6 - Pourquoi

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Hold On - Chris Overstreet

Point de vue de Roméo

Je protestais encore une fois contre Elya. Elle mettait toujours une heure sous la douche, papa rallait déjà sans cesse. Je n'avais certainement pas la force de l'entendre se plaindre quand il rentrera. Je commence à travailler à quatre heures cette nuit. Je n'ai pas que ça à faire de surveiller ce qu'elle fait. Elle n'a plus cinq ans sérieux.

Je ne prenais plus la peine de me lever pour lui dire de sortir. Je savais qu'elle regardait son téléphone pour changer de musique. De simples messages feront largement l'affaire. Un, puis deux, puis trois... J'arrive finalement rapidement à vingt messages. Vingt messages synonymes de mon agacement suite à son comportement.

Cinq minutes après le dernier, l'eau s'arrêta. Enfin. Je soufflai, rassuré de ne plus avoir à m'en occuper. La musique était toujours à fond dans la salle de bain. Cela ne me dérangeait pas. Elle le savait donc elle ne s'en privait pas.

Je me décidai à reprendre mon jeu, je n'allais pas me laisser distraire par Elya. J'ai quand même pris l'habitude de ne mettre qu'un seul côté de mon casque sur mes oreilles. Heureusement. La musique toujours à fond dans la salle de bain. Je ne sais pas comment elle peut avoir une playlist aussi longue et aussi triste.

Je me demandais toujours si elle était en dépression ou dans une tristesse semblable.

Elle mettait toujours une éternité à se rhabiller. Pourtant cette fois, mon instinct me disait qu'elle serait plus longue que à son habitude. Une réelle éternité.

Cela faisait déjà un long moment. Papa rentrait dans moins d'une heure. Je devais aller dormir. Je m'étais déjà mis en pyjama lorsque j'entends un bruit violent dans la salle de bain. Je souffle encore une fois, râlant de devoir encore rester éveillé. J'avais l'impression de devoir surveiller une enfant.

En arrivant derrière la porte je lui demandai ce qu'il se passait. Rien. Le silence absolu. Je l'appelai, encore et encore. Peut-être qu'elle n'avait pas entendu avec la musique. Ce qui ne m'étonnerait pas. Toujours aucune réponse. Pourtant j'entendais qu'elle bougeait. Était-elle adossée contre la porte ? Je frappai. Puis je finis par donner des coups. Plus violents. Peut-être qu'elle bougera si je continue. Mais rien.

Le vide derrière cette porte était pesant comme si la vie qui s'y trouvait était en suspens.

Plus mon agacement montait plus mes coups devenaient violents. Je sentais que la pression derrière était de plus en plus faible. Quelque chose de liquide toucha mon pied, ce qui me fit sursauter. Mais en voyant que ce n'était autre que du sang ma vue se troubla et mon pouls accéléra, mon sang se glaça. Je criai pour qu'elle m'ouvre. En vain. Mon agacement, lui, avait été remplacé par du stress.

Un coup fut celui d'utile. Un unique coup qui ouvrit la porte de la vérité.

Elle était là. Elya était inconsciente. Mon cœur se serrait. Un cri de terreur sortit de ma bouche. Je ne comprenais pas la situation. J'étais figé d'horreur, de stupéfaction, d'incompréhension, mais surtout de peur. Que devais-je faire ? Les pompiers ? C'était quoi le numéro déjà ? Je n'arrivais plus à bouger. Je ne parvenais pas à y croire. Figé devant son corps qui semblait si petit, si jeune et la position presque grotesque d'un corps qui semblait sans vie. Après une éternité, la réalité me revient en pleine face. Je tombai à terre. Mes yeux toujours immobiles sur son étreinte inanimé. Je crie. Je crie son prénom. Je crie pour lui demander pourquoi. Je n'arrive pas à gérer la puissance de ma voix, je suis pétrifié.

Criant son prénom de façon répétitive dans l'espoir qu'elle se réveille. Son pouls n'étant plus présent comparé au mien qui battait à une allure que je n'avais jamais connue. Je ne pouvais le calmer. Je ne savais pas comment faire. Des milliers de choses me passaient en tête. Mais durant un moment de lucidité, mon téléphone tombé de ma main lorsque la porte s'est finalement ouverte, j'attrape celui de Elya. Je compose un numéro que je ne pensais pas avoir à composer. Pas pour ça. Quinze minutes... Quinze longues minutes pendant lesquelles je ne savais quoi faire or attendre.

La tête de Elya sur mes jambes. Son corps inerte entre mes bras. Je pris le temps de constater les dégâts qu'elle s'était causés. Comment avais-je pu louper tous les détails ? Avait-elle fait des appels à l'aide ? Ses séances ne l'avaient donc pas aidé ? Je me haïssais de ne pas avoir su l'aider. On était d'une complicité formelle. Elle me racontait sa vie comme si elle avait une caméra plantée dans sa veste pour que je ne loupe rien.

Des milliers de moments me revenaient en tête. Mes larmes n'avaient pas cessé de couler. Au contraire. Plus le temps passait, plus ma peur devenait grande. Je criais encore et encore. La même chose, en boucle.

Elya, je t'aime, ne nous fait pas ça je t'en supplie. Si une part de toi m'entend. Bas-toi, bas-toi pour ceux qui tiennent à toi.

Je pensais à comment j'allais expliquer ça à nos frères. À mon père. Comment expliquer que je n'ai pas su la sauver ? J'aimerais seulement oublier ce que je venais de voir. Comment allais-je pouvoir raconter ça ?

Le téléphone de Elya toujours dans ma main je décidai d'appeler Clément. Il n'a pas compris pourquoi c'était ma voix derrière le numéro de Elya. Mais, avec ma voix tremblante il ne chercha pas à comprendre davantage qu'il était déjà sur la route pour venir. Accompagné de Damien. C'est ce dernier qui s'occupa d'appeler le travail de notre père. Son patron qui n'avait jamais reçu un seul appel de notre part depuis qu'il est dans cette entreprise devait sûrement sentir que quelque chose clochait.

Les trois plus grandes formes masculines de la famille arrivèrent en même temps. Ce qui me permit de ne pas me lever. Les pompiers venaient également d'arriver. On se retrouvait là, tous les quatre, glacé devant l'horreur de la scène. Plongé dans un silence mortel. Les pompiers l'embarquèrent.

L'espoir était l'unique chose qui tenait nos cœurs dans nos poitrines. La raison pour que nos cœurs, saignant déjà à flots, n'explosent pas. Un silence angoissant prenait place entre nous. Sentant que la situation me pesait déjà suffisamment pour que l'absence de bruit ne vienne en rajouter une couche. Je pris la parole, me tournant simplement vers mes frères. Mon père étant déjà hors de la maison. Parti avec les pompiers.

Réfléchissant à plusieurs fois avant de parler. Une mauvaise phrase et la maison devenait une anarchie. Je luttais pour ne pas demander s'ils allaient bien. Leurs visages en disaient déjà suffisamment pour que je sache. Je retenais mes mots. Un simple « ça va » serait beaucoup trop maladroit et mal venu. Comment qui que ce soit pourrait répondre à cette question dans un moment pareil ? Sans même que je ne sorte de mes pensées, ma bouche s'ouvrit.

-Vous souvenez de comment ça s'est passé la dernière fois ?

Les yeux remplis de larmes, ils me regardaient avec un air désespéré. Chacun prenait son temps avant de parler. On savait que s'ils répondaient dans l'immédiat leurs voix se briseraient. Dans un semblant de télépathie les deux plus grands répondent en chœurs.

-Oui Roméo, on s'en souvient.

et si cela arrivait ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant