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Point de vue Isabelle

8h00, Parlement européen

Je tenais déjà mon café à la main, prête à commencer la journée. Le temps était parfait, et je profitais de l'atmosphère qui s'installait autour de moi. Le son rythmé de mes talons résonnait dans le hall, mêlé aux voix des gens qui discutaient entre eux. Une douce brise caressait mon visage, ajoutant une touche de fraîcheur à ce matin prometteur.

Mon regard se posa sur Céline, une collègue des Républicains. Je décidais de la rejoindre.

« Bonjour, ça va ? » dis-je en lui déposant deux bises sur les joues.

« Oui, super, et toi ? » répondit-elle, ses yeux pétillants de sympathie.

« Moi aussi, c'est une belle matinée, n'est-ce pas ? Il y a un air de renouveau, comme une promesse de changement... » répondis-je en jetant un coup d'œil autour de nous.

« Tout à fait ! » acquiesça-t-elle. « En parlant de renouveau, à quelles commissions comptes-tu te porter candidate ? »

« Probablement porte-parole des Républicains à Bruxelles, et présidente de la diplomatie du PPE, mais je ne sais pas si la deuxième est un peu risquée... » dis-je en montant les marches de l'entrée du bâtiment, mes talons frappant le marbre avec assurance.

« Honnêtement, c'est un pari risqué, mais je suis sûre que le PPE aimerait te voir dans les affaires étrangères. »

« Merci beaucoup, c'est gentil Céline. Peut-être qu'ils préféreront confier ce poste à une jeune femme dynamique plutôt qu'à un octogénaire pour une fois, » dis-je en croisant le regard de Marion Maréchal, qui attendait l'ascenseur.

« Excuse-moi, je te rejoins tout de suite, j'ai quelqu'un à saluer, » ajoutai-je, mon regard rivé sur Marion.

« D'accord, à tout à l'heure, » répondit Céline avec un sourire éclatant, un sourire que je ne lui rendis pas. Céline souriait trop, et c'en était presque irritant.

Je vis Marion entrer précipitamment dans l'ascenseur, tentant visiblement d'éviter ma présence. Tu veux m'échapper, Marion ? Pas si vite.

Je pénétrai à mon tour dans l'ascenseur, et nous nous retrouvâmes seules. L'air était chargé d'une tension palpable.

« Bonjour, tout va bien, Madame Maréchal ? » lui dis-je, avec un sourire qui dissimulait mes véritables intentions.

Son corps se crispa légèrement, et elle changea de position, mal à l'aise. « Oui, tout à fait, et vous, Mademoiselle Bonaparte ? »

« Tout va bien, merci. Avant tout, je tenais à exprimer mes regrets quant à votre exclusion de Reconquête! et pour le commentaire que j'ai fait aux journalistes. C'est mon rôle d'opposition, après tout. »

« Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas grave, » répondit-elle, mais quelque chose dans sa voix sonnait faux. Elle semblait toujours étrange lorsqu'elle me parlait. Jamais elle ne soutenait mon regard. Comment une femme si confiante et audacieuse politiquement, prête à lutter contre tout et tous, même contre la constitution, pouvait-elle éviter ainsi mes yeux ?

Je me trouvais là, à m'excuser faussement pour une chose qui ne méritait aucune excuse, simplement pour observer sa réaction. Comme prévu, elle ne me regarda pas, toute sa gestuelle trahissant un inconfort évident.

Elle m'intriguait, cette héritière de la dynastie Le Pen, aussi choquante que ses aïeux, mais incapable de soutenir mon regard. Je la trouvais fascinante, mais aujourd'hui, cette fascination devait trouver une réponse. Je voulais comprendre la source de son malaise.

Sans un mot, j'appuyai sur le bouton d'arrêt de l'ascenseur, interrompant son ascension, et m'approchai d'elle, si près que je pouvais sentir la chaleur émanant de son corps.

« Qu'est-ce qui se passe ? » murmurai-je à son oreille, mon souffle caressant sa peau.

