Chapitre deux, Marie

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-Comme d'hab, fais moi deux séries de 400 mètres crawl, dos récup. Hé, Marie, tu écoutes?
Retouchant les bretelles de mon maillot, je regarde les glisses des autres nageuses, notamment celle que j'affronterai toute à l'heure. Mais les tapes de Robert sur mon épaule me font revenir à la réalité.

-Oui. Dis-je sans quitter la piscine des yeux.

-C'est pas le moment de lâcher, ok? Concentre-toi !

-Ouais, dis-je doucement.

La soirée d'hier soir était incroyable. Tout Paris était illuminé, c'était magique. Le bateau mouche de la fédération Française a été accueilli par des acclamations du public parqué sur les quais de la seine.
Je ne m'attendais pas à voir autant de monde agiter leur drapeau français pour nous. Les prestations étaient à couper le souffle, et j'avoue avoir versé une ou deux larmes lorsque Céline Dion s'est mise à chanter.
Lilou et moi sommes rentrés assez tard de la cérémonie, je devais vite m'endormir pour récupérer de cette journée chargée en émotion et être en forme pour demain à 7h pétant dans la piscine.

Je tape frénétiquement mes cuisses avant de plonger et commencer ma série. Toujours à un rythme respectable, je ne peux m'empêcher de douter. Ce même entraînement que je répète tous les jours pour les jo semble si loin. Je nageais sans imaginer une seule seconde pouvoir réellement nager à Paris, pourtant je le faisais actuellement, et ça semblait irréel. J'ai confiance en moi, je sais ce que je vaux, mais lorsque je nage sous les vagues d'une Colbert ou d'une Grimes , on ne peut que douter.

Alors comme à chaque fois, je m'imagine couler, louper un départ et devenir un espoir perdu français. Ces scénarios n'avaient pas pour but de m'acharner sur mon sort mais plutôt m'aider à tirer le meilleur de moi même.
Naturellement, mes coups de bras accélèrent et je me sens plus confiante.

Mes séries terminées, je m'approche de mon coach pour attendre ses instructions, seulement je le vois parler de loin avec ce qui me semble être un autre coach.
Bob?

Je sors de la piscine, enlève mon bonnet et m'avance vers les deux hommes.
Mais visiblement, le jeune prodige du Bowman s'approche aussi des deux entraîneurs.

Arrivé avant moi, il est salué par Robert. Je m'avance à mon tour et suis saluée par Bob qui continué sa discussion avec Robert. Les deux coachs plongés dans leur conversation ignorent nos présences juste après. Naturellement, Léon se tourne alors vers moi.

Ses yeux semblaient sombre derrière ses lunettes mais lorsqu'il les retira, je fus accueilli par un bleu semblable à celui de la piscine à seulement quelques mètres de nous. Les spots de lumières me permettent de mieux voir le jeune Toulousain. Ce qui change de la faible lumière d'hier soir, le bleu de ses yeux semble refléter mon regard.

-Ça va? Me demande-t-il.

-Ouais, et toi?

-Bien pour l'instant.

-Pour l'instant?

-Le 400m 4 nages c'est demain pour moi, ça m'étonne que t'ai répondu que ça allait bien.
Il m'arrache un sourire.

-Je devrais répondre que je suis au bout de ma vie ?

-Peut-être pas mais tu verras que la pression est différente. Il rigole un peu. Enfin, je ne t'apprends rien. Se reprend-t-il.

-Je connais ce stress, rassure toi.
Robert se tourne alors vers moi, comme s'il venait à peine de voir que je suis là pour lui.

-Refais moi la même série. marmonne-t-il dans sa barbe avant de reprendre sa discussion avec Bob.

J'acquiesce et regarde Léon amusé. Suis-je en train de déranger leur petite conversation sachant que je m'entraine pour une qualif dans quelques heures ? J'en ai bien l'impression puisque Robert ne se retourne plus. Je m'engage à retourner dans la piscine et salue Léon. Seulement, il vient de prendre le même chemin que moi. Je me retourne, les sourcils froncés.
-Je sais m'entraîner tout seul, tu sais. Dit-il, regardant droit devant.

Olympique // Leon Marchand //Où les histoires vivent. Découvrez maintenant