Connaissances

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Pov Isabelle

9h du matin, Bruxelles

Je me trouve ici, face à mon avenir, devant le Parlement européen. L'air est frais, empli d'une certaine solennité qui me rappelle l'importance de ce moment. Les symboles européens m'entourent, imposants, comme des gardiens de la démocratie.

- Merci, François. Sans toi, ce rêve serait plus loin qu'il ne l'est aujourd'hui, dis-je en tournant la tête vers lui.Il sourit, ses yeux glissant lentement vers mon cou, admirant mes colliers. Je sens son regard, doux mais perçant, comme s'il tentait de lire au-delà des bijoux.

Évidemment, j'aurais atteint cet objectif avec ou sans Bellamy. Il n'a été qu'une porte d'entrée plus facile, un raccourci.

Maintenant, avec tous les députés français présents, Hayer, Maréchal, et les autres, je me prépare à répondre aux questions des journalistes. Rien de nouveau, que des questions de routine, répétitives. Mais voilà qu'un journaliste s'avance, micro en main

"Hier, Éric Zemmour a exclu Madame Maréchal de son parti, arguant qu'elle a trahi les valeurs qu'il défend. Quelle est la position de votre parti à ce sujet ?" Mon regard dérive vers Marion Maréchal, de l'autre côté de la salle. Elle semble impassible, mais je sais qu'elle sent la brûlure de l'humiliation.

"Nous n'avons pas grand-chose à ajouter", dis-je , "car cela ne nous concerne pas et n'affecte en rien le mandat européen que les Français nous ont confié. Cela montre simplement l'instabilité de l'extrême droite. S'ils ne peuvent même pas se gouverner eux-mêmes, comment prétendent-ils gouverner un pays ? Surtout un pays aussi riche et complexe que la France ?"

Un autre journaliste lève la main, insistant pour poser une dernière question. "Comment réagissez-vous à la dissolution de l'Assemblée nationale ? Monsieur Bellamy s'est déjà exprimé, mais les Français veulent entendre les mots de la grande prodige française."

Je souris légèrement, un sourire calculé et faux , manipulateur. "Merci avant tout. Les Républicains respectent la décision du Président de la République et mèneront la campagne la plus forte et la plus ambitieuse jamais vue, en regardant l'avenir avec espoir." Je marque une pause, laissant mes mots s'imprégner dans l'esprit des journalistes. "Y a-t-il d'autres questions ? Merci, et bonne journée."

Je me retire, me frayant un chemin à travers la foule, et croise Jordan Bardella dans la zone réservée aux médias. Il parle à Euronews, le visage sérieux, mais je ne peux m'empêcher de me rappeler l'épisode absurde de ce matin. Quelle enfantillage ! Et il pense que je n'ai rien entendu de ce qu'il a murmuré aux députés, ni remarqué qu'il se cachait derrière un poteau ? Mon Dieu, quelle arrogance. Et cette question qu'il m'a posée avec une telle condescendance... Il doit être convaincu que toutes les femmes de France sont à ses pieds. Ou peut-être veut-il que je sois à ses pieds. Quelle première impression désastreuse, sans même un bonjour. Bien sûr, j'ai répondu avec la même arrogance, ne lui laissant pas la moindre chance d'étendre son territoire, surtout pas sur moi. Quelle tristesse de voir que la personnalité que j'ai vue à la télévision est bien réelle, et qu'elle dépasse même les jeux politiques. Enfin, je vais devoir m'y habituer, car avec les législatives et le prochain mandat européen, je vais devoir le croiser souvent, surtout si je suis élue à la commission des affaires étrangères du PPE, comme lui le serait avec les Conservateurs et Réformistes européens.

Je me dirige alors vers les Républicains, et nous continuons tous à suivre une guide qui nous fait faire un tour du Parlement. Elle nous montre les casiers, les salles de réunion, les cafés, et même la salle de sport. C'est époustouflant. La grandeur du bâtiment est écrasante, et partout, je vois des figures historiques européennes : von der Leyen, António Costa, et même le Premier ministre hongrois. À la fin de la visite, je rencontre les députés du PPE et engage des conversations intéressantes. J'aime parler avec les députés plus âgés, car ils connaissent mieux l'histoire et ne me voient pas comme une simple jeune femme, mais plutôt avec une certaine tendresse et fierté, ce qui me plaît.

Je déjeune seule dans un restaurant près du Parlement. Malgré ma notoriété publique, j'aime m'isoler, ressentir ce parfum de solitude et d'individualité. Je suis assise à une table de deux, et en attendant que mon omelette truffée arrive, je profite de l'occasion pour me refaire une beauté dans les toilettes.
Je porte une chemise et une jupe courte mais formelle, que j'ai mises ce matin en arrivant à l'hôtel. Je me regarde dans le miroir, appliquant à nouveau mon rouge à lèvres , qui fait ressortir la clarté de mes yeux et le contraste de mes cheveux. Je lave mes mains, et en revenant à ma table, je n'en crois pas mes yeux. Jordan Bardella est assis à ma table, devant mon repas qui a déjà été servi.

Il veut jouer.
Très bien, jouons.

En me voyant arriver, son regard me dévore. Déjà à mes pieds ? Je m'assois sans rompre le contact visuel.
- Bonjour, Monsieur Bardella, à quoi dois-je ce plaisir ? dis-je en relevant le menton, affichant une dureté dans ma voix.

- Je vous conseille d'ajouter un peu de vinaigre à la salade, cela lui donne une saveur distincte, déclare-t-il, tout en continuant de me fixer intensément, un sourire faussement innocent aux lèvres.

- N'as-tu pas un déjeuner prévu avec les députées simples de ton parti ? lui lançai-je en prenant une bouchée de mon omelette.

- Elles sont toutes simples, en effet, comme tu l'as mentionné. Alors je m'éclipse tant que je le peux, répond-il en mordant dans son steak.

- C'est pour cela que tu t'es réfugié dans les bras de la femme la plus intelligente que tu connaisses ? dis-je en lui lançant un regard d'innocence feinte. Cela l'irrite, je le vois bien. Si facile à manipuler, cette petite étoile française.

- Quel est exactement ton problème avec moi ? me demande-t-il, soudain très sérieux. Tu as toujours quelque chose de passif-agressif à dire, et tu me regardes avec une telle haine.

- Je pourrais te poser la même question. Quelle était cette scène de ce matin ? C'était la première fois que tu me parlais et tu n'as même pas pris la peine de me dire bonjour, tu m'as posé des questions impertinentes et maintenant, tu t'assieds à ma table sans y être invité, dis-je en baissant la voix pour rester discrète.

- Pardonne-moi. En effet, ce n'était pas très galant de ma part, dit-il en prenant délicatement ma main pour y déposer un baiser. Un baiser doux, presque timide, mais ses yeux restaient mi-fermés, défiant. Je reste un moment figée, sentant la chaleur de ses lèvres sur ma peau. Bien que je sois un aimant à hommes, je n'ai jamais permis à un homme de s'approcher de moi. Cette proximité me trouble, mais je ne le montre pas. Jamais je ne montrerai une quelconque vulnérabilité, surtout pas devant lui. Lui, dont les intentions restent encore indéfinies.

Les émeraudes du désir : Séduction à Bruxelles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant