quatre

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cette nuit j’ai rêvé,
non pas que le toit s'effondrait ou que mon abri se dilatait sous mon poids
mais simplement que tes cils uns à uns tombaient dans le creux de mon cou
une a une j'ai vu
tes paupières se fermer
tendrement — lentement sur mes lèvres bleutées
alors dis moi comment fais tu pour ne pas mourir,
continuer à exister ici là –  au coin de mes empreintes
je te cherche
tu m'échappes
tu n’existes que dans le fond de mes nuits

si la nuit je ne rêve pas c'est parce que je te veille ; rite funéraire du sommeil
je dépose des regards sur la nuit de ton corps
et lorsque je ne dors pas je pourrai te pleurer
tes yeux sont clos sur ta présence et je te regarde comme si tu ne dormais plus
si la nuit je ne rêve pas c'est parce que ton souffle me hante ;
pressante, alourdie sur mon visage, ta respiration m'engloutit
et je ne deviens plus rien sinon ce besoin de me frayer un passage dans ton sommeil

la nuit je ne dors plus, trop occupé-e a ne pas mourir.
parce que ne pas crever c’est ne pas te laisser feindre a ton tour,
le sommeil de plomb et d'acier.
je ne dors pas pour ne pas rêver,
ne plus imaginer ton corps toujours
// toujours dans les décombres de mes maisons sans fins
maisons de terre et de gravier et toi gisant-e au milieu mais cela n’existe que dans la nuit,
alors,
je ne dors plus

j'aimerai me souvenir de nos nuitsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant