**Entre les Ombres et la Lumière**
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Les nuits de Séoul avaient toujours une sorte de magie pour Hyunjin. Le dortoir était perché en hauteur, offrant une vue panoramique sur la mer de lumières scintillantes qui s'étendait à l'infini. Il aimait se tenir là, près de la fenêtre, et observer la ville vivre sous lui. Le bruit incessant des klaxons, les murmures des passants, les ombres des gratte-ciel qui dansaient sous les néons – tout cela lui rappelait que le monde continuait de tourner, même lorsque lui se sentait à l'arrêt.
Ce soir-là, il avait laissé les rideaux ouverts, se perdant dans les pensées qui lui tourmentaient l'esprit depuis des semaines. C'était un sentiment difficile à décrire, une sorte de mélancolie douce-amère qui le prenait parfois, surtout les jours où les répétitions étaient particulièrement difficiles. Pourtant, au-delà de la fatigue physique, c'était cette solitude intérieure qui l'affectait le plus. Même entouré de ses camarades, de ses frères d'armes, il lui arrivait de se sentir étrangement seul.
C'était quelque chose dont il n'avait jamais parlé à personne. Pas parce qu'il en avait honte, mais parce qu'il ne savait pas comment mettre des mots sur ce qu'il ressentait. Parfois, il se demandait s'il était le seul à ressentir cela. Mais ce soir-là, il n'était pas seul dans le dortoir. Felix était dans la chambre, allongé sur son lit avec ses écouteurs enfoncés dans les oreilles, le visage tourné vers le plafond, perdu dans ses propres pensées.
Hyunjin l'observa un moment, hésitant à le déranger. Felix avait cette aura tranquille, une sorte de sérénité qui le rendait différent des autres. C'était peut-être à cause de sa douceur naturelle, de son sourire qui éclairait la pièce même dans les moments les plus sombres. Mais Hyunjin savait que derrière cette façade se cachait une force silencieuse, une résilience que peu de gens voyaient. Felix n'était pas du genre à se plaindre ou à montrer ses faiblesses, et c'est peut-être pour ça qu'ils s'étaient rapprochés autant.
Depuis leurs débuts, ils avaient tissé un lien particulier. Ce n'était pas immédiat, mais plutôt un processus graduel, comme deux rivières qui convergent lentement pour former un seul courant puissant. Ils avaient partagé des rires, des larmes, des succès et des échecs. Et à travers tout cela, Hyunjin avait commencé à réaliser que Felix comprenait ses silences, ses angoisses, ses moments de doute, comme personne d'autre. Cette compréhension tacite était devenue une source de réconfort pour lui, une sorte de refuge où il pouvait se retrouver sans avoir à jouer un rôle.
"Hyun," murmura Felix, tirant Hyunjin de ses pensées. Il avait retiré un écouteur et le regardait maintenant avec cet air curieux qui lui était propre, les yeux légèrement plissés comme s'il essayait de déchiffrer ce qui se passait dans sa tête. "Tu vas bien ?"
Hyunjin lui répondit par un sourire, mais il savait que Felix voyait au-delà. Il savait que son sourire était une réponse partielle, une manière de dire "ça va" sans vraiment entrer dans les détails. Mais Felix n'était pas dupe. Il ne l'avait jamais été.
"Je réfléchissais juste," répondit finalement Hyunjin, sentant que cela ne suffirait probablement pas à satisfaire Felix, mais il ne savait pas par où commencer. "À tout ça... à ce qu'on vit en ce moment."
Felix hocha la tête, un geste qui signifiait qu'il comprenait sans avoir besoin d'explications supplémentaires. Il se leva de son lit et s'approcha de Hyunjin, s'installant à côté de lui près de la fenêtre. De là où ils étaient, ils pouvaient voir les lumières de la ville se refléter dans les nuages bas, créant une sorte de halo mystique qui enveloppait les immeubles.
"Je sais ce que tu veux dire," dit Felix doucement. "Parfois, tout ça peut être écrasant, même quand on a l'habitude."
Hyunjin se tourna vers lui, légèrement surpris. Felix n'était pas souvent le premier à parler de ses propres ressentis, mais quand il le faisait, c'était toujours avec une honnêteté désarmante. C'était l'une des choses qu'il admirait chez lui : sa capacité à exprimer ses émotions sans crainte d'être jugé.
