Emily,
Londres, 3h du matin.Il est passé minuit, et je crois que je vais encore passer la nuit éveillée.
Ma chambre est légèrement éclairée par les réverbères de la ville.
Allongée sur le dos dans mon lit, je fixe mon plafond gris. Je sais que je n'arriverai pas à dormir, encore une fois.Depuis toute petite, je n'ai jamais eu une nuit complète. Quand mes professeurs répétaient sans cesse qu'un enfant devait dormir au moins neuf heures, je faisais comme si cela ne me concernait pas. Je trouvais que la nuit était une perte de temps, que la vie était bien trop courte pour passer neuf heures les yeux fermés.
Les rares fois où je voyais ma grand-mère, elle conseillait à ma mère de m'emmener voir un psychologue. Cela ne me dérangeait pas si c'était dit avec bienveillance, mais ce qui me touchait, c'est qu'elle ajoutait ensuite que j'étais folle, cinglée, et qu'il fallait m'enfermer.
À huit ans ?Je me suis convaincue de ne pas l'écouter, pourtant j'ai ressenti un léger pincement au cœur, une sensation que j'éprouve de plus en plus en grandissant, surtout dans ce genre de situation. Alors, je me suis promis de ne jamais prêter attention aux remarques qu'on pourrait me faire. Ce n'était pas la pire chose qu'elle m'ait dite, mais ce n'était certainement pas la meilleure non plus.
Heureusement, dans ces moments-là, ma mère me lance toujours ce regard rassurant qui me prouve que je n'avais pas m'inquiéter. Elle ne donne pas son avis et laisse croire qu'elle va y réfléchir pour éviter les conflits, mais je sais très bien que, dans la voiture, elle va me dire tout le contraire en se moquant d'elle. Alors, mes souffrances se transforment en rires et mes pleurs en sourires. Heureusement qu'elle est là. Je voudrais la garder avec moi tout le temps, la protéger comme elle me protège, mais malheureusement, j'oublie souvent que je ne suis qu'une enfant.
À défaut de dormir, je supporte mes tachycardies, cette foutue maladie qui m'a valu des médicaments aux effets secondaires pires que le mal lui-même. Tout a commencé par des malaises, des envies de vomir, des cernes qui se creusent, la paranoïa, puis la dépression. Enfin bref, maintenant, « ça va mieux, je vis avec, j'arrive même à oublier les battements de mon cœur ! » C'est ce que je dis à tout le monde qui me pose la question. Pourtant, c'est totalement faux. Je suis beaucoup moins expressive et je ne panique pas devant les autres, mais à l'intérieur, tout s'emballe, tout vacille, tout m'écrase, tout me fuit. Et je me rappelle que, finalement, c'est la vie, ma vraie maladie.
Soudain, la lumière disparaît dans ma chambre. L'obscurité engloutit la pièce, et je me demande même si je ne me suis pas endormie. Je comprends alors que le maire a voulu faire des économies cette saison. Je me lève pour allumer ma petite lampe ; je n'aime pas dormir dans le noir complet.
Quand j'entends une voiture, je me demande qui vient dans un cul-de-sac à 3h07 du matin ?
Je m'approche de la fenêtre pour jeter un œil. Je ne vois rien à part les pleins phares d'un véhicule. Trois hommes en sortent, habillés tout en noir. J'avance un peu plus pour mieux voir, puis j'entrouvre ma fenêtre, essayant d'écouter leur conversation. La lune éclaire la scène, me laissant distinguer la silhouette de l'un d'eux. Quand il se tourne, je vois qu'il porte une cagoule. Je me rapproche encore un peu plus de la vitre.Son regard dévie vers ma fenêtre. Je me penche vite, mais la curiosité me rattrape. Doucement, je me relève et je comprends.
Aucune lumière n'est allumée dans la maison d'en face, et il n'y a aucune voiture garée. Suis-je en train d'assister à un cambriolage ?
Je cherche mon téléphone sur mon lit, mais je ne le trouve pas. Je secoue la couette et l'oreiller, mais il n'est nulle part. Tout à coup, un bruit me fige.
Je crois que c'était un coup de feu.Je cours vers la fenêtre. Un quatrième homme sort de la maison, une arme à la main. Le plus horrible vient ensuite le corps d'une femme est allongé sur le seuil de la porte. Une flaque rougeâtre s'étend sur le sol. Je n'y suis pas, mais j'arrive à imaginer le liquide poisseux, son corps froid et inerte. Le dégoût monte dans ma gorge et la nausée me submerge. Je me précipite vers ma poubelle pour vomir.
L'assassin semble s'affoler. Il pose la main qui tient l'arme sur son front, secouant la tête dans tous les sens face à ses complices. J'entends l'un des hommes lui dire qu'il a déconné, l'autre lui dit de se calmer et de trouver une solution pour cacher le corps. L'un d'eux commence à regarder autour de lui, ses iris se dirigent vers la fenêtre de ma chambre.
Merde, merde, merde.Je cours dans ma chambre, éteins la lumière, puis ferme les yeux en espérant que, pour une fois, j'arrive à dormir et que tout ça n'est qu'un putain de cauchemar.
Je sens un objet froid sous ma cuisse c'est mon téléphone. Je m'empresse de composer le numéro de la police. Un homme décroche, mais mes mots se perdent.— Madame, nous envoyons une patrouille, calmez-vous.
Je retourne à la fenêtre, mais j'entends des portières claquer puis la Renault Clio IV noire qui fait un dérapage.
Il est trop tard, et en plus, ils savent que c'est moi qui ai appelé la police.
J'ai vu le visage de l'un d'eux.Et s'ils s'en prenaient à moi ou à ma famille ?
Mes nuits sont courtes, pourtant celle-là me paraît tellement longue.
Des gyrophares bleus et rouges illuminent ma chambre. Mes parents ne sont pas là ce soir, ils sont partis dîner chez des amis.
J'appelle alors ma mère d'urgence pour qu'ils rentrent. Je sais que je vais devoir témoigner, et j'ai peur des représailles...——————————————————————————-
Une insomnie de plus, mais celle-ci est différente, très différente. Un braquage ? Un cambriolage ? Un règlement de compte... Mais attendez, qui est cette femme ?
Vous le saurez très bientôt.
Ce chapitre était court, comme les nuits d'Emily, mais le prochain sera plus long, promis !
Kiss you, peuple 🩷
PRENEZ SOIN DE VOUS !!! 🩷
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𝑫𝑰𝑺𝑨𝑮𝑹𝑬𝑬𝑴𝑬𝑵𝑻
RomanceEmily est cette fille qui préfère laisser passer les autres avant son bonheur. Mais a-t-elle déjà réellement goûté au sien ? Une fille torturée par son passé, mais dont le futur ne fait que se dégrader... Un jour de plus sous les larmes de Londres...