Tentative avortée #1

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Je n'arrive pas à dormir. Même si je suis pleinement consciente que je passe mes journées à ressentir une lourde fatigue handicapante, impossible de lâcher prise et de dormir.

Dans ce tourbillon d'angoisse, j'y repense ; la première fois que j'ai vraiment ressenti le danger que je pouvais devenir pour moi-même.

Je ne me souviens plus ce qui m'avait mise dans cet état. Je me rappelle seulement de la manière dont mon corps a commencé à se sentir lorsque j'ai élaboré ma tentative.

Les émotions étaient si fortes, la culpabilité et le désespoir étaient si lourds. Je souffrais tellement. Tout ce que je voyais c'était la mort, la tranquillité.
J'ai cherché désespérément sur internet la dose de médicament que je devais prendre pour passer de l'autre côté. Heureusement ou malheureusement, impossible de trouver un grammage. J'avais beau fouiller l'internet entier, rien.

Je ne saurais pas dire la manière dont ça m'a impacté mais à ce moment là, il était près de moi. Contrairement à son habitude, il était sur le lit avec moi. Parfois, il se tournait vers moi et me demandait ce que je faisais. À chaque fois je verrouillais mon téléphone et lui mentais en lui assurant que je ne faisais rien d'intéressant. Malgré cette présence inhabituelle, il m'était impossible d'arrêter de chercher. C'était devenu la chose la plus importante pour moi.

Finalement, j'ai trouvé. Mon corps tout entier s'est relâché, j'avais enfin trouvé ce qui allait me permettre de fuir ma réalité. Seulement, ce jour là ma fatigue chronique faisait des siennes, et je n'avais plus de traitement. Tout ce qu'il me restait, c'était d'aller à la pharmacie. Me lever, marcher et prendre ces médicaments. Lorsque je me suis sentie prête, je me suis rappelée que lui aussi avait besoin d'un traitement à la pharmacie. Je lui ai demandé son ordonnance pour y aller pour lui mais il m'a dit qu'il préférait y passer dans la soirée.
J'ai eu l'impression que tout me filait encore entre les doigts. Je ne comprenais pas pourquoi il ne voulait pas profiter de ma proposition.

Je suis retournée me coucher, l'esprit embrumé. Pourquoi avait-il fallu qu'il se mette en travers de ma route à ce moment là ? La manière dont mon corps tout entier s'était senti lorsque j'avais enfin trouvée une solution à mes souffrances, la manière dont malgré la fatigue j'étais prête à tout pour tout lâcher, c'était tellement étrange. 
Je me suis mise à avoir des vertiges. Mon auto-destruction ne se limitait plus aux coups et à la scarification. Je mettais le pied dans quelque chose de bien plus grand.

Une seule personne est au courant ; celle qui recevait mes idées noires lorsque tout a commencé à dégénérer, il y a plusieurs années. Même si nous n'avons plus aucun lien depuis que nous sommes partis faire nos études, c'est la seule à qui j'ai pu et voulu le dire.
J'aimerais pouvoir le dire aux gens importants pour moi. Seulement ils portent déjà le poids de mes pathologies sur leur dos. Je ne pourrais ajouter ça au fardeau que je suis.

Dans la tête d'une borderlineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant