Meteorite - axe n°2

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L'air saturé de poussière emplit mes poumons.

Je tousse, c'est horrible de tousser comme ça. Mon corps est lourd, j'ai tellement peur de bouger.

Il n'y a pas un bruit autour de moi. Juste le son du vent.

J'ai envie de crier au secours, je veux qu'on vienne me sortir de là mais je ne sais même pas si ça servirait à quelque chose.

Je tends la main, mes doigts tremblent. Je m'en veux d'être aussi faible.

Relève-toi.

Je veux bien mais je n'y arrive pas. Mon corps est bloqué, mes muscles tétanisé.

Relève-toi.

J'aimerais faire taire cette voix dans ma tête, qu'est ce qu'elle m'énerve.

Relève- toi, bon sang !!

Il me semble que je lâche un cri de désespoir, mais je ne saurais dire si je l'ai imaginé ou non. Je pousse sur mes bras, rassemblant toutes mes forces pour relever mon buste.

Je suis assis au milieu des décombres. J'en pleurerais presque de joie.

Je suis vivant merde.

Ma joie est de courte durée. Il faut que je trouve Yeonjun. Je tente de me mettre sur mes pieds mais je tombe immédiatement. Par automatisme, ma main touche ma tempe.

Je la retrouve pleine de sang, et un haut le cœur me prends.

- Monsieur !

Qui m'appelle ? Qui a eu l'espoir de retourner ici, pour trouver des survivants ?

- Monsieur, ne bougez pas, nous venons vous chercher !

Je ne comptais pas bouger je n'y arrive pas de tout façon.

Les secouristes arrivent à ma hauteur, en tenu jaune pour les pompiers, blanche et rouge pour les bénévoles. Je dois être pathétique, couvert de poussières et de sang.

- Yeonjun... murmuré-je.

Je fouille le périmètre du regard et mon cœur s'emballe. Il n'y a plus que de la poussière, des ruines, du sang sur les pierres.

Je me débats, je refuse de rester coincé entre leurs bras. Je bats des pieds, des jambes et mes efforts finissent par payer.

Je ne sais pas avec quelle force je réussis à m'aventurer dans les ruines. C'est comme si j'étais juste spectateur de mon propre corps.

- Yeonjun !!!

Je crie à m'en arracher les poumons mais rien ne viens faire échos à mon appelle désespéré. Mon rythme cardiaque s'accélère.

Il y a peut-être une chance. Infime, mais c'est une chance quand même. Il est peut-être vivant. Je le suis. Je l'ai tenu dans mes bras tout le long de la chute.

Jusqu'à ce qu'elle nous sépare.

Je cours, trébuche, tombe, me relève et ce schéma se joue encore quelques minutes avant que je n'arrive vers ce qui je crois être mon appartement.

En fait, non je n'en sais rien. Ça ne peut pas être l'endroit où j'ai vécu, où j'ai dormi. Ça ne peut pas être le lit où j'ai aimé Yeonjun, où je l'ai bercé quand tout allait mal. Mes souvenirs réduits en miettes.

Une main. Une main bouge, là au niveau du lit. Cette main, je la reconnais d'entre mille. Yeonjun.

Dans un élan d'espoir, je viens bouger les blocs de béton qui l'entrave, sourd aux cris des secouristes.

MeteoriteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant