23 | Les yeux de la sorcière

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THOMAS

J- 54

19h03

Quelque part à la frontière du désert, Égypte

         

J'ai la tête plongée dans son armoire quand Caleb revient dans sa chambre. J'entends ses pas trop tardivement pour me cacher alors je tente de rendre la situation moins embarrassante en dissimulant la chemise blanche que je viens de lui voler dans mon dos. Il bondit quand il m'aperçoit et me lance un regard ahuri auquel je n'arrive à répondre que par un sourire gêné.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Tu m'as fait peur putain !

Je n'ai pas le temps de répondre car il remarque tout de suite le cintre dans mes mains et sa surprise se transforme alors en un franc sourire moqueur. Je recule d'un pas, dans l'espoir que si je m'éloigne de lui, il ne saura pas que je n'ai plus rien à me mettre parce qu'on m'a annoncé au dernier moment que nous recevions des invités ce soir.

— Je trouve que tu t'impliques peut-être un peu vite dans le groupe. Au cas où tu l'aurais oublié, on vole des tableaux pas des vêtements.

Caleb est étrangement plus souriant que jamais et je suis forcé de reconnaitre qu'il est beau quand il se moque de moi. Je l'observe tandis qu'il s'avance vers moi avec ce foutu rictus au bout des lèvres et je comprends que c'était une mauvaise idée de venir dans sa chambre sans me préparer à résister à l'attirance que j'éprouve pour lui.

— Désolé ?

Son sourire s'agrandit un peu plus. On dirait un homme différent tellement il rayonne mais, quand il est assez proche de moi pour que je puisse l'étudier à loisir, je suis soulagé de toujours trouver cette noirceur au fond de ses iris. Ses yeux sont un puit sans fond dans lequel je pourrais me perdre et dans lesquels la nuit règne en maîtresse. Je suis terriblement attiré par les ténèbres que je discerne dans son cœur mais son sourire est soudain si éblouissant alors qu'il tend son bras vers moi que je me demande un moment si je me suis pas trompé depuis le début.

— Tu aurais pu demander, chuchote-t-il en récupérant la chemise dans mon dos.

Sa main frôle mon avant-bras et je frissonne malgré moi. Depuis que je le connais, j'ai toujours été celui qui a initié le flirt entre nous mais cette fois, je suis pris de court par sa soudaine initiative. Ses yeux me scrutent, à moins d'un mètre de moi, et malgré la passion que j'éprouve pour eux, mon regard dévie sur ses lèvres craquelées qui se plissent pour moi.

Je me penche doucement vers lui, attiré comme un aimant par sa personne, oubliant complètement que je n'ai toujours pas de chemise à me mettre pour le repas. Durant cette seconde, il n'y a plus que lui, moi et cette volonté féroce que j'ai de m'immiscer en lui, jusqu'à connaître le moindre de ses secrets. Je sais qu'il ressent cette attraction lui aussi, que ce n'est pas vraiment un coup de foudre mais plutôt comme un besoin féroce de détenir au moins un bout de l'autre.

Alexander Zingarelli choisit ce moment précis pour nous interrompre. Pris sur le fait, je recule si vite que je manque de perdre l'équilibre. Caleb fait volte-face pour dévisager le nouveau venu qui semble ne rien avoir remarqué de notre proximité et préfère se jeter sur le lit du brun sans lui adresser le moindre regard. Je reprends mon souffle et lance un coup d'œil hésitant à Caleb qui me rend mon œillade avec un haussement d'épaule.

Si son sourire demeure, le regard de Caleb n'est plus aussi enjôleur qu'il y a quelques secondes quand il me lâche des yeux pour les diriger vers le roux, allongé dans son lit qui souffle bruyamment tout en fixant le plafond blanc de la pièce. Je ne suis pas vexé qu'il ne souhaite pas que son ami nous surprenne parce que je n'ai pas envie non plus qu'ils pensent que j'utilise le brun pour m'intégrer plus vite dans le groupe.

ANAIDÉIA | LES ROSES DE ROME T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant