ʚꜜ4. ɞ

20 0 0
                                    



Rayan me fixait de ses yeux impénétrables. Je le détaillai un instant et écarquillai légèrement les miens en comprenant qu'il m'avait entendu vomir. Ses manches de chemise étaient relevées et ses yeux étaient d'un noir si prononcé que je ne pouvais soutenir ses prunelles plus de trois secondes.

Une multitude de questions me trottèrent dans la tête, mais mon supérieur ne me laissa pas le temps de me torturer l'esprit puisque, bien rapidement, il parla.

« Dans mon bureau. » Claqua-t-il dans l'air, et rien ne fut prononcé ensuite.

Immédiatement, je le suivis jusque dans la pièce indiquée. J'entrai timidement et il se tourna, me passant devant pour aller fermer la porte. Il se posta ensuite devant moi et appuya ses fesses contre le bord de son bureau, les bras croisés.

Son aura autoritaire et dominante me rendait petit, si petit que je n'osai pas relever le regard. Il m'était impossible de lui faire face.
Impossible de le regarder après la bêtise extrêmement dangereuse que j'avais commise : être si naïf et m'être fait berner par
Charline. Par cette putain de meuf pourtant si bête. Je m'en voulais terriblement. Ma mission était pourtant simple. Je n'avais pas échoué mais je savais que Rayan détestait quand ses employés prenaient de très gros risques inutiles.

Devant le mutisme de mon patron, je doutais que je devais parler le premier. Gardant les yeux baissés, je parlai enfin :

« M-monsieur, je vous p-prie de bien vouloir m'excuser... » Bégayai-je sans le vouloir.

C'était assez fascinant, la façon avec laquelle je réagissai. Avec Charline, je m'étais forcé à bégayer pour me créer un personnage, une facette naïve qui avait pour seul but de la tromper. Avec Rayan... Je pouvais mettre toute la volonté que je souhaitais, je ne pouvais presque pas m'empêcher de bégayer.

« Une seconde... Une s-seconde d'inattention, et elle a mis ce cachet d-dans mon verre...
Continuai-je.

Je me mordis presque la lèvre à sang tant j'étais en colère contre moi-même. Rayan ne bougeait pas. Mes pupilles restèrent figées vers le bas, mais j'apercevais ses bras toujours croisés sur son torse en une position fermée et autoritaire.

Je sais l-les risques que j'ai encourus à ne pas être attentif, ce soir. » Finis-je enfin.

Je n'osai rien ajouter d'autre. Rayan ne me demandait pas la lune, et pourtant je n'arrivais toujours pas à réussir une mission sans fauter. Au début, c'était pire. Mais cela faisait neuf mois, à présent, que j'étais dans le réseau. Les erreurs de ce genre ne devraient plus faire partie de mes missions, je le savais pertinemment. J'avais encore beaucoup à apprendre.

C'était dans ce genre de moment que je me rendais compte à quel point j'étais... Novice.
Rayan était le plus haut gradé dans le réseau, personne n'était au-dessus de lui, et je comprenais tout-à-fait comment il avait réussi ; avec sa rigueur. En neuf mois, je ne l'avais jamais vu flancher, fauter, échouer. Il était terriblement puissant. Et tout le monde le savait.

J'étais parfois admiratif devant sa personnalité. Il m'arrivait de penser à lui et de me demander comment un homme pouvait contrôler ses sentiments à un tel niveau de perfection.

« Regarde-moi. »

J'eus un léger sursaut. Obéissant, je relevai les yeux vers lui. Il avait décroisé les bras et avait mis les mains dans les poches de son jean noir. Sa chemise blanche, dont les manches étaient toujours relevées, était rentrée dans ce dernier. Son corps était finement musclé et je percevais des veines sur ses avants-bras. Il portait une montre en or au poignet gauche et des bagues argentées entouraient ses doigts fins presque chaque jour. Je déglutis en tombant dans ses pupilles noires légèrement cachées par ses cheveux châtains. Il était si charismatique que je ne doutais pas de son pouvoir envers les femmes.

suprématie du flopOù les histoires vivent. Découvrez maintenant