Chapitre 10

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Le lendemain, je me suis réveillée plus tôt que prévu. Je suis censée commencer à 9h30 le mercredi mais je me suis levée à 6h30. Je ne sais pas où est Héloïse, et j'aimerais poser la question à mon père, tout en essayant de comprendre ce qu'il s'est passé hier. D'ailleurs, ma mère n'est pas présente au petit déjeuner, et je dois me contenter de céréales au lieu de la cuisine délicieuse de maman. Papa ne me parle pas, il s'est contenté de me prendre dans ses bras. Je n'ai pas posé de questions, pas pour le moment. Je crois qu'il ne vaut mieux pas, en tout cas, pas maintenant. Je me suis rapidement préparée et suis sortie de la maison. Papa a du oublier que je commence à 9h et n'a pas fait de commentaires sur le fait que je sors de chez moi deux heures et demi plus tôt. Je mets mes écouteurs et je marche dans Paris, pour me libère l'esprit. J'écoute la même chanson en boucle : Fictional de Khloe Rose

Cause, if it isn't real, you can pretend all you want
Parce que si ce n'est pas réel, tu peux prétendre tout ce que tu veux
It's all you'll ever need
C'est tout ce dont tu auras besoin
"That's not healthy", they said, "To live in your head"
"Ce n'est pas sain", disaient-ils, "De vivre dans sa tête"
But it hurts a lot less to me
Mais ça me fait beaucoup moins de mal

I fall in love with boys I see on a TV screen
Je tombe amoureuse des garçons que je vois sur un écran de télévision
The ones in books who are as perfect as they can be
Ceux des livres qui sont aussi parfaits que possible
I spend all of my time imagining what it would be like if they existed
Je passe tout mon temps à imaginer ce que ce serait s'ils existaient

 Je fredonne les paroles de cette chanson tout en passant par la Tour Eiffel, le Trocadéro, et d'autres endroits beaux de Paris. Je prends le métro pour aller d'un endroit à l'autre, Fictional résonnant dans la tête. Les paroles sembles correspondre à mon histoire. Au bout d'une heure, je décide de revenir vers mon lycée. Dans le métro, pourtant, une figure que je connais bien se dessine sur un des sièges. Gabriel a l'air sombre et fatigué. Il a des cernes et le teint pâle. Je marche vers lui, dans l'espoir qu'il me voit avant que je l'aborde. Comme s'il avait un radar, sa tête se relève. Ses yeux me regardent. 

- Grace, marmonne-t-il en détournant les yeux.

Je m'assois près de lui. 

- Ça va pas ? je demande doucement.

Il pose à nouveau ses yeux sur moi.

- Je ne suis sûr de pouvoir aller à Scrio, lâche-t-il. 

- Pourquoi ?

- Mes parents n'ont pas... l'argent, avoue-t-il, une place dans l'équipe serait mon rêve, mais mon père n'a pas réussi à avoir le fric.

- Ah, je commente, désolé. 

Il hausse les épaules. Pas très sure de moi, j'enroule quand même mes bras autour de lui. Il se redresse vivement à mon contact et déclare rapidement :

- J'y vais, à plus Grace.

Il est vraiment parti parce que c'était l'endroit où il devait partir ou bien parce que je l'ai touché ? Je soupire. C'est compliqué, en ce moment. Héloïse est partie, ma mère de va pas bien, et c'est rare, et surtout, mes amis ne parlent plus. On ne s'était jamais disputés, tous les trois. On formait la bande parfaite. Une fois arrivée au lycée, je repère mes deux amis, ensemble en train de rire sur notre banc. Thomas les a rejoins. Il tient Kim par la taille. Il semblerait que leur rendez-vous ait bien fini. J'aimerais bien aller avec eux... 

Non. Ma fierté prend le dessus et je détourne le regard. Comme pour me sauver, la cloche retentit. Le premier cours, celui de sciences, se déroule avec des regards noirs de mon copain, mon voisin ne me parle pas et évite mon regard. Co' ne m'adresse même pas la parole. Se disputer pour ça ? Je n'ai rien dit d'horrible. Ce garçon n'a rien à faire avec Kim, c'est clair et net. J'ai un autre problème dans la tête. Héloïse. Où est-elle ? Un virement dans ma poche me fait sursauter.

Gabriel: désolé pour tout à l'heure. Je peux passer chez toi après les cours ?

Vous : Avec plaisir 

Je répond distraitement. La, j'ai besoin de quelqu'un. Et je ne peux compter que Gab pour le moment. Il pourra peut-être m'aider avec Héloïse ? Mais d'abord, il faut qu'il aille mieux lui-même. Voir son rêve s'envoler pour cause d'argent... ce n'est pas juste. Le midi, je mange seule. La pause me semble interminable. Je me force à ne pas regarder mes amis. Tout à coup, je sens quelqu'un me tapoter l'épaule. Je le retourne pour voir Lorena, qui me regarde avec pitié.

- Hey meuf, tu veux venir avec nous ? T'es toute seule depuis ce matin, propose-t-elle. 

Je lui souris et accepte. Vaut mieux ne pas être seule toute la journée. Je m'approche de la bande d'amis : Jordan, Lorena, Ashley, Jessica, Alex, Titouan et Nathan. Je les connais de vue seulement, et je ne leur ai jamais parlé. Les sept amis parlent tranquillement, de tout et de rien. Il n'ont pas l'air méchants comme les clichés populaires. Sauf Jessica, elle par contre, c'est le cliché. Rien que de rester un peu avec elle, ça m'a saoulé. Le gloss sur ses lèvres ne ressemble plus a du gloss mais à de la confiture qu'elle aurait étalé. J'ai appris qu'elle sortait avec Jordan, le plus beau des quatre garçons. Nathan et Alex ont air super sympas. Titouan est plus le genre bad boy. Lorena ne cache pas ses sentiments pour lui, tout le monde l'a bien compris. J'aime bien écouter leurs histoires, et comme ils ne me connaissent pas, ils ne se gênent pas pour tout dire. Je me focalise sur leurs potins. Franchement, c'était le meilleur moment de la journée. Les cours de l'après-midi se sont faits à côté de Nathan, qui a accepté de venir à côté de moi. Corentin a fait la moue mais est parti quand même. Je ne sais pas ce que ça lui fait. Peut-être qu'il s'en fiche, après tout. Je rentre chez moi sous le ciel pluvieux de Paris. Ma mère est assis à table, la pâtisserie fermée bizarrement. Je dépose un bisous sur son crâne et monte les escaliers. Pourtant, ma mère, d'une voix éteinte, déclare :

- Ma chérie, il faut qu'on parle.

In my dreamsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant