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« Je connais un petit bar pas très loin, tu veux qu'on aille là-bas pour discuter ? » Me proposa Charline.

Je secouai vivement la tête pour lui montrer mon refus.

« Je peux me permettre de... Plutôt vous montrer un endroit que j'affectionne particulièrement... ? » Osai-je.

La responsable de la supérette me toisa un instant, puis acquiesça. Elle m'avait confié qu'elle finissait dans une demie-heure ; j'avais donc attendu patiemment. Durant tout le trajet dans sa voiture, nous avions discuté commerce. Je lui avais indiqué l'adresse du restaurant où je travaillais et il avait eu la gentillesse de m'y amener en voiture.
Etonnement, elle ne m'avait pas demandé d'informations personnelles sur moi-même, ou autre. D'habitude, les ennemis que je piégeais -s'ils avaient un penchant pour les jeunes hommes- s'intéressaient davantage à moi. En revanche, Charline était quelqu'un d'assez professionnel.

« Ah, j'y pense, Antonin. Ca te dérange si je fais un saut rapide chez moi ? Je dois prendre quelque chose avant de t'accompagner. »

Je fronçai un instant les sourcils. Ca n'était pas prévu. Quand son regard se posa de nouveau sur moi, je me forçai à me détendre.

« Non, non allez-y. Souris-je faussement.

-Tu peux me tutoyer, tu sais.

-V-vous êtes sûr...? » Bégayal-je, toujours volontairement.

Elle me sourit et hocha la tête.

Une idée effrayante me vint à l'esprit.

Voulait-elle aller chercher des préservatifs chez elle... ?

Je me retins de frémir de dégoût. J'espérais sincèrement que ça ne soit pas le cas. J'avais maintenant la triste habitude des hommes et femmes beaucoup plus âgés que moi, et ce genre de situation ne me plaisait pas du tout. Tentant de me détendre, je décidai de passer outre, regardant à travers la vitre et discutant avec la femme à mes côtés.

« Voilà, on y est.

-Je t'attends dans la voiture. » Affirmai-je.

Elle me regarda, surprise.

Je ne devais surtout pas aller chez elle, c'était beaucoup trop risqué.

Anaïs m'avait enseigné cette règle d'or au début de ma formation: ne jamais aller chez un ennemi sans que ce ne soit prévu. J'avais toujours respecté cette règle. Actuellement, ma mission n'était pas d'aller chez Charline mais de l'amener au resto. Il était donc hors de question que je cède.

« C'est bon, Antonin, monte deux minutes...
Ca sera pas long. Insista-t-elle.

-Justement, si ce n'est pas long autant que je reste ici, n-non.. ? » Répondis-je, persuadé d'avoir trouvé un argument intouchable.

Elle soupira légèrement, quelque peu exaspérée.

« Bon, comme tu veux. »

Elle ouvrit sa portière et, sans un regard derrière elle, ferma cette dernière assez brusquement. Au loin, à travers la vitre, je la vis ouvrir la porte d'une modeste maison.
Pendant son absence, je me mis à fouiller un peu sa voiture, sa boîte à gants et sous les sièges, désireux de trouver, peut-être, l'argent de mon patron ici. Mais rien.

Tant pis, j'irai chercher l'argent de Rayan chez Charline directement une fois celle-ci capturée, comme à mon habitude. En général, si un ennemi avait volé quelque chose je me contentais, après ma mission, de retrouver les choses volées afin de les apporter à mon supérieur, quand il n'y avait plus de réel danger pour moi. Mes autres collègues avaient l'expérience nécessaire pour entrer chez nos ennemis alors que ces derniers étaient bien présents. Pour ma part cependant, Rayan refusait, à cause de ma maigre expérience, de prendre de si gros risques. Je n'étais autorisé à aller fouiller chez l'ennemi que quand ce dernier était prisonnier et surveillé à Manhattan's burger.

suprématie du flopOù les histoires vivent. Découvrez maintenant