CHAPITRE 17 | Heather

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❄︎ 𝐇𝐄𝐀𝐓𝐇𝐄𝐑 ❄︎

Je l'ai suivi.

Je me suis réveillée avec des yeux si rouges qu'il était limpide que j'avais passé la nuit à pleurer. Au début, je pleurais de nostalgie. Je revoyais ces moments passés où j'avais enfin l'impression d'avoir trouvé ma place. Et parmi tous ces garçons mauvais, j'avais trouvé celui qui me serait dévoué. Si je me concentre bien, je peux encore ressentir le bonheur que j'ai ressenti durant les quelques semaines où nous étions l'un pour l'autre ce que des amants et des amoureux sont. Je revois aussi ma relation avec sa sœur, qui était ma seule source d'amitié et de confort quotidiens. Entre la perfection irréaliste de la famille White, j'avais une place de choix.

Puis tout s'est écroulé. Et je repousse de plus en plus le moment où je devrais mettre des mots sur ces souvenirs-là.

Je le dois. Mais avant, j'ai besoin d'un secret pour faire pression. Il me faut son secret, sans ça je ne peux pas gagner.

Je me suis finalement abaissée à son niveau. Et j'ai repensé aux paroles de Stan :

« Tu as remarqué qu'Alexander s'absente tous les dimanches, sans exception ? Il part en fin de matinée et ne revient qu'en fin de soirée. Il ne va pas voir ses parents, tu dois t'en douter... Alors, qu'est-ce qu'il fait ? »

Tous les vilains démons d'Oxford cachent un secret, et celui qui m'intéresse est à présent devant moi.

Je lève les yeux devant l'immense édifice et remercie chaudement l'élégante dame qui m'a permis de se joindre à elle dans la voiture qui l'attendait à cette gare mystérieuse.

La gare n'a pas de nom et le lieu devant lequel je me trouve s'appelant l'Hoffman Centre, est introuvable sur une carte. De ma brève conversation avec la dame, j'ai compris que c'était une sorte d'asile secret pour les enfants de famille qui ne peuvent pas se permettre d'avoir des malades dans la famille. Des malades, ou des rebelles, j'ai supposé.

Mais alors qui peut bien se trouver par-delà ces murs ? Et quel est le lien avec Alexander ?

Je fais les cents pas devant l'entrée, ne sachant pas réellement comment m'y prendre. Devrais-je prétendre être venu voir quelqu'un ? Et si je me trompe de nom, appelleront-ils la sécurité ?

Il vient forcément voir un proche, mais Alexander n'a pas de proche. A l'internat, il n'avait que sa sœur et moi. Puis il y a sa famille. Son père est à la tête de la plus grosse organisation du pays, c'est impossible. Sa mère jonglait entre les cachets, ça aurait du sens mais son mari la voulait ainsi. Alors...

Lorsque vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité.

Victoria.

Je secoue la tête. C'est impossible. Impossible que cette garce soit en train de croupir dans cet asile depuis des années. Elle était trop forte pour ça.

Et puis pour quelles raisons ? Qu'est-ce qu'il aurait bien pu se passer pour qu'elle soit internée dans un endroit pareil. Elle était parfaite, et elle faisait tout pour le rester.

Elle ne mangeait jamais trop, elle révisait beaucoup, elle ne laissait jamais marcher sur les pieds, elle avait la beauté, la gloire et l'intelligence. Elle avait le monde prêt pour elle sur un plateau d'argent. Seulement, elle avait un tyran pour père. Mais elle était parfaite, alors pourquoi ?!

Peut-être que je divague, peut-être que ça n'a rien à voir avec sa famille et qu'Alexander est simplement là pour proposer son aide sur la base du volontariat. Je ris. C'est la moins probable de toutes mes hypothèses.

NOSTALGIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant