Part 2

8 2 0
                                    



- Marche plus vite sérieux ! Ils sont déjà tous en classe !

- C'est toi qui marche trop vite, on a pas un prix à gagner, détend toi !

- Je peux pas me détendre Ana ! On va arriver en retard, je n'ai pas envie d'être en retard.

Elle se stoppe net, comme si on venait d'atteindre un mur invisible, mais non, il y avait juste nous deux, deux tarées plantées au milieu d'un immense couloir désert. Tout était... mort, pas un mouvement, pas un bruit, on y entendrait les mouches voler en se concentrant un peu.

- Euh ? On est arrivées ? Je demande naïvement.

- Tu sais pourquoi je n'ai pas envie d'être en retard ?

Elle a survolé aisément ma question.

- Pas aux dernières nouvelles... mais si tu veux arriver à l'heure, on ferait pas mieux de se grouiller ?

Elle était toujours immobile, ses iris fixant le vide, aucune expression n'arborant son joli visage, rien, un cadavre tenu debout comme un pantin.

- C'est parce que je n'ai pas envie d'avoir une réputation...

- Une réputation ? Mais enfin c'est ridicule, ou est le rapport ?

Elle sursaute fébrilement, comme si elle venait de se réveiller d'un coma artificiel, puis se tourne enfin vers moi. Ses yeux qui étaient concentrés sur le sol se relèvent vers moi, et son regard se cloue au mien. Elle s'approche légèrement et pose ses deux main sur mes épaules, en me surveillant toujours.

- On devrait y aller.

Qu'est ce qu'il vient de ce passer ? J'ai rêvé ? Qui a prit la Serena de mes souvenirs ?

- Ok.. Je répond en tentant de garder mon indifférence.

Ça, c'était vraiment pas normal du tout. Puis en une fraction de seconde, le sourire réapparaît sur son faciès, et elle m'entraîne à nouveau vers notre salle de classe. Rien de tout ça n'avait l'air de s'être passé pour elle à présent. Étrange, mais j'enquêterai plus tard, si je proteste encore, elle me fera pour sur griller à la broche.

Quelques pas plus tard, nous arrivons devant une porte en métal gris ardoise; une petite plaque y est vissée, abordant "Maths" en petites lettres gravées.

Serena regarde la porte, puis moi, et une nouvelle fois l'entrée de la salle. J'aperçois une pointe de stress dans son regard, un léger creux révèle qu'elle se mord l'intérieur de la joue, et je comprend.

Je frappe et souris à ma meilleure amie, qui, bien qu'elle tente de le cacher, est on ne peut plus reconnaissante.

Un homme binoclard vient nous accueillir, dans la quarantaine à première vue, si ce n'est plus. Ne voulant point nous sermonner publiquement le premier jour, il fronce les sourcils et nous demande de rejoindre en vitesse nos places respectives.

Je scrute la pièce et aperçoit deux chaises inoccupées... à l'opposé l'une de l'autre.

- Quoi ? On est même pas à côté ?! Je m'oppine.

- Je vous demande pardon ?

- Oh, rien, je me demandais simplement si vous étiez vicieux au point de placer deux personnes toutes deux en retard de façon à ce qu'elles ne puissent en aucun cas s'adresser la parole...

- ...Ou si ce n'était qu'une malheureuse coïncidence.

Oups, peut-être un poil trop prétentieux... mais je ne regrette pas mes paroles et je n'aime pas mentir.

Il remonte ses grosses lunettes sur son nez et me dévisage mochement, mais se contente de me répondre de me dépêcher d'ouvrir mon livre à la page 12, d'un ton agacé.

Pendant ce court laps de temps, presque tout le monde avait relevé la tête pour assister à la scène. En fin de compte, les nerds admiraient ma répartie, et les plastiques me trouvaient "ridicule et insolente", je précise, ce sont leurs mots. Quant aux autres, soit ils s'étaient rendormis, soit ils bavaient sur cette fille, ...Monica je crois.

Et Serena avait l'air de vouloir disparaître, mais genre, au sens propre.

Je crois qu'elle ne supporte pas que les gens la regardent, qu'il y ait beaucoup d'attention sur elle.

Souviens toi, pas de conclusions hâtives.

En bref, j'ai passé ce qu'il restait du cours à résoudre des équations de remise dans le bain, comme à chaque rentrée.

Terriblement ennuyant.

Mais je me suis inscrite ici, à moi d'en assumer les conséquences.

- Bien, vous pouvez y aller chers élèves, passez une bonne semaine.

Au moment de sortir de la classe, une main me retient, et une voix grave retentit.

- Pas vous mademoiselle, il faut qu'on ait une petite discussion vous et moi...

Ça devient enfin intéressant, je perdais presque espoir.

______________________________

À suivre...

La Rose RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant