Pov Isabelle
Je pénètre dans le grand hall du meeting, accueillie par une marée humaine de militants agités qui attendent avec une impatience palpable les résultats des élections européennes. Autour de moi, les drapeaux français et européens flottent, leurs couleurs se mêlant dans la lumière tamisée. Des affiches arborant les noms des candidats, dont le mien, couvrent les murs. Tout pourrait sembler parfait, une soirée de triomphe, mais je sais que la réalité est bien plus sombre. Nous nous attendons au pire résultat de notre histoire.
Je salue tout le monde avec un sourire éclatant, cachant mon angoisse derrière cette façade confiante. Bellamy m'accueille avec une accolade chaleureuse, mais même dans ses yeux, je vois l'ombre de l'inquiétude. Le Rassemblement National est en pleine ascension, une vague incontrôlable qui balaye tout sur son passage, et même les libéraux commencent à s'en inquiéter. Quant à nous, les Républicains, autrefois un parti solide, nous sommes en train de perdre du terrain, inexorablement. Je sens un nœud se former dans mon estomac, une tension sourde qui ne me quitte pas.
Malgré tout, je reste confiante. Je sais que je serai élue, mon positionnement sur la liste des candidats me garantit une place au Parlement. Je suis la quatrième sur cette liste, et rien ne peut m'enlever cette euphorie naissante, ce sentiment de victoire personnelle, même si notre défaite collective se dessine.
Les résultats sont enfin annoncés. Un silence pesant s'installe, une chape de plomb qui écrase les quelques espoirs restants. Mais je refuse de céder à cette atmosphère lourde. Je commence à applaudir, et bientôt, les autres suivent mon exemple. Pourtant, la réalité est cruelle : nous avons récolté à peine un quart des voix obtenues par l'extrême droite. C'est encore pire que ce que nous avions imaginé. Même le parti macroniste, autrefois puissant, a été sévèrement affaibli. Le choc est immense. La crise que nous redoutions est là, palpable, et l'ascension de l'extrême droite, avec ses valeurs populistes et ultraconservatrices, semble désormais inarrêtable.
Nous nous retirons dans une salle privée avec les autres représentants du parti pour discuter de la suite à donner à cette soirée désastreuse. Bellamy prend la parole le premier, d'une voix résignée. « Il n'y a rien à faire. Nous devons accepter la situation et restaurer notre image de force. Nationalement, la situation est désastreuse, mais nous restons majoritaires au Parlement européen, c'est ce qui compte. » Tous acquiescent, conscients que nous n'avons pas d'autre choix.
De retour dans le grand hall, je suis choisie pour prononcer le discours de clôture. Le fait que je sois la plus jeune eurodéputée de l'histoire française ajoute une touche de symbolisme à ce moment. Je me tiens devant le micro, sous les projecteurs, sentant les regards de l'assemblée se poser sur moi. « Votre voix a été entendue, et nous tiendrons nos promesses dans les institutions européennes ! » Ma voix résonne avec une assurance que je ne ressens qu'à moitié, mais c'est suffisant pour arracher des applaudissements nourris. La soirée touche à sa fin, et après les derniers saluts, nous quittons la scène.
Dehors, les médias nous attendent, avides de commentaires sur notre échec cuisant. Je me prête au jeu des déclarations, mais au fond, je m'en moque. Je suis eurodéputée, et tout le travail acharné que j'ai fourni ces dernières années a enfin porté ses fruits. J'ai hâte de m'attaquer aux défis européens. Dans ce Parlement, nous avons encore du pouvoir, et je compte bien en user pleinement.
De retour chez moi, je me dirige vers la fenêtre et contemple la vue. La tour Eiffel scintille de mille feux, plus brillante que jamais. C'est ma dernière nuit à Paris. Demain, je pars pour Bruxelles, et c'est là que commence vraiment mon avenir. Rien ni personne ne pourra m'arrêter.
Je respire profondément, savourant ce moment de calme avant la tempête. Demain, une nouvelle ère s'ouvre devant moi, et j'ai bien l'intention d'en être la maîtresse absolue.
Pov Jordan
La nuit du 9 juin est gravée en moi comme un tourbillon d'émotions contradictoires, un mélange enivrant de triomphe et de désir. Je me tiens sur cette scène, face à une mer de visages exaltés. L'adrénaline coule dans mes veines comme un poison doux, chaque acclamation de la foule résonne en moi, m'exaltant un peu plus. Marine est là, à mes côtés, son sourire énigmatique éclairant son visage. Je sens son regard sur moi, une chaleur presque palpable qui me pousse à me surpasser.
Lorsque je prends le micro, l'euphorie m'envahit, presque comme une drogue. La foule est à moi, suspendue à mes lèvres, et je savoure ce pouvoir. « Ce soir, la France a parlé ! » Les cris d'approbation m'enveloppent, me grisent. J'ai toujours su que ce moment arriverait, mais le vivre est encore plus intense que je ne l'avais imaginé.
Je parle d'Europe, de souveraineté, de frontières. Mais au fond, je sais que ces mots sont des armes, des outils pour modeler cette masse à mon image. Chaque phrase est calibrée, chaque mot choisi pour susciter la ferveur, et cela fonctionne à merveille. La salle est une fournaise, et je suis le maître de la cérémonie. Je vois des regards brillants de dévotion, des sourires avides, et cela m'électrise encore plus.
Quand Marine s'avance vers moi à la fin de mon discours, il y a dans son geste quelque chose de possessif. Ses bras se referment autour de moi, et son murmure à mon oreille - « Tu as été magnifique, Jordan » - a un goût de conquête, presque d'intimité. Elle sait, tout comme moi, que cette victoire n'est pas simplement politique. C'est une victoire sur les autres, sur ce monde qui nous a si longtemps méprisés.
La soirée se poursuit dans une atmosphère de fête débridée. Je me laisse entraîner par un petit groupe de militants vers un bar caché, un lieu discret où nous pouvons nous abandonner sans retenue. L'ambiance y est lourde, saturée de fumée et de rires. L'alcool coule à flots, et je sens mes inhibitions se dissoudre. Les conversations sont bruyantes, ponctuées de sous-entendus et de regards qui en disent long.
Je me laisse porter par ce flot, par ces gens qui m'adulent. Leurs paroles sont des caresses à mon ego, leurs rires des échos de mon pouvoir. Je me sens invincible, comme un roi parmi ses fidèles, savourant ce mélange de succès et d'abandon. Les verres s'enchaînent, je perds le compte, mais peu importe. Ce soir, tout m'est permis. Les mains qui se posent sur mon épaule, les rires qui fusent autour de moi, tout est une confirmation de ce que je suis en train de devenir.
À un moment, je croise le regard d'une jeune militante. Elle est jolie, presque trop jeune, mais ses yeux pétillent d'admiration. Il y a quelque chose dans la manière dont elle me regarde, une soumission qui me flatte, qui attise quelque chose en moi. Je lui souris, et elle rougit, baissant les yeux, comme si elle avait peur de se brûler à ma flamme. Cela m'amuse et me plaît, cette sensation de pouvoir absolu.
La nuit avance, et je finis par me rendre compte que tout cela doit s'arrêter. J'ai atteint ce point où le plaisir devient presque trop intense, où l'ivresse menace de tout emporter. Je dis au revoir à la jeune femme d'un geste vague, déjà prêt à passer à autre chose. Marine est partie depuis longtemps, me laissant à ces derniers moments de folie. Je prends un taxi, laissant derrière moi ce bar où les rires continuent de résonner.
Dans la voiture, le silence est lourd, presque oppressant après la frénésie de la soirée. Je me sens encore électrisé, mais une fatigue agréable commence à m'envahir. Les rues de Paris défilent, et je repense à ce que nous avons accompli, à ce que j'ai accompli. Ce soir, j'ai goûté à quelque chose de dangereux, de délicieux, et je sais que je n'en ai pas fini.
Je rentre chez moi, franchissant la porte de mon appartement comme on franchit une frontière. Le calme qui m'accueille est presque trop doux, trop innocent, après cette nuit de débauche. Je me laisse tomber sur mon lit, mes pensées encore troublées par l'alcool et l'excitation. Mais au fond de moi, je le sais : ce n'est que le début. Et cela me donne envie de plus, toujours plus.
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Les émeraudes du désir : Séduction à Bruxelles
FanfictionIsabelle est une fille mystérieuse, elle a une beauté incomparable. Le genre de beauté qui fait que les hommes lui dirent qu'elle est belle dans la rue sans rien attendre en retour, elle les hypnotises. Mais elle avait aussi le type d'intelligence q...