CHAPITRE 12

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- Archibald, je n'ai pas le temps pour ça !
Dis-je d'un ton las, épuisée par son attitude.
- Je suis très sérieux Lila, qui t'as invité ?
Il a l'air anxieux, préoccupé. Je l'observe, tout de noir vêtu, avec un masque des plus simples. Habillé comme ça, on ne devinerait pas qu'il est l'héritier de la nuit, au milieu de tous ces autres hommes.
- Je ne sais pas, j'ai reçu un parchemin d'invitation directement dans ma boîte aux lettres.
Il semble encore plus inquiet... c'est vrai que je ne me suis pas trop demandé qui m'avait invité jusqu'à présent.

Il me tire vers un couloir, et me colle violemment contre le mur, à l'abri des regards.
- Arrêtes de te foutre de moi ! Qui t'as invité ?
- Mais je n'en sais rien ! Je viens de te le dire !
Je le fixe droit dans les yeux, comme pour le convaincre que je dis la vérité.
Il approche sa tête tout près de la mienne, je sens son souffle chaud contre ma peau.
Le temps d'un instant, j'ai l'impression que nos lèvres vont se toucher. Tout en me bloquant contre le mur, il me regarde dans les yeux, de son regard le plus noir, ses yeux bleus ont disparu.
- J'espère pour toi que tu dis la vérité.
Il me lâche et repart, me laissant perturbée et seule dans ce couloir.

Vers 2h du matin, je retrouve Lily, occupée à discuter avec une vieille dame.
- Lila, tu t'amuses bien ?
- Ah oui, c'est incroyable !
- J'en reviens pas que tu aies été invité ici !
- D'ailleurs... je ne sais pas qui m'a invité.
- C'est vrai que avec les filles on trouve ça étrange depuis le début...

BOUM - BOUM - BOUM
Des bruits de tambours se font entendre, dès l'entrée.
« REJOIGNEZ LA SALLE DES SCEPTRES » crie  à répétition une voix grave, suivant le rythme des tambours.

On rejoint la salle, et les trois mages blanc en lévitation sur la droite se tiennent désormais debout, un faisceau de lumière irradiant dans leur dos.
Les tambours font place dans la salle, accompagnés par plusieurs jeunes femmes en robe doré, avançant en ligne.
Elles ont l'air très jeune, 12 ans tout au plus. Elles ont des yeux brillants, et c'est comme si leur peau était recouverte de paillettes. Elles ont clairement abusé de l'highlighter.

Soudain, le silence emplit la salle. Tout le monde regarde le spectacle qui se tient devant nous avec intérêt.
Les jeunes femmes se mettent en cercle, et les trois mages blanc récitent en cœur dans un langage ancien, se tenant la main.
Une des jeunes femmes, légèrement différentes des autres s'avancent au centre.
« CETTE NUIT, LE JOUR A IRRADIÉ » s'écrit elle, d'une voix forte et porteuse, qui contraste avec son petit corps frêle.
Je remarque un homme s'avancer vers eux, un halo de soleil autour de lui. Je le reconnais, c'est Colin.
Il a l'air sûr de lui et très fière. Il ôte son masque, et des murmures commencent à se faire entendre dans tout la salle.

« TU AS ÉTÉ DÉSIGNÉ PAR LES ASTRES » hurle littéralement la jeune femme. La salle se tait instantanément.

S'ensuit un rituel absolument magnifique. L'ensemble des étoiles qui se trouvaient au plafond semblent envelopper Colin, dont je peux apercevoir les yeux briller d'émotions.
Un homme et une femme, ressemblant en tout point à Colin se tiennent près de lui. La femme aborde un port de tête de reine, elle a l'air imperturbable.

« C'est un honneur » dit Colin.
Et la foule s'agenouilla, pour une partie. Sûrement les partisans du cercle du jour.
« LONGUE VIE À L'HÉRITIER ! » scanda le public.
Alors c'était donc ça ? L'héritier du jour a été désigné, et c'est Colin?

*

Plus tard dans la soirée, je remarque que Colin est encerclé par des tas d'individus. Chacun veut lui parler, chacun veut le féliciter...
- C'est dingue ! C'est Colin l'héritier !
Je souris à Lily, je comprend à quel point elle doit être heureuse pour lui. Colin est si gentil, si prévenant, si doux... ça ne m'étonne pas qu'il ait autant de lumière en lui.
- C'est quand même étrange... murmure Catherine.
- Que veux-tu dire ? S'inquiète Lily.
- Je ne sais pas, cela fait 5 ans que notre cercle n'a plus d'héritier, et finalement il s'avère que c'est Colin? Pourquoi n'aurait-il pas été désigné plus tôt ?

Elles continuent de parler ensemble, mais mon regard est attiré par Archibald, que je remarque au loin avec sa chevelure blonde.
Je le vois sortir, il a l'air de mijoter quelque chose. Je ne sais pas pourquoi, je décide de le suivre.

Je rejoins les jardins du palais, ils sont incroyablement parfaits. Je vois Archibald marcher vers les bois au loin, j'ai l'impression qu'il irradie d'un faisceau argenté et brumeux.
Je continue de le suivre prudemment, qu'est-ce qui me passe par la tête ?
Ma robe victorienne n'est pas des plus faciles à manœuvrer au milieu des branches... l'aurais-je perdu de vue ?
Une petite chapelle se dresse devant moi, on dirait presque celle du cimetière de Greyfiar. Il doit être ici.
J'entre sur la pointe des pieds et n'entend aucun bruit, j'avance vers une arrière salle, le cherchant toujours avec autant d'intérêt.
Une trappe est ouverte, et de grands escaliers s'ouvrent sous mes pieds.
Des torches s'allument sur mon passage. Contre toutes attentes, c'est immense. J'ai l'impression que la route est interminable.
J'arrive dans une salle sombre, avec une hauteur sous plafond démentielle.
Toujours sur la pointe des pieds, j'entends des voix lugubres.
- C'est une supercherie...
- Les mages de la nuit sont encore en haut, mais nous devons agir vite ! S'écrit une voix d'homme.
- Il faut que l'on comprenne ce qu'il se trame !
- Le Delirium n'a jamais été aussi bas... je le ressens. S'enquit Archibald, perturbé.
- Il doit bien y avoir quelque chose... les astres ne mentent pas... suggères une femme.
- Colin Deluceo ne peut pas être un héritier, c'est un fait ! Atteste une autre femme.

J'essaie de m'approcher, quand ma robe heurte un bout de métal contre le mur. Merde.

Archibald se tient là, la seconde d'après.
- Tu es encore là !
- Qui est-ce ? Questionne une femme d'une quarantaine d'années.
- C'est rien, juste Lila... c'est... bafouilles Archibald, le regard mi-inquiet mi-enervé.
- C'est une humaine ! S'écrit un homme. Que fais une humaine au sein de notre bal sacré !
L'homme me regarde avec dégoût, j'arrive à déceler une colère grandissante en lui.
- Ce n'est rien Silas, rien ! S'agace Archibald.
- Tu protèges cette humaine ? Renchérit une des femmes, pleine d'incompréhension.
- Pas le moins du monde ! S'empresse de répondre Archibald, tout de suite plus détendu.
- Elle doit disparaître, elle en a trop entendu.

Je regarde leurs échanges, apeurée, je n'ai pas dit un mot...
Le fameux Silas s'approche vers moi et m'attrape par le bras. Il me fixe droit dans les yeux, et j'eu l'impression d'y voir une flamme ardante. Il me scrute en détail.
- Que fais-tu ici ma douce ? Tu es perdue ?
Je me prépare à lui répondre, mais aucun mot ne sort de ma bouche.

- Elle part avec moi. Je vais m'en débarrasser, ça fait trop longtemps que j'aurai du le faire ! S'écrit Archibald, un sourire en coin.
- Vous êtes sûr mon prince ? Je serai ravie de m'en charger pour vous et de prendre mon temps avec cette belle créature.

À voir la tête de Silas, je commence à m'imaginer le pire. Ce gros porc a l'intention de se débarrasser de moi, en me faisant vivre le pire.
Je suis tellement bête, pourquoi est-ce que j'ai suivi Archibald... pourquoi ?

- Ça ira, j'ai de meilleur plan pour elle. Affirme Archibald, l'air démoniaque.
Je commence à paniquer, je ne vais pas m'en sortir ! L'air commence à me manquer. J'ai du mal à respirer, j'ai chaud, trop chaud.
Comme pour me calmer, la mélodie magique commence à raisonner dans ma tête.
C'est la première fois que cela m'apaise autant. J'ai l'impression d'avoir un regain d'énergie.
- LAISSEZ MOI PARTIR !
L'énergie grandit en moi, j'ai la sensation que je peux me battre, que je peux m'enfuir.
- oh fermes la ! ricanes Silas.
- JE RÉPÈTE, LAISSEZ MOI PARTIR.
Il s'approche de moi d'un pas décidé, comme s'il voulait en finir.
Et là, la mélodie s'intensifie dans ma tête, je n'entends plus qu'elle. Je me prépare à me battre, et sans sourciller, une intense lumière commence à jaillir de moi.

Puis, c'est le trou noir.

The Witchery by the CastleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant