Le Nébuleux [𝙉𝙀𝙓𝙐𝙎 𝙏.1]

🍂 1| L'ETRANGER AU YEUX DE BRUME

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— Hier, c'était répondre aux questions des gens. Aujourd'hui, c'est trier tous ses bouquins... Elle va me demander quoi demain ? Devenir bibliothécaire à sa place ?!

La silhouette d'un jeune homme apparut derrière une étagère, continuant à grommeler avant de déposer sa pile de livres, tous plus ennuyeux les uns que les autres, sur une table basse.

Ses cheveux noirs étaient encore plus ébouriffés que d'habitude. Mal rasé, mal réveillé et surtout très peu motivé, son niveau d'efficacité devait être actuellement à zéro. Et encore.

— Je suis alchimiste, moi, pas son apprenti ! Qu'elle fasse son travail elle-même, au lieu de s'amuser dans les auberges de la ville ! ajouta-t-il en fixant sa pile d'ouvrages.

Il repéra sans peine une étagère vide et y glissa les livres d'un coup sec. Comme s'il allait s'amuser à trier des romans. De toute façon, tout le monde n'y verrait que du feu.

Il s'éclipsa rapidement avant que la vieille mégère qui servait de bibliothécaire du royaume n'arrive et se dirigea vers sa maison, quelques livres sur l'alchimie en main. Ce n'était pas du vol, juste une récompense pour ses rudes efforts. Comme s'il faisait ce boulot par charité !

Il quitta bientôt Edealia, lançant une grimace aux soldats de garde, qui restèrent impassibles. Déçu de ne pas avoir suscité de réaction, il oublia rapidement son indignation en empruntant le sentier de graviers qui cédait à un chemin sablonneux.

Comme toujours lorsqu'il traversait ces lieux, la vue époustouflante des montagnes d'Aldara le laissa sans voix. Les sommets enneigés, d'une blancheur éclatante sous le soleil, se dressaient majestueusement contre le ciel azur. Ses yeux s'écarquillèrent d'admiration tandis qu'il se voyait incapable de détourner le regard de ce spectacle, laissant chaque détail de la chaîne montagneuse se graver dans son esprit.

Avant qu'il ne s'en rende compte, il atteignit sa cabane. Le jeune homme ouvrit doucement la porte, qui émit un crissement de protestation, et entra dans la pièce pleine à craquer de babioles toutes plus étranges les unes que les autres.

L'intérieur de la cabane était un véritable capharnaüm, un musée, quoique désordonné, de l'alchimie. Des étagères en bois bancal débordaient de fioles en verre contenant des liquides colorés, des cristaux luminescents et des plantes séchées aux formes tordues. Sur une table en bois massif, recouverte de tâches et de brûlures témoignant de récents échecs alchimiques, était exhibée fièrement une pile de «ses» grimoires.

Des parchemins roulés s'entassaient dans un coin tandis que des schémas griffonnés à la hâte tapissaient les murs. Une douce odeur d'encens et de plantes médicinales flottait dans l'air, mêlée à des relents plus âcres de soufre et de métaux chauffés. Des bougies disséminées çà et là diffusaient une lumière vacillante, projetant des ombres dansantes sur les murs de son habitation.