Chapitre 4

8 2 0
                                    

Shake It Off, Taylor Swift ( 1989 Taylor's Version )

Jules

La chaleur étouffante me réveille alors qu'il n'est que sept heures du matin. J'essaye de me rendormir en faisant abstraction de la sueur sur mon front et à la naissance de mes cheveux, mais je n'y arrive pas. De plus, les rayons de soleil envahissent ma chambre malgré mon volet fermé, ce qui ne m'aide pas non plus.

Les draps sont humides de ma transpiration mais ma gorge est sèche. J'adore habiter dans le sud, ne serait-ce que pour les paysages, la mer et le beau temps, par contre quand l'été approche et qu'il commence à faire aussi chaud que dans un four, ce n'est pas facile tous les jours.

Je repousse ma couette et me lève pour aller chercher de l'eau dans la cuisine. Je sors de ma chambre et entends la voix de mes parents provenant du rez-de-chaussé. Ils doivent certainement se préparer avant de partir au travail.

Je m'aventure dans les escaliers en essayant de ne pas faire grincer les marches pour ne pas réveiller Solène qui semble réussir à dormir, contrairement à moi.

Je m'arrête dans l'entrebâillement de la porte de la cuisine et observe la scène. Mon père est assis sur une chaise de bar, ma mère, elle, est appuyée sur la table à côté de lui buvant son café.

— J'espère que cette situation ne l'a pas trop touché, on lui parlera ce soir, annonce ma mère.

— Je suis sûr que ça va, ce n'est pas grand chose, lui répond-t-il en posant sa main sur la sienne.

— Oui c'est juste un article de journal, ça n'a pas d'importance.

Je rejoins mes parents dans la pièce, me dirigeant tout de suite vers le frigo pour y prendre de l'eau.

— Jules, ça va, mon chéri ? Tu es déjà levé ? Il est tôt, constate ma mère.

— Je n'arrivais plus à dormir, l'air est étouffant avec la chaleur.

L'air du frigo me rafraîchit instantanément. J'attrape la hanse de la carafe, me glissant des mains à cause de la condensation. Je referme la porte du frigo, la chaleur revient alors que je vais m'asseoir près de mon père.Sentir l'eau fraîche couler le long de mon œsophage me fait un bien fou.

— Oui, c'est sûr, ce n'est pas prêt de changer en plus, affirme mon père.

Mes parents s'échangent un regard indiquant qu'ils vont commencer à me parler des articles de presse.

— Jules, on a pas encore eu l'occasion de parler de ce qui s'est passé hier, reprend-t-il.

—Du fait que tu as été mentionné dans le journal, finit ma mère. On voulait savoir comment tu te sentais.

Le bras de ma mère se glisse sur mes épaules, me faisant parvenir son parfum.

— Ça va, ce n'est vraiment pas grand-chose. J'ai reçu quelques messages sur les réseaux sociaux mais rien de négatif. C'était plutôt des personnes qui voulaient me dire que j'avais fait preuve de courage.

— Tant mieux, on sait que ce n'est rien, mais on voulait quand même s'assurer que tu allais bien, déclare ma mère.

— D'ailleurs, tu ne veux pas nous raconter ta version des faits ?

—Oui, je vous raconte maintenant ou vous devez y aller ?

— Non, on a encore le temps avant de partir, me dit ma mère en regardant sa montre. Et puis, ce n'est pas grave si on arrive un peu en retard.

Je leur raconte alors comment je me suis retrouvé à sauver Emy de la noyade, en commençant par notre entraînement de wake avec Noah jusqu'à ce que j'entende des cris de détresse provenant de la plage et que je décide d'intervenir.

— Emy était en train de se noyer. Je ne savais pas qui elle était au moment où je l'ai sauvé. Je l'ai sorti de l'eau et j'ai attendu qu'elle reprenne ses esprits. Elle était comme dans un autre monde, je ne sais pas ce qu'elle traverse, mais elle était bouleversée. Ensuite je suis retourné avec Noah et puis c'était fini.

—J'espère que cette Emy est bien entourée.

— J'espère aussi, affirme ma mère, se perdant dans ses pensées. En tout cas, on est content que tu sois intervenu et que tu aies porté secours à Emy.

— Tout à fait, et si la situation devait prendre de l'ampleur d'une quelconque manière, tu sais qu'on sera là pour toi, approuve mon père en posant sa main sur mon avant bras.

— Bon, on devrait y aller maintenant, pour ne pas être trop en retard non plus, frappe-t-elle dans ses mains.

Ma mère se rend dans l'entrée pour enfiler son blazer et retoucher son rouge à lèvre dans le miroir. Le claquement de ses talons résonne sur le carrelage au rythme de ses pas.

Un sourire se forme sur mes lèvres ainsi que sur celles de ma mère quand je vois mon père la prendre par la taille et lui déposer un baiser sur la joue. La seconde d'après, ils sont partis et je reste un instant à fixer la porte d'entrée.

Je ne m'attendais pas à avoir cette conversation aussi tôt le matin.

Je suis plongé dans mes pensées, quand tout d'un coup, deux mains se posent brusquement sur mes épaules. Mon cœur loupe un battement tandis que je bondis de ma chaise. Ma main droite se pose sur ma poitrine. Un éclat de rire résonne en écho à ma réaction. Je sais alors avant de me retourner qui se trouve derrière moi.

— C'est trop facile de te faire peur. T'as toujours eu peur de tout.

En me retournant, je tombe nez à nez avec ma sœur. Elle n'arrive pas à arrêter son fou rire malgré ses tentatives pour se ressaisir. Ses longs cheveux bruns en bataille entourent son visage, elle vient juste de se lever.

Voyant que je n'ai pas la tête à rire, elle me demande si je vais bien.

— J'ai parlé avec les parents à propos d'Emy et de ce qu'il s'est passé dernièrement.

— Je vois pas ce qu'il y avait à dire de plus. Tu l'as sauvé et c'est tout, il n'y avait pas de quoi en faire des articles de journaux.

C'est vrai que tout le monde en a fait tout un plat alors que c'est juste normal de vouloir sauver la vie de quelqu'un.

— J'espère juste qu'elle va bien, je soupire.

Le bruit des céréales tombant dans le bol en céramique me ramène les pieds sur terre. Elle y ajoute du lait avant de se retourner vers moi, et de me dire "Bah envoie lui un message", comme si c'était la chose la plus évidente du monde.

Mon souffle se coupe, il est absolument hors de question que je lui envoie un message. Il faut que je me trouve une excuse pour me sortir de là.

— Je peux pas, j'ai pas son numéro, je feins.

— Les réseaux sociaux ça existe, fais pas semblant de pas connaître.

Et merde, je suis foutu, elle va pas me lâcher jusqu'à ce que j'envoie ce message.

— Oh, j'ai plus de batterie, je le ferai tout à l'heure, j'ajoute avec un sourire narquois.

— P'tite nature, se moque-t-elle. Je t'avais dis que tu avais peur de tout. Dis le tout de suite si t'oses pas, me fais pas perdre mon temps comme ça, ajoute-elle de façon théâtrale, un demi sourire aux lèvres.

J'attrape mon téléphone et recherche son nom sur Instagram.

— Bah alors t'avais encore de la batterie finalement. Oh comme c'est bizarre.
Son intonation me force à rire alors que j'envoie un message à Emy. Elle sait comment m'avoir et ça la fait jubiler.

Elle me tape sur l'épaule avant de monter à l'étage, alors que je reste les yeux fixés sur ce message. Je pourrais le supprimer mais ça donnerait raison à Solène.

J'éteins alors mon téléphone et pars chercher mes affaires pour aller en cours.


WaterfallOù les histoires vivent. Découvrez maintenant