« N-non, rien ne se passe, » balbutia-t-elle, sa voix tremblante, ses yeux fixés obstinément au sol.

Un rire léger et cruel s'échappa de mes lèvres. Elle mentait, c'était évident. Elle était intimidée par moi. Marion Maréchal Le Pen, intimidée par moi. Mieux encore, elle était mal à l'aise en ma présence. Qui aurait cru ?

Cette femme ultra-conservatrice, défenseuse farouche de la morale divine, était intimidée, non seulement par ma proximité physique, mais simplement par ma présence, par mon regard.

« Alors pourquoi ne me regardez-vous pas dans les yeux ? » dis-je en déposant un baiser léger sur son oreille. Elle laissa échapper un petit gémissement de plaisir. Trop facile.

Je descendis lentement le long de son cou, y déposant des baisers, sentant son corps frémir sous mes lèvres. Elle tremblait et ses gémissements devenaient plus intenses. Elle réagissait comme une vierge découvrant pour la première fois les délices de la chair... si réceptive, si authentique, si sensible.

Je changeai de côté, mes lèvres parcourant l'autre partie de son cou, avant de m'arrêter brusquement.

« Regarde-moi dans les yeux, » ordonnai-je. Elle obéit. Quelle douce soumission. Ses yeux, si craintifs, si soumis, étaient rivés aux miens. Quelle délicieuse vulnérabilité. Un plaisir exquis montait en moi, le plaisir de sentir mon pouvoir absolu sur elle.

• (Et là, on réalise qu'Isabelle partage les mêmes instincts que Jordan, un plaisir sadique de domination. Ils sont aussi pervers l'un que l'autre, amoureux du pouvoir qu'ils exercent sur les autres.)

« Dis que tu me veux, et je continuerai, » dis-je, mon regard innocent démentant mes véritables intentions.

« Je te veux, Isabelle, » murmura-t-elle, ses yeux brillant d'un mélange de désir et de soumission. Mais aussi de peur, la peur de ces sentiments enfouis en elle depuis si longtemps, maintenant libérés.

Je descendis encore, mes lèvres se posant sur sa poitrine, avant de remonter doucement vers ses épaules découvertes. Elle rejetait la tête en arrière, son corps se penchant en avant, réclamant plus de contact. Elle était entièrement sous mon contrôle.

Discrètement, je relâchai le bouton de l'ascenseur, et celui-ci reprit sa montée, mais Marion ne s'en rendit pas compte, trop absorbée par l'excitation.

Je terminai en lui donnant un baiser sur les lèvres, un baiser passionné. La passion était partagée, car malgré tout, moi aussi, j'étais attirée par elle. J'avais fantasmé sur ce moment, pourtant presque irréalisable.

Sachant que les portes allaient bientôt s'ouvrir, je m'écartai légèrement et murmurai « Reprends-toi », et elle obéit, tentant de remettre de l'ordre dans ses pensées et son apparence. Je sortis de l'ascenseur la première, lui lançant un dernier regard séduisant pour la laisser en désireuse de plus. Quel amusement.

Plusieurs personnes entrèrent dans l'ascenseur, ignorant totalement ce qui venait de se passer. Je poursuivis mon chemin, les pensées encore marquées par cette rencontre enivrante. Mais cela ne dura pas longtemps. Je retrouvai rapidement mon masque de professionnalisme et de concentration en entrant dans la réunion du PPE. Rien ne m'atteignait vraiment, habituellement.

Nous procédâmes au vote pour les différentes commissions. Céline fut élue pour siéger à la commission santé et agriculture, Bellamy à celle de la culture et du travail, et moi, je décrochai les postes tant convoités de porte-parole des LR et chef de la diplomatie du PPE.

Je remerciai chaleureusement tous les présents alors qu'ils m'applaudissaient, adressant un clin d'œil complice aux Républicains. Tout se déroulait exactement comme prévu.

Les émeraudes du désir : Séduction à Bruxelles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant