elle est venue au match. Cette idée me fait plus plaisir que je ne l'aurais cru. J'attends qu'elle parte se resservir un verre au comptoir et m'approche d'elle.

— Je suis content de te voir, Miss Vomito. Alors, t'as pensé quoi du match ?

Elle relève les yeux vers moi.

— C'était pas si mal. Tu t'es plutôt bien débrouillé, admet-elle.

"Pas si mal", vraiment ? Il faut presque la forcer pour obtenir un compliment de sa part. Bizarrement, ça me fait sourire.

      — Maintenant que tu m'as vu jouer et que ça t'a plu, tu n'as plus aucune raison pour ne pas assister à tous les matchs, la taquiné-je.
      — Ah carrément ! Donc désormais, à chaque fois qu'il y aura un match, je devrais annuler mes révisions ? Me questionne-t-elle en haussant un sourcil, sa voix teintée d'ironie.
     — T'as tout compris.

Amy secoue la tête en affichant une expression amusée. Puis, elle laisse échapper un léger rire tandis que nos regards se croisent de nouveau. Ni l'un ni l'autre ne quittons nos sourires depuis le début de la conversation. Ce soir, il n'y a pas de politesse forcée comme elle en a l'habitude, seulement des sourires sincères. Elle semble faire ce constat en même temps que moi, car un air troublé se dessine peu à peu sur ses traits. Je vous ai déjà dit que je trouvais cette fille super belle ? Ses cheveux châtains, légèrement ondulés, tombent sur ses épaules, tandis que ses yeux noisettes semblent briller sous la lumière du bar. Elle est très grande. Jamais je n'avais rencontré une fille aussi grande avant elle. Mais, malgré ça, elle reste légèrement plus petite que moi. Je trouve que sa taille ajoute un truc en plus à son allure.

— Connor, mon gars ! T'as été olympique ce soir !

Jayden me prend dans ses bras, interrompant ma discussion avec Amy et mes pensées. Il me fait deux tapes dans le dos puis se recule. Se retournant vers Amy, qui se trouve encore là, il la salue. Elle s'excuse poliment avant de partir rejoindre son amie. Je suis limite déçu qu'elle parte aussi vite. J'aurais aimé qu'on parle plus. À chaque fois, j'ai l'impression que ce n'est jamais assez. Je me demande vraiment si un jour j'arriverais à apprendre à la connaître réellement. Je finis par me tourner vers Jayden et nous nous mettons à discuter ensemble du match.

Plus tard dans la soirée, Anna revient vers moi. Elle est fatiguée. Je le remarque car, sans dire un mot, elle s'approche de moi et se blottit contre mon torse. C'est comme si rien n'avait changé entre nous. Je referme mes bras autour de son dos et pose ma tête sur la sienne, respirant l'odeur de son shampoing, un parfum que j'ai toujours adoré. Putain, qu'est ce que je me sens bien dans ses bras. Même si j'ai l'impression que mon cœur n'accélère plus comme avant, sa présence m'apaise. Mais, alors que je ne pense plus à rien, mes yeux se posent sur une silhouette qui vient de sortir du bar. À travers la vitre, mon regard rencontre celui d'Amy, et je distingue des émotions sur son visage que n'arrive pas à déchiffrer. Et, avant que je ne puisse comprendre, elle tourne les talons et s'éloigne dans la nuit.

Amy [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant