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La cité était calme, du moins autant que possible pour un début de soirée d'été. Les petits jouaient encore au foot dans le coin, et les daronnes discutaient devant les immeubles, surveillant leurs ptits du coin de l'œil. Je traînais avec mes deux meilleures shabs, Malak et Aya, sur un banc en bas de notre bâtiment. On parlait de tout et de rien, comme d'habitude.

Moi: il fait trop chaud sa mère j'en peux plus.

Aya : je transpire de ouf, c'est abusé j'ai même attaché mes cheveux, c'est rare !

Malak : Toi, t'as toujours chaud, même en hiver bagra que tes

Aya éclate de rire, elle a toujours une répartie prête, mais ce soir, j'ai du mal à me concentrer. Mon regard traîne, attiré par Samy, qui discute un peu plus loin avec Ali et Sofiane. Ali, comme toujours, fait le clown. Il est là, à rigoler, à balancer des blagues à deux balles, mais tout le monde l'aime pour ça.

Ali : Alors les meufs, c'est quoi les plans ce soir ? On bouge ou on reste plantées là comme des vieilles ?

Aya : Avec toi, on est sûres de finir dans une galère, laisse tomber !

Malak : Ouais, la dernière fois, on a failli se faire choper par la police à cause de toi, t'es sérieux ?

Ali éclate de rire, pas du tout vexé. Il s'appuie contre le mur prêt à continuer à balancer des vannes. Pendant ce temps, Sofiane reste à l'écart, son regard sombre balayant la cité comme s'il cherchait quelque chose... ou quelqu'un. C'est son truc, à lui, cette froideur. Il parle à peine, et quand il le fait, c'est toujours avec cette distance qui te met mal à l'aise.

Moi: Sofiane, ça va ?

Il tourne la tête vers moi, son regard croise le mien, et je sens un frisson me parcourir.

Sofiane : Ouais. Pourquoi ça n'irait pas ?

Sa voix est basse, glaciale. Il ne laisse rien transparaître, comme d'habitude. À chaque fois, c'est pareil. Tu lui parles, et tu te prends une réponse qui te refroidit direct. Je ne sais pas pourquoi, mais ça m'énerve autant que ça m'intrigue.

Samy : Salwa, t'as pas mieux à faire que de traîner ici ? Rentre à la maison, il commence à se faire tard.

Samy, toujours à surveiller, toujours à vouloir tout contrôler. Je lève les yeux au ciel.

Moi: Sérieux ? Il est même pas 22h, laisse-moi tranquille un peu. Je suis avec les filles, c'est bon !

Malak : Samy, elle est avec nous, t'inquiète, on va la ramener !
Ali : Alors, les filles, vous venez ou quoi ? Sofiane, toi aussi, bouge ton cul, ça fait des heures que t'es planté là comme un piquet !

Sofiane le regarde, sans rien dire. Il finit par se lever, lentement, comme s'il n'avait pas envie, mais il suit quand même. C'est toujours comme ça avec lui. Il ne montre jamais ce qu'il pense vraiment.

On commence à marcher, quittant la cité pour rejoindre le parc un peu plus loin. Le soleil a presque disparu. Et Ali est devant, en train de raconter une histoire ridicule qui fait rigoler tout le monde.

Aya : Sérieux, tu crois qu'on va vraiment te croire ?

Ali : Eh, moi je dis que c'est vrai ! J'ai vu le mec avec mes propres yeux !

Malak : T'es qu'un mytho, Ali, mais continue, ça me fait marrer.

Je reste un peu en retrait, marchant à côté de Sofiane. Son silence est pesant, mais il ne me dérange pas autant que je le pensais. C'est comme s'il y avait quelque chose d'autre, quelque chose que je ne comprenais pas encore.

Moi: T'es toujours aussi froid avec tout le monde ?

Il me lance un regard, puis détourne les yeux.

Sofiane : Je suis comme ça. T'aimes pas, c'est pareil.

Encore cette réponse, sèche, qui me laisse sans voix. Mais ce soir, ça ne m'énerve pas. Au contraire, ça me donne envie d'en savoir plus. Peut-être que derrière cette glace, il y a quelque chose que personne n'a encore découvert. Et ça, ça m'intrigue.

La nuit avance, et avec elle, cette sensation que quelque chose est en train de changer. Je ne sais pas encore quoi, mais je sens que ce n'est que le début.

Tiktok: sal.wa935

Chronique de Salwa: Amour de citéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant