𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏 : 𝐑𝐞𝐧𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐛𝐨𝐮𝐥𝐞𝐯𝐞𝐫𝐬𝐚𝐧𝐭𝐞

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Dans ma chambre, je ne cessais de peindre, absorbée par mon art, enveloppée dans une bulle de créativité. J'avais une boîte pleine de peintures, que j'avais moi-même confectionnées, bien à l'abri des regards. Ici, la liberté n'était qu'un rêve, un désir étouffé sous le poids de règles imposées.

Un jour, ma demi-sœur fit irruption dans mon sanctuaire, me surprenant en pleine création. Un casque sur les oreilles, je me perdais dans les nuances et les textures de mon paysage, loin des préoccupations du monde extérieur. Mais, à peine remarquée, elle se mit à frapper ma toile d'un coup de pied. La peinture que j'avais laborieusement façonnée pendant des heures vola à travers la pièce, réduisant en un instant mon effort à néant. Le silence qui suivit ce geste fut plus assourdissant que l'explosion de ma colère intérieure. Sans un mot, elle quitta la pièce, claquant la porte derrière elle.

Il ne fait pas de doute que j'ai pleuré. Les larmes coulaient comme une cascade, emportant avec elles toute la douleur de cette destruction insensée. Mon cœur était brisé, et chaque goutte était un hommage à cette œuvre que j'avais chérie, réduite à néant en une fraction de seconde. Si seulement j'avais eu la force de lui répondre, peut-être aurais-je pu éviter ce désastre.

Mes journées s'écoulaient dans le refuge de ma chambre, loin du lycée où je n'avais pas d'amis. Le regard des autres pesait sur moi, et leur distance ne faisait que renforcer mon isolement. Sauf pour Liam. Lui, il était différent. Liam était la lumière dans mon obscurité, le seul qui s'était approché de moi à mon entrée au lycée. Il me faisait sentir vivante, me rappelait que quelqu'un pouvait se soucier de moi dans ce monde souvent hostile.

Je lui étais reconnaissante, et chaque jour, je voudrais le remercier pour sa présence, son soutien indéfectible, surtout face à ma famille qui me laissait dans l'ombre.

Après quelques heures de travail acharné, j'avais enfin terminé ma nouvelle peinture. La jeune femme que j'avais créée était magnifique, elle rayonnait d'une beauté que j'avais capturée avec soin. Les reflets des couleurs dansaient sur la toile, transmettant l'émotion que je souhaitais partager avec le monde.

Je m'allongeai sur mon lit, la musique enveloppant mes pensées comme une couverture douce et apaisante. La mélodie était ma bouée de sauvetage, une échappatoire pour ne pas sombrer dans le désespoir ambiant.

Après un long moment à laisser la musique m'enivrer, je décidais de descendre à la cuisine, la faim me tiraillant le ventre. En descendant les escaliers, je croisai ma mère et mon beau-père, allongés sur le canapé, rivés à l'écran de télévision. Ils ne prirent même pas la peine de tourner la tête. Cela ne m'étonnait guère.

-Il reste quelque chose à manger ?  demandai-je, espérant qu'ils m'entendent sans avoir à élever la voix.

-Il reste des pâtes dans le frigo,  répondit ma mère d'un ton nonchalant, accompagnant sa réponse d'un soupir qui trahissait son ennui.

J'ouvris le réfrigérateur, mes yeux cherchant la boîte transparente. À l'intérieur, les pâtes étaient presque inexistantes, une portion dérisoire même pour un enfant de six ans. Déçue, je reposai la boîte et remontai dans ma chambre, sans un mot, le cœur lourd.

La faim me tenaillait, et mon ventre gargouillait comme un animal affamé. Dans un geste désespéré, je fouillai sous mon lit et en sortis une petite bouteille de vodka. Je commençai à en boire, une gorgée à la fois. Je savais que consommer de l'alcool sur un estomac vide n'était pas la meilleure idée, mais j'en avais besoin. Après avoir vidé deux bouteilles, je me rallongeai sur mon lit, la tête tournant doucement.

La chaleur de l'alcool m'enveloppa, mes paupières devinrent lourdes, et lentement, je glissai dans un sommeil troublé, bercée par les notes de la musique qui continuaient de jouer dans l'obscurité.

BAD AT MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant