La Faucheuse

La magie du baiser

Taiji frappe à la porte de Mara plusieurs fois. Aucun bruit en réponse.
Il sort les doubles de clés que Mara lui a offerts de sa poche et les insère dans la serrure. Un clic sec et la porte s'ouvre. L'intérieur est baigné d'une lumière douce filtrant par les rideaux. Mara est allongée sur le lit, le visage détendu. Taiji pose le sac qu'il porte sur une chaise puis s'approche de la cuisine. Il sort du réfrigérateur les ingrédients pour préparer un omelette aux champignons noirs, le plat préféré de Mara.

Il allume le feu, casse les œufs dans un bol, ajoute les champignons et du sel. Pendant qu'il cuisine, il jette un œil à sa montre : 14h32. Il a largement le temps.

Bientôt, elle sera là, attirée par cette odeur familière. Bientôt, tout rentrera dans l'ordre.
Mara ouvre les yeux, la lumière du soleil lui chatouillant les paupières. Elle se tourne, et son regard tombe sur l'assiette fumante posée sur la table de nuit. Un sourire naît sur ses lèvres. Son plat préféré. Elle se lève, un peu raide, et s'attable. La faim la tenaille depuis des heures.

Au moment où elle termine son repas, elle entend la porte s'ouvrir. Taiji apparaît sur le seuil, un sourire en coin. "Alors princesse, tu es déjà réveillée ?" lance-t-il d'une voix suave.

Mara le fixe, un mélange de colère et de confusion dans le regard. "Espèce d'ordure, que fais-tu ici ?" crache-t-elle, la voix rauque.

Taiji hausse les épaules, feignant l'innocence. "Mais qu'ai-je donc fait, mon amour ?"

Mara rit, un rire amer. "Alors monsieur ne sait même pas ce qu'il a fait ? Tu as bien du culot."

Taiji soupire, l'air las. Il sort de sa poche le fémidon, le tend à Mara. "Regarde ça. C'est Kémie qui m'a tendu un piège. Elle voulait te rendre jalouse, me détruire."

Mara lève les yeux au ciel, un mélange de colère et de dégoût sur le visage. "Taisez-vous, Taiji ! Pour les mensonges, il faut de la mémoire. Pour la vérité, il faut des couilles, connard ! Vous en avez jamais entendu parler ?" hurle-t-elle, la voix stridente.

Elle se lève d'un bond, les yeux étincelant de rage. "Et maintenant, hors de ma vue !" crache-t-elle, avant de lui lancer l'assiette vide en plein torse. Les éclats de porcelaine volent en mille morceaux, se répandant sur le sol comme une pluie de haine.

Taiji recule, surpris par la violence de sa réaction. Il se protège le visage. "Ça ne se terminera pas comme ça !" menace-t-il, la voix tremblante.

Mais Mara ne l'écoute pas. Elle le pousse vers la porte, l'expulsant de la pièce d'un geste brusque. Une fois dehors, elle claque la porte avec fracas, enfermant Taiji dans le couloir.

Seule, dans son appartement, Mara s'effondre sur le canapé, les larmes aux yeux. Elle se sent trahie, blessée, humiliée. Elle a tout donné pour cette relation, et voilà comment il la remercie. Un sentiment de vide l'envahit. Elle a l'impression de s'être faite avoir, de s'être laissée berner.

Mara, le cœur lourd, s'isole dans un coin de la pièce. Elle allume une petite bougie, une flamme vacillante qui danse dans l'obscurité. Elle se tourne vers ses ancêtres, ces esprits gardiens qui veillent sur elle depuis des générations. Elle leur raconte tout, les espoirs déçus, la trahison, la douleur. Les flammes semblent danser en rythme avec ses paroles, comme si elles comprenaient sa détresse.

Le lendemain, elle cherche du réconfort auprès de Dayla.

"Je ne suis pas étonnée, Mara", lui dit Dayla, sa voix douce et apaisante.

"Il fallait s'y attendre. De toute façon, il fallait y mettre un terme."

Mara secoue la tête, incrédule